Port-au-Prince, jeudi 10 mars 2022– Selon le centre d’analyse et de recherche en droit de l’homme (CARDH), l’ajustement salarial récemment fait est largement insuffisant pour aider les couches vulnérables à surmonter les difficultés socio-économiques.
Dans un document sur les droits socio-économiques des Haïtiens, l’organisation rappelle qu’entre juillet 2019 et février 2022, le salaire minimum pour les ouvriers travaillant dans les industries de réexportation est augmenté de 18 %, passant de 500 gourdes à 685 gourdes.’’ Or, souligne le CARDH, les coûts des biens et services ont plus que doublé durant cette période.’’
Le CARDH prévoit « qu’un deuxième choc économique lié à la crise du carburant va fort probablement se produire car non seulement les importateurs ne trouvent pas à la BRH de dollars suffisants pour placer leur commande, mais encore l’intervention militaire de la Russie en Ukraine provoque déjà une montée du prix du baril de pétrole (140 USD) ».
L’organisation note que les gangs continuent d’étendre leur hégémonie en kidnappant des socioprofessionnels, des simples citoyens, des petits commerçants, des étudiants…qui doivent verser jusqu’à trois rançons pour leur libération.
La route nationale numéro 3 reliant les départements des Nippes, du Sud, de la Grand ‘Anse et une grande partie de l’Ouest avec le reste du pays est toujours bloquée par les gangs de Grand Ravin, de Village-de-Dieu et de Ti Bwa, souligne le CARDH.
Selon le CARDH, les efforts et le dynamisme de la Police ces derniers mois sont évidents mais, malheureusement, elle n’a pas les moyens humains, matériels, technologiques et autres pour remplir valablement sa mission (« protéger et servir ») par rapport aux gangs en pleine extension, financés et soutenus par des autorités, des politiques, la criminalité transnationale…
‘‘De surcroit, le niveau de criminalité actuel requiert une intervention militaire’’, suggère le CARDH, arguant qu’Haïti est au bord d’une catastrophe humaine sans précédent, si rien n’est fait.
Dans le même temps, le CARDH note qu’une importante partie de la société civile et des partis politiques de l’opposition se battent pour remplacer le président assassiné, alors que le Premier ministre Ariel Henry, reconnu par la coopération internationale et soutenu par une autre fraction de la société civile et des partis politiques (accord 11 septembre), détient la réalité et l’effectivité du pouvoir (premier ministre-président) dans un contexte où le Parlement est dysfonctionnel et le Pouvoir judiciaire au bord de l’effondrement.
« Il n’y a pas un gouvernement qui se sent responsable et une société civile qui joue le rôle de Virgile », écrit le CARDH, soulignant que les conditions socio-économiques de la population haïtienne vont se dégrader davantage.