Vélina Charlier : ‘‘Cessez de soutenir le Premier ministre Ariel Henry, car il obstrue la voie vers un dialogue national sincère entre les Haïtiens’’…

velina Elysee Charlier, Dirigeante Nou Pap Domi, devant la Commission Affaires Etrangeres du Congres des Etats-Unis...

Washington, DC, jeudi 29 septembre 2022– L’activiste politique, membre de l’organisation « Nou Pap Domi », Vélina Elysée Charlier a appelé jeudi le Congrès des Etats-Unis à contribuer aux efforts de la société civile pour résoudre la crise en Haïti et à faire en sorte que l’administration Biden retire son soutien au premier ministre Ariel Henry.

Charlier qui s’exprimait devant la Commission Affaires étrangères du Congrès américain, présidé par le congressman Gregory Meek, a plaidé pour le gouvernement américain apporte un soutien aux enquêtes sur les actes de corruption et de détournement de fonds, le trafic de drogue et le trafic illégal d’armes à feu.

Elle a souhaité qu’un soutien soit apporté à l’enquête sur l’assassinat du Président Jovenel Moise pour identifier, arrêter et juger les auteurs intellectuels et matériels de ce crime, soulignant que ‘‘bon nombre des personnes impliquées dans l’assassinat ont affirmé travailler pour ou bénéficier du soutien de diverses agences gouvernementales américaines.’’

« Le Congrès a un rôle déterminant à jouer pour aider à découvrir la vérité sur ce qui s’est passé », a-t-elle déclaré.

Elle a également appelé les autorités américaines à utiliser les instruments juridiques américains appropriés pour imposer des sanctions aux personnalités impliquées dans la corruption et qui soutiennent et facilitent la violence des gangs en Haïti, en particulier les responsables gouvernementaux et les membres de l’oligarchie.

Charlier à encourager l’administration américaine à adopter des mesures drastiques pour stopper le trafic illicite d’armes et de munitions des États-Unis vers Haïti.

Selon Mme Charlier, l’intervention internationale à laquelle le pays est soumis depuis des décennies et qui s’accentue de plus en plus est contre-productive et a grandement contribué à amener Haïti au bord de l’effondrement.

« L’échec est donc aussi celui de la communauté internationale. Il serait bon que les partenaires internationaux apprennent de temps à autre à remettre en question leur interprétation de la situation. Par exemple, l’hypothèse selon laquelle les récentes protestations et manifestations sont orchestrées par des forces invisibles qui ont manipulé le peuple reflète, au mieux, une tendance à infantiliser le peuple haïtien comme incapable de prendre les bonnes décisions pour son avenir », a déclaré Charlier.

Selon elle, la situation en Haïti est unique et complexe. « Nous avons besoin de solutions adaptées et innovantes. Il y a des Haïtiens qui ont la compétence, la vision et l’engagement pour mettre le pays sur la voie d’un avenir meilleur. Il faut donc laisser le peuple haïtien décider de ce qui est bon pour son pays et ne pas lui imposer des dirigeants qui ne défendent que leurs propres intérêts », a précisé Charlier.

’’Travailler avec et écouter les forces progressistes de la nation et non les mêmes personnalités corrompues qui ont conduit le pays au désastre que nous vivons aujourd’hui serait un pas dans la bonne direction’’, a-telle ajouté.

En ce sens, elle souligné que ‘‘l’Accord de Montana est une proposition haïtienne et constitue la solution la plus viable et la plus crédible pour remettre le pays sur la voie de la normalité constitutionnelle.’’

« Nous croyons que, sans la main des États-Unis sur la balance, une véritable solution haïtienne pourra émerger. La rhétorique que nous avons entendue selon laquelle les États-Unis ne choisissent pas leur camp ignore la réalité et le rôle de la communauté internationale pour amener la situation là où elle est aujourd’hui. Nous ne demandons pas d’intervention mais plutôt la fin de l’intervention en cours », a martelé Charlier.

Elle croit qu’il faut relativiser et établir les responsabilités. L’ingérence internationale a également fait beaucoup de mal au pays. Le peuple haïtien en a assez de cette ingérence et demande un changement dans la politique internationale envers Haïti, a-t-elle dit.

«  Nous voulons passer du stade de l’assistance à une coopération internationale active où les Haïtiens deviennent les véritables acteurs qui définissent et mettent en œuvre les grands projets pour le développement de leur pays », l’activiste politique.

Selon Mme Charlier, les diverses interventions internationales n’ont pas contribué à résoudre les problèmes, mais les ont plutôt exacerbés. Malgré les faiblesses de la Police Nationale (PNH) qui a été formée et équipée par les Etats-Unis, il ne faut pas la remplacer mais la renforcer.

Apres avoir dégagé l’impact désastreux de la crise sur les différentes couches de la société haïtienne, notamment les femmes, elle a déclaré : « Nous avons déjà parlé devant le Congrès, mais la politique américaine est restée inchangée. Cela doit être plus que de simples paroles, nous avons besoin de voir de vrais changements ».