PORT-AU-PRINCE, vendredi 9 février 2024 – L’Association des journalistes haïtiens (AJH) a lancé un appel urgent à la protection des professionnels des médias suite à une série d’actes de brutalité perpétrés à leur encontre dans divers départements du pays, marquant une période de troubles accrus pour la liberté de la presse.

L’AJH a signalé plusieurs incidents préoccupants, notamment l’agression de Lemy Brutus à Jérémie, l’attaque contre Alain Charles à Gros-Morne, la saisie et la destruction de matériel journalistique par la police au Cap-Haïtien, ainsi que les blessures infligées à Jean Jean-Marc à Port-au-Prince par l’utilisation abusive d’une bombe lacrymogène. Ces attaques, qui ont également touché d’autres journalistes à Petit-Goâve, soulèvent de graves inquiétudes quant à la sécurité et à la liberté de la presse dans le pays.

Dans un communiqué, l’AJH a fermement condamné ces actes violents, soulignant qu’ils mettent non seulement en danger la vie des journalistes, mais portent également atteinte à la liberté de la presse et au droit à l’information, des principes fondamentaux dans toute société démocratique. “Ces incidents représentent une violation directe des droits garantis par la Constitution haïtienne et les conventions internationales”, a déclaré l’association.

Dans ce contexte de menace croissante pesant sur la sécurité des journalistes, l’AJH appelle les autorités à renforcer la protection des professionnels des médias et exhorte également les journalistes à faire preuve de prudence et de professionnalisme dans l’exercice de leur métier. L’association souligne l’importance de la vigilance, de la responsabilité et du respect des règles d’éthique et de déontologie pour informer le public de manière éclairée.

Cet appel à la protection et à la prudence de l’AJH survient dans un climat de grande confusion politique et sociale en Haïti, soulignant l’urgence de garantir un environnement sûr afin que les journalistes puissent continuer à jouer leur rôle crucial dans la société.

Selon le classement mondial 2023 de la liberté de la presse établi par Reporters Sans Frontières (RSF), Haïti occupe la 99e position sur 180 pays. RSF souligne que les journalistes haïtiens sont confrontés à de nombreux défis, notamment un manque de ressources financières, un soutien institutionnel insuffisant et des obstacles d’accès à l’information.

Au cours des deux dernières années, les journalistes haïtiens ont également été pris pour cible par des gangs, subissant des enlèvements et des assassinats en toute impunité. En décembre 2023, le Comité pour la Protection des Journalistes (CPJ) a publié son Indice mondial de l’impunité 2023, plaçant Haïti au troisième rang mondial des pays où l’impunité pour les crimes contre les journalistes est la plus élevée. Cette triste distinction découle d’une année 2023 marquée par une augmentation alarmante des enlèvements de journalistes en Haïti, exacerbée par l’escalade de la violence et de l’insécurité criminelle.