PORT-AU-PRINCE, vendredi 26 avril 2024– Dans un rapport annuel alarmant, le Département d’Etat Américain attire l’attention sur la gravité de la crise sécuritaire en Haïti, où l’escalade de la violence des gangs armés a conduit à une augmentation significative du nombre de victimes dans tout le pays.
Selon les données recueillies entre janvier et août 2023 par le Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH), la violence des gangs a causé la mort de 2 853 personnes. Ces chiffres incluent des membres de la Police Nationale d’Haïti (PNH), des membres présumés de gangs et des résidents innocents, témoins malheureux de cette spirale de violence. Il est à noter que près de 86 % de ces meurtres ont été signalés dans le département de l’Ouest, où se trouve la capitale, Port-au-Prince.
Les gangs armés, soutenus par des acteurs politiques et commerciaux, ont considérablement étendu leurs territoires, englobant la région métropolitaine de Port-au-Prince et le département de l’Artibonite, des zones autrefois considérées comme relativement sûres. Cette expansion a été marquée par des conflits internes, des opérations violentes et des attaques répétées contre les forces de l’ordre, qui ont malheureusement entraîné la mort de centaines de résidents innocents.
‘‘Les rapports sur le terrain font état de violations flagrantes des droits de l’homme, dont le cannibalisme et la destruction brutale de restes humains, utilisés pour semer la terreur et l’intimidation. Les gangs ont également recours à des tactiques de violence sexuelle collective et répétée, ciblant délibérément les infrastructures de télécommunications et électriques, ainsi que les foyers et les entreprises locales. Ces actes barbares ont été médiatisés dans le but d’exercer un maximum de pression psychologique sur la population’’, écrit le Département d’Etat.
En plus des gangs, un mouvement de vigilance national baptisé “bwa kale”, composé de résidents locaux, s’est formé pour combattre l’emprise des gangs sur leurs quartiers. Malheureusement, cette initiative a également conduit à une augmentation des violences, avec des représailles meurtrières et des attaques indiscriminées.
Parmi les gangs les plus actifs et dangereux, le gang Grand Ravine, dirigé par Renel “Ti Lapli” Destine, a été particulièrement violent, intensifiant ses attaques contre la PNH et les résidents dans la région de Carrefour-Feuilles, au sud de Port-au-Prince. De même, dans le département de l’Artibonite, les gangs Gran Grif et Kokorat Sans Ras ont étendu leur emprise territoriale, semant la terreur parmi la population locale.
Le rapport du département d’État américain concernant la violence des gangs armés en Haïti souligne l’ampleur de la crise sécuritaire dans le pays. Les données alarmantes sur les enlèvements, les abus physiques et les actes de barbarie révèlent la détresse croissante de la population haïtienne face à cette menace omniprésente.
Les enlèvements pour rançon, en particulier dans la région métropolitaine de Port-au-Prince, ont atteint des proportions alarmantes. Avec 2 029 cas signalés jusqu’au 30 juin, ces chiffres ne représentent probablement qu’une fraction du nombre réel d’enlèvements, selon les observateurs sur le terrain. Les familles des victimes sont confrontées à des demandes de rançon exorbitantes, souvent accompagnées de menaces de violence physique et sexuelle contre leurs proches.
Parallèlement, les rapports sur les abus physiques, les punitions et les actes de torture commis par les gangs armés révèlent l’extrême brutalité de ces groupes criminels. La violence sexuelle est utilisée comme un outil de terreur et de contrôle, infligée de manière impitoyable aux hommes, aux femmes et même aux enfants. Les survivants de ces atrocités vivent dans la terreur constante, craignant pour leur vie et leur dignité.
Selon le rapport, la diffusion d’actes de décapitation, de boucherie et même de cannibalisme sur les réseaux sociaux témoigne de la volonté des gangs armés de semer la terreur et d’affirmer leur pouvoir sur le territoire. Ces vidéos macabres sont utilisées comme des outils de propagande pour intimider la population locale et défier l’autorité de l’État.
‘‘Face à cette montée de la violence, indique le document, les institutions essentielles telles que les écoles, les églises et les hôpitaux sont devenues des cibles privilégiées pour les gangs armés. Les attaques contre ces institutions mettent en péril la vie et la sécurité de milliers de personnes, aggravant encore davantage la crise humanitaire en Haïti.’’
Dans ce contexte de chaos et d’insécurité généralisée, il est impératif que les nouvelles autorités haïtiennes prennent des mesures immédiates pour protéger la population civile et rétablir l’ordre et la sécurité dans le pays. La situation en Haïti ne peut plus être ignorée, et des actions concertées sont nécessaires pour mettre fin à cette crise sans précédent, provoquant l’exode massif des Haïtiens vers d’autres cieux.