Visite du président colombien Gustavo Petro en Haïti : “Un tournant stratégique dans la coopération bilatérale face à la violence croissante”…

JACMEL (Haïti), mercredi 22 janvier 2025Le président colombien Gustavo Petro a atterri dans la ville de Jacmel, au sud-est d’Haïti, dans le cadre d’une visite officielle marquée par des enjeux de sécurité régionale et de coopération internationale. Alors que la violence des gangs continue de ravager Haïti, Petro s’est rendu dans un contexte où la Colombie elle-même lutte contre des factions rebelles, un phénomène qui a perturbé les négociations de paix. Cette visite, qui intervient après plusieurs heures de retard, reflète la volonté des deux pays de renforcer leurs relations, particulièrement dans les domaines de la sécurité et de l’économie.

Le président Petro a été accueilli par les autorités haïtiennes, notamment Leslie Voltaire, président du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), qui a souligné l’importance de cette rencontre pour consolider les liens bilatéraux. Lors de la cérémonie d’accueil, Voltaire a exprimé sa gratitude envers le président colombien, affirmant que cette coopération serait bénéfique pour Haïti dans ses efforts pour lutter contre les gangs et soutenir la transition économique du pays. Toutefois, les détails des discussions restent encore flous.

L’ombre de la violence et de la crise humanitaire plane sur Haïti, un pays où l’impact des gangs a considérablement exacerbé la situation de sécurité. Depuis la fin de l’année 2023, l’ONU a déployé une mission de sécurité, mais celle-ci n’a pas permis de contenir les avancées des groupes armés, qui contrôlent désormais des zones stratégiques, paralysant les infrastructures clés comme le port et l’aéroport de la capitale. “Nous attendons avec impatience les autres contributions qui ont été promises depuis longtemps”, a déclaré Jean-Victor Harvel Jean-Baptiste, ministre des Affaires étrangères d’Haïti, lors d’une réunion au Conseil de sécurité de l’ONU. Il a insisté sur le fait que la mission de l’ONU était “gravement sous-financée” et manquait de ressources essentielles telles que des capacités aériennes et maritimes. Cette situation a entraîné une augmentation dramatique des déplacements internes, le nombre de déplacés passant de 200 000 à plus d’un million en quelques mois.

Dans ce contexte, les discussions entre Petro et les responsables haïtiens ont abordé les défis sécuritaires urgents. Le président colombien a exprimé son soutien à la lutte de Haïti contre l’insécurité grandissante, soulignant la nécessité d’une solidarité régionale face à des crises d’une ampleur internationale. Il a également évoqué la question des migrations, un sujet de préoccupation croissante, en faisant référence aux restrictions migratoires sévères des États-Unis qui frappent non seulement les Haïtiens, mais aussi les Colombiens et les Vénézuéliens. “Ils ne veulent ni Haïtiens, ni Vénézuéliens, ni Colombiens”, a-t-il déclaré. “Eh bien, laissons-les un moment, et voyons comment cela se passe. Je crois que nous allons nous entraider, et ceux qui nous expulsent finiront par se retrouver seuls.”

Au-delà des enjeux sécuritaires, les discussions ont également porté sur des domaines stratégiques tels que le développement économique, la transition énergétique et la coopération environnementale. Cette rencontre, bien que marquée par un climat de tension régionale, témoigne de la volonté des deux nations de favoriser une approche intégrée face aux défis globaux actuels.

Les responsables haïtiens, représentés par le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé et le président du CPT, ont réaffirmé leur engagement en faveur d’une diplomatie active. Ils ont souligné l’importance de renforcer la coopération avec les pays d’Amérique latine et des Caraïbes, tout en préservant la souveraineté d’Haïti. En dépit des difficultés internes, Haïti cherche à tisser des liens solides avec des partenaires régionaux comme la Colombie, pour mettre en place des solutions durables qui profitent aux deux nations.

Ce Conseil des ministres bilatéral entre Haïti et la Colombie est un signe de la nécessité de renforcer les relations entre les pays de la région face aux défis croissants de la violence et de l’instabilité. Alors que la situation en Haïti semble se détériorer, cette coopération pourrait constituer un modèle pour d’autres nations confrontées à des crises similaires. La solidarité entre les nations d’Amérique latine et des Caraïbes est essentielle pour trouver des solutions communes face à des défis qui transcendent les frontières nationales.

Les discussions de cette rencontre montrent clairement que les enjeux sécuritaires, économiques et environnementaux exigent une réponse collective, qui passera par un partenariat renforcé et un soutien mutuel, dans l’intérêt de la stabilité régionale et de la prospérité des peuples.