NAIROBI, le dimanche 14 janvier 2024– Un nouveau rapport de Human Rights Watch expose de graves violations des droits de l’homme au Kenya, mettant en lumière des événements critiques depuis les élections présidentielles contestées d’août 2022. Malgré les promesses de respect des droits de l’homme faites par le président Ruto pendant la campagne électorale, la trajectoire des droits de l’homme au Kenya a connu une détérioration significative au cours de la dernière année.
Suite à un défi judiciaire infructueux de Raila Odinga, le principal candidat de l’opposition, William Samoei Ruto a été déclaré vainqueur des élections, formant ainsi un nouveau gouvernement. En réponse, l’opposition a rejeté la décision de la cour, organisant des manifestations de rue. Le rapport documente des brutalités policières massives pendant les manifestations organisées par la coalition de l’opposition Azimio la Umoja entre mars et juillet.
Des rapports de Human Rights Watch et Amnesty International font état d’au moins 16 morts et de nombreuses blessures parmi les manifestants, les passants et les personnes abattues chez elles par la police et des gangs armés pro-gouvernementaux. Les violences incluent également des attaques contre les entreprises de leaders de l’opposition, suscitant des inquiétudes quant à l’impunité persistante pour de tels actes.
Le rapport souligne également la découverte de fosses communes secrètes liées à un “culte de la famine” à Malindi. Les autorités ont affirmé avoir trouvé plus de 400 corps de membres présumés du culte, la plupart ayant été tués plutôt que de mourir de faim. Les enquêtes de Human Rights Watch révèlent des préoccupations concernant la détention prolongée du pasteur du culte, Paul Mackenzie, et de ses partisans sans charges formelles, ainsi que des violations des droits de la défense.
Le rapport souligne des défis majeurs en matière de reddition de comptes, notamment le retrait de charges contre des hauts responsables gouvernementaux accusés d’abus des droits de l’homme. Le Directeur des Poursuites Publiques (DPP) a abandonné plusieurs affaires de corruption et d’abus des droits de l’homme, compromettant les efforts du Kenya dans la lutte contre la corruption.
L’impunité persistante est soulignée par le rapport, citant le manque de poursuites pour les abus policiers lors de manifestations liées aux élections en 2023 et dans le passé.
Le rapport met également en lumière les violations des droits des minorités, en particulier la condamnation du président Ruto à la décision de la Cour suprême d’enregistrer la Commission nationale des droits des gays et lesbiennes en tant qu’ONG. Les menaces de criminaliser davantage les relations homosexuelles sont également signalées.
En ce qui concerne les droits des femmes, le rapport souligne la persistance de la violence et du harcèlement au travail, ainsi que des lacunes dans l’accès aux soins de santé maternelle. Le gouvernement est critiqué pour son manque de ratification de conventions internationales sur la violence et le harcèlement au travail.
La nouvelle politique du gouvernement kényan visant à transformer les camps de réfugiés en établissements intégrés marque un progrès positif pour les droits des réfugiés. Cependant, des préoccupations subsistent quant à l’inclusion socio-économique réelle des réfugiés.
Le Kenya reste un acteur clé sur la scène africaine et mondiale, impliqué dans des missions de paix et des négociations pour résoudre les conflits régionaux. Les efforts de médiation du président Ruto dans les différends politiques internes sont également notés.
Le rapport souligne l’urgence d’une action internationale pour faire pression sur le gouvernement kényan, exigeant la reddition de comptes et le respect des droits fondamentaux. Les violations des droits de l’homme au Kenya nécessitent une réponse collective pour mettre fin à l’impunité et promouvoir la justice..