PORT-AU-PRINCE, vendredi 24 juin 2022– Les organisations signataires de la demande d’annulation de conférence-débat de Josué Pierre-Louis à l’UNESCO justifie leur démarche par le fait que l’actuel secrétaire général de la présidence a été mis en cause pour des ‘‘agressions sexistes et sexuelles envers des femmes travaillant sous son autorité.’’
Pierre-Louis doit présenter le 28 juin prochain une conférence-débat autour de son dernier livre. L’activité doit se tenir à Paris, dans les locaux de la Délégation permanente d’Haïti auprès de l’Organisation des nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO).
Les organisations, dont Kay Fanm, SOFA, RNDDH, Neges Mawon, POHDH, Fanm Deside, Associations les indignés, Association la Voix des Femmes entre autres, soulignent que Josue Pierre-Louis est un homme de pouvoir qui a occupé de hautes fonctions notamment ministre de la justice, secrétaire général de la Primature, commissaire du gouvernement (procureur), coordonnateur général de l’Office de management et des ressources humaines (OMRH), conseiller du président Michel Joseph Martelly.
Selon ces organisations, ‘‘les actes ont été dénoncés auprès des organisations de droits de la personne, mais par peur de représailles, les victimes se sont abstenues de porter plainte.’’
Elles rappellent que Pierre-Louis a été accusé de violence physique et de viol perpétrés le 26 novembre 2012 sur la personne d’une employée du Conseil électoral, instance qu’il présidait alors.
« La survivante a courageusement porté plainte le 28 novembre au tribunal. Elle a eu le soutien d’organisations féministes et de droits humains, en particulier la SOFA (Solidarité des femmes haïtiennes), Kay Fanm (Maison des femmes), le RNDDH (Réseau national de défense des droits humains) et la POHDH (Plateforme des organisations haïtiennes de droits humains) », soutiennent-elles.
Les organisations soulignent que le 3 décembre, la survivante a saisi l’Office de la protection du citoyen (OPC), arguant qu’en tant qu’Institution nationale de droits humains, le 6 décembre l’OPC a rappelé au juge d’instruction la nécessité d’agir « sans restriction et sans être l’objet d’influences, d’incitations, de pressions, de menaces ou d’interventions indues, directes ou indirectes, de la part de qui que ce soit ou pour quelque motif que ce soit ». L’OPC a aussi recommandé que l’accusé se mette à la disposition de la justice.
Selon elles, « la survivante a fait l’objet d’intimidations, de menaces, incluant la déclaration du 27 décembre 2012 du président de la République qualifiant sa plainte de « montage politique ». Il en a été de même pour sa famille qui a dû fuir le pays. Également menacé, le premier juge d’instruction qui avait été désigné pour instruire le dossier, a été forcé de se retirer », ajoutent les organisations.
Les organisations indiquent que, le 27 janvier 2013, la survivante a été contrainte de retirer sa plainte, en signant un désistement dans les bureaux du cabinet d’avocats de l’accusé. Le 28 janvier, elle a fait une déclaration où elle a réitéré avoir été agressée physiquement et sexuellement par Josué Pierre-Louis et indiqué qu’elle subissait de fortes pressions. Elle a ensuite quitté le pays, précisent les organisations.
Elles déclarent que ‘‘le deuxième juge d’instruction qui avait la charge du dossier, réputé proche de Josué Pierre-Louis a vite rendu une ordonnance de non-lieu en faveur de l’agresseur’’, ajoutant qu’en 2013, « en dépit de sa nomination comme ambassadeur, Pierre-Louis n’a pas été accrédité par les autorités belges et européennes, grâce au plaidoyer des organisations féministes et de droits humains. L’impunité prévalant en Haïti lui a cependant permis d’occuper d’autres fonctions importantes, sans être inquiété ».
« Des instances de l’État, dont le Ministère des affaires étrangères (MAÉ) et le Bureau du protocole du palais national, sont mobilisées pour faire la promotion du livre de Josué PIERRE-LOUIS et lui permettre ainsi de bénéficier indûment, des ressources de l’État », écrivent les protestataires.
Selon ces organisations, ‘‘l’UNESCO, en tant qu’institution visant à « assurer le respect universel de la justice, de la loi, des droits de l’Homme et des libertés fondamentales pour tous » ne peut ignorer les faits ci-dessus rapportés et s’associer à un individu tel que Josué Pierre-Louis, indexé dans des cas répétés de violations des droits des femmes et des droits humains.’’
Elles déclarent s’insurger contre la culture de l’impunité et réclament l’annulation de l’activité visant à donner une grande visibilité à Josué Pierre-Louis.
« Si ce dernier doit être sous les projecteurs, c’est face à la justice, face à ses victimes », concluent-elles.
Liste de signatures : Danièle MAGLOIRE, Kay Fanm , Sabine LAMOUR, SOFA, Marie Ange NOËL, Fanm Deside, Lucia Dominique Pascale SOLAGES, Nègès Mawon, Rosy Auguste DUCENA, RNDDH, Velina Elysée CHARLIER, Nou Pap Dòmi, Alermy PIERVILUS, POHDH, Nathalie VILGRAIN, Marijàn, Vanessa JEUDI, Dantò Sem SUPRE, AGH, Huguette MARCELIN, MOHFREC, Bodeler JULIEN, HPJ, Datela ETIENNE, AVAL-DEV, Eugène MOÏSE, Collectif Haïtien et Soutien aux Migrants , Venet THEUS, Mouvement de la Jeunesse Debout, Jean Louis JEAN JULES, Associations les Indignés, Béatrice BERNARD, Association la Voix des Femmes, Pétuel DEPALUS, MHCN, Pierre Willer RIVIERE, Association GRAS, Sylvio JOSEPH, AHDESCAP
, Sylvio JOSEPH, AHDESCAP