Un policier en colère contre le ministre de la justice après ses déclarations fracassantes

photo/local IGPNH

 

Port-au-Prince, 12 juin 2020-  Orléans Guelson est particulièrement remonté contre le ministre de la justice, Lumane Délille qui a publié sa photo et l’a présenté comme membre d’une “organisation terroriste.”

“Je ne suis pas un terroriste ni un voyou ni un criminel comme vous le prétendez monsieur le ministre. Je suis un policier syndiqué qui défend ses droits pour une meilleure vie, a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse ce vendredi.”

Selon le policier, le ministre de la justice a ruiné sa vie, sa réputation et sa carrière en lui taxant de terroriste.

“Je ne peux pas accepter que vous me faites ça. Ma mère qui a vendu des barrettes pendant 30 ans à La Croix des Bossales pour m’éduquer est tombée malade après vous avoir entendu parlé de moi comme un terroriste. Si elle décède, j’emmènerai le corps chez vous, a-t-il prévenu.

Il affirme que sa famille et lui commencent à avoir des difficultés dans leur zone de résidence après la sortie de Lucmane Délille.

L’avocat du policier, Arnel Rémy qualifie de léger et de dangereux le comportement du ministre de la justice qui accuse des policiers en fonction d’appartenir à un groupe terroriste.

“Ces déclarations sont extrêmement graves et mettent la vie des policiers et celle de leurs familles en péril, selon l’avocat qui entend intenter une action en justice contre M. Lucmane pour les préjudices moraux causés à son client.”

Selon lui, avec ces accusations gratuites et fantaisistes faites contre les policiers, ces derniers ne pourront pas travailler.

L’expert en sécurité, Dr. Yves Cadet estime pour sa part, que le ministre court un gros risque en accusant des policiers en fonction d’implication dans des activités terroristes .

Il dit déplorer que M. Délille ne fasse pas preuve d’un homme d’Etat. Il met en doute la véracité des accusations du ministre de la justice selon lesquelles des policiers étaient en train de planifier une attaque contre le cortège présidentiel.

Selon lui, si ces accusations étaient fondées, le ministre n’aurait pas besoin de faire des dénonciations publiques comme le commun des mortels. Il les traiterait et prendrait les mesures appropriées. On ne joue pas avec la sécurité d’un président, a-t-il précisé.

Pour Pierre Espérance, défenseur des droits humains, la démarche de Lucmane Délille participe du plan du pouvoir en place pour affaiblir davantage la police.

Selon lui, le régime “Tèt kale” privilégie les gangs armés sur l’institution policière.

Il estime que les déclarations du ministre de la justice placent les policiers en situation d’insécurité par rapport aux bandits armés qui travaillent à la solde du pouvoir. Le défenseur des droits humains a rappelé que 46 policiers ont été tués par balles en 2019.

Selon M. Esperance, c’est le pouvoir qui aurait parrainé la création d’une organisation criminelle dénommée G9 composée de différents chefs bandits opérant dans la région métropolitaine et dirigée par un présumé chef de gang recherché par la police, Jimmy Chérizier, alias Barbecue.