Une nouvelle loi sur l’immigration sème la panique parmi les sans-papiers dans l’Etat de la Floride…

Ron DeSantis, Gouverneur de la Floride...

MIAMI (FL), lundi 3 juillet 2023– Considérée comme l’une des lois sur l’immigration les plus rigoureuses du pays, la SB1718 de Floride est entrée officiellement en vigueur le 1e juillet 2023.

Cette loi votée par le Congres local dominé largement par des élus républicains et signée par le gouverneur républicain Ron DeSantis pénalise non seulement les sans-papiers, mais aussi toute personne qui leur porterait assistance.

Selon la loi particulièrement rigide soutenue par un élu d’origine haïtienne de Pinellas comté, les personnes qui transportent sciemment des immigrants sans-papiers dans l’État peuvent désormais faire face à des accusations de crime.

Dans le cadre de l’application de cette loi, la Floride a également invalidé les permis de conduire de l’extérieur de l’État qui sont délivrés aux immigrants sans-papiers.

Les hôpitaux et les prestataires médicaux qui acceptent Medicaid devront désormais demander aux personnes leur statut d’immigration.

Ces exigences de la loi sèment la panique et la confusion non seulement parmi les sans-papiers maissi parmi ceux qui sont en situation régulière, voire les citoyens américains.

A date, de nombreux immigrants non-documentés ont déjà fui la Floride pour se réfugier des Etats dirigés par des gouverneurs démocrates où les lois sont différentes et moins contraignantes.

Cependant, d’autres ne savent pas trop à qui crier et craignent d’être déportés.

Des milliers d’Haitiens se retrouvent dans cette situation d’incertitude.

Monique Delsoin, 29 ans, mère d’une fille de trois ans, est arrivée à Miami, dans le sud de la Floride depuis six mois. Avant, elle vivait au Brésil. A son arrivée en Floride, Delsoin a été accueillie par sa tante, actuellement à la retraite.

« J’ai commencé à travailler (anba tab en créole) au noir en attendant une éventuelle régularisation de ma mon statut. Etant donné que je suis sans papiers, je perçois un salaire inférieur au salaire minimum en vigueur dans l’Etat de la Floride, mais je l’ai accepté malgré tout pour prendre soin de ma fille et de mes parents en Haïti, a-t-elle expliqué à la rédaction de RHINEWS.

‘‘Je suis en grande difficulté. Je crains de sortir pour ne pas être expulsée. Ma tante a peur, pendant que je suis obligée de me terrer à la maison. Mon patron a peur. Je risque de me retrouver sans travail. Tout le monde a peur’’, a-t-elle ajoute.

Elle s’est dit déçue de ses conditions de vie qui se sont compliqués avec l’entrée en vigueur de la loi sur l’immigration. ‘‘Apres avoir parcouru plusieurs milliers de kilomètres et traversé plus d’une dizaine de pays et de nombreuses difficultés, je m’attendais à avoir de meilleures conditions de vie pour moi-même et ma fille’’, a-t-elle déclaré.

Originaire de Cité Soleil, Delsoin a affirmé avoir quitté Haïti, il y a deux ans, pour fuir la violence criminelle des gangs qui se livrent constamment à des affrontements meurtriers.

« A Cité Soleil, l’Etat n’existe pas. Ce sont les bandits qui y règnent en maitres.  Les assassinats, les viols de femmes et de filles rythment nos vies au quotidien. Personne en dit et ne fait rien. Puis-je retourner avec ma fille dans cet enfer » où rien ne fonctionne ? s’est-elle demandé.

Le 29 juin dernier, l’expert indépendant des Nations-Unies pour les droits de l’Homme en Haïti, Williams O’Neil a condamné les déportations massives d’Haïtiens qui avaient fui le pays en raison de de la crise humanitaire provoquée par l’aggravation de la violence de gangs armés qui contrôlent de vastes étendues du territoire pays.

Dans une déclaration à la suite d’une visite en Haïti, O’Neill a souligné que certaines méthodes utilisées pour rapatrier environ 176 777 migrants l’année dernière ne sont pas conformes aux normes relatives aux droits de l’homme et violent les pactes bilatéraux sur la migration.

“J’exhorte les autorités de la République dominicaine à respecter leurs engagements à cet égard”, a-t-il dit, pointant du doigt le voisin d’Haïti mais appelant tous les pays de la région à mettre fin aux expulsions massives, notamment de mineurs non accompagnés.

O’Neill s’est dit particulièrement préoccupé par les informations faisant état de trafic d’organes et de trafic sexuel de femmes et d’enfants migrants.

Le 1e juillet 2023, des haitiens ont manifesté à Miami contre le soutien des Etats-Unis au pouvoir en place en Haïti et ont également critiqué l’entrée en vigueur des nouvelles lois jugées racistes signées par le gouverneur Ron DeSantis.

“Ces lois sont immorales et inhumaines” ont estimé les détracteurs.