Une organisation haïtiano-américaine porte plainte contre la Croix-Rouge américaine pour détournement présumé de fonds…

Des rescapes du seisme du 12 janvier 2010...

MIAMI, (FL), lundi 25 novembre 2024– Une organisation haïtiano-américaine a déposé lundi une plainte collective contre la Croix-Rouge américaine et ses filiales, les accusant d’avoir détourné des fonds collectés après le séisme de 2010 en Haïti pour combler leurs propres déficits financiers. La plainte, déposée devant le tribunal fédéral du district sud de la Floride par le Haitian Diaspora Political Action Committee, allègue que près d’un milliard de dollars collectés auprès des donateurs n’a pas été utilisé pour aider les victimes comme promis.

Selon le comité, les affirmations de la Croix-Rouge concernant la construction d’hôpitaux et la réparation de logements en Haïti seraient « démontrablement fausses ». D’autres projets auraient été retardés ou abandonnés. Les plaignants, regroupant des représentants de donateurs et de bénéficiaires présumés, accusent l’organisation de voir « les pauvres comme des marchandises » et de profiter de leur misère pour collecter des fonds sous prétexte d’aide humanitaire.

« Conscients qu’ils n’avaient pas l’intention d’utiliser les fonds pour venir en aide directement aux victimes haïtiennes, les défendeurs ont néanmoins trompé le public avec des déclarations et des images poignantes montrant la souffrance des Haïtiens afin de susciter des dons », peut-on lire dans la plainte.

Le comité affirme que 100 millions de dollars récoltés entre 2010 et 2024 ont été utilisés pour réduire le déficit financier de 150 millions de dollars de la Croix-Rouge, tandis que 400 millions supplémentaires auraient financé des projets sans rapport avec Haïti ou ses habitants.

Un rapport financier publié sur le site de la Croix-Rouge américaine détaille les projets financés, tels que des efforts de secours d’urgence et des programmes de prévention du choléra. Toutefois, l’efficacité de ces dépenses est mise en doute. Une enquête menée en 2015 par ProPublica et NPR avait révélé que l’organisation avait largement exagéré le nombre de logements construits après le séisme, tout en laissant une partie des dons se perdre dans des frais administratifs.

La plainte réclame plus d’un milliard de dollars en dommages et intérêts pour fraude, enrichissement injuste, mauvaise foi et détournement de fonds. La juge fédérale Cecilia Altonaga, nommée par George W. Bush, a été assignée à cette affaire.

Nicole Maul, porte-parole de la Croix-Rouge américaine, a démenti les accusations, affirmant que « ces allégations sont sans fondement ». Elle a ajouté que les fonds destinés à Haïti étaient conservés dans des comptes restreints et n’avaient jamais été utilisés pour combler des déficits ou couvrir des frais opérationnels. « Tous les fonds ont été dépensés pour des programmes et services en Haïti, notamment pour le logement, l’eau potable, la santé et la prévention des catastrophes », a-t-elle déclaré.

Le séisme du 12 janvier 2010, d’une magnitude de 7,2, a causé la mort de près de 300 000 personnes et des milliards de dollars de dégâts. À Port-au-Prince, les routes sont restées impraticables pendant des mois, forçant plus de 1,5 million de personnes à vivre dans des camps sans eau courante ni système d’assainissement. Malgré les promesses internationales de 5,3 milliards de dollars pour les efforts de reconstruction, les victimes continuent de dénoncer le manque de résultats concrets.