SAINT-DOMINGUE, samedi 9 décembre 2023– Plusieurs organisations influentes d’ascendance africaine en République Dominicaine, dont Action Afro-Dominicana, Movimiento Reconoci.do, Junta de Prietas, Mujeres Socio-Políticas Mamá Tingo, Aquelarre RD et Movimiento de Mujeres Domínico Haitianas – MUDHA, exhortent, à travers une lettre ouverte à M. Ndaba Thembekile Zweliyajika Mandela, petit-fils de Nelson Mandela, actuellement en visite dans le pays, à ne pas cautionner la politique jugée ‘‘raciste’’ du président dominicain, Luis Abinader.
Dans cette lettre ouverte, ces organisations expriment leur profonde préoccupation quant à la participation de M. Mandela aux commémorations officielles organisées par le gouvernement dominicain.
Elles soulignent que cette participation pourrait être perçue comme une caution accordée à un gouvernement accusé de violations systématiques des droits humains des afro-descendants en République dominicaine.
Le groupe dénonce vigoureusement les politiques racistes du gouvernement de Luis Abinader, l’accusant de persévérer dans l’application de la décision TC : 168-13.
Selon les organisations signataires de la correspondance, cette décision, rétroactive de 1929 à 2007, a rendu apatrides près d’un quart de million de Dominicains d’origine haïtienne. Les signataires de la lettre condamnent également la fermeture du bureau chargé d’appliquer la loi 169-14, destinée à remédier aux violations et à faciliter la naturalisation par la voie légale.
Les organisations pointent du doigt les expulsions inhumaines d’Haïtiens, notamment de Dominicains d’origine haïtienne, par la Direction générale des migrations.
Elles dénoncent également les violations des droits fondamentaux, telles que la séparation des familles, le refus d’accès aux soins de santé et les expulsions brutales.
Les signataires exposent la dure réalité vécue par les afro-descendants en République dominicaine, évoquant des accouchements sur les trottoirs après le refus d’accès aux hôpitaux publics, des arrestations dans les établissements de santé, et des expulsions massives de communautés noires, qualifiées de ghettos.
Elles dénoncent également des attaques fascistes contre des militants, avec la complicité présumée de la police nationale, et critiquent l’inaction de la justice dominicaine face à ces agressions. Les violations des droits des travailleurs de l’industrie de la canne à sucre, ainsi que la construction d’un ‘‘mur d’apartheid’’, sont également vivement condamnées.
Ces organisations exhortent M. Ndaba Mandela à prendre conscience des violations des droits humains en République dominicaine et à considérer l’impact potentiel de sa présence sur la légitimité du gouvernement Abinader.
Elles appellent à la solidarité dans la lutte contre le racisme et l’apartheid, rappelant que chaque individu, quelle que soit la couleur de sa peau, a le droit inaliénable au respect de ses droits humains.