Un nouveau condamné dans l’assassinat de Jovenel Moïse. Frederick Bergmann a plaidé coupable pour avoir expédié des gilets pare-balles avant le meurtre

Jovenel Moise, President d'Haiti

MIAMI, mardi 21 mai 2024– Frederick Bergmann, ancien homme d’affaires prospère et père de famille, a été condamné mardi à neuf ans de prison pour avoir enfreint des lois fédérales visant à maintenir les États-Unis en dehors des conflits étrangers. Bergmann, âgé de 65 ans, avait expédié des gilets pare-balles à une équipe de sécurité en Haïti, un mois avant l’assassinat du président haïtien Jovenel Moïse.

Jovenel Moïse, président de la République d’Haïti, a été tué le 7 juillet 2021 à son domicile à flanc de colline près de Port-au-Prince par des commandos colombiens portant les gilets pare-balles envoyés par Bergmann. Malgré ses intentions, Bergmann n’avait aucune idée que les gilets seraient utilisés dans le complot visant à assassiner Moïse, selon les procureurs fédéraux et son avocat de la défense.

Diplômé avec mention de l’Université de Floride et expert-comptable agréé, Bergmann avait fondé une entreprise d’imagerie diagnostique et une société de tests de laboratoire. Avec son succès, il s’était engagé dans des œuvres de charité en Haïti et avait fait la connaissance de Christian Emmanuel Sanon, un médecin haïtien. Ce dernier avait demandé à Bergmann d’envoyer des gilets pare-balles à une équipe de sécurité le protégeant dans sa quête pour devenir le prochain président d’Haïti.

Bergmann a plaidé coupable à deux accusations de conspiration mineure : soutenir une “expédition militaire contre une nation amie” et violer les lois d’exportation en contrebande de 20 gilets pare-balles, étiquetés faussement comme “gilets médicaux de radiographie et fournitures scolaires”. Pour ces infractions, il risquait jusqu’à dix ans de prison, mais a été condamné à neuf ans, un an de moins que la peine maximale.

Avant sa condamnation, Bergmann a exprimé ses regrets envers le juge, le peuple haïtien et sa famille, qualifiant ses actions de “séquence stupide d’événements” et de “mauvais jugement”. “Je souhaiterais pouvoir revenir en arrière,” a-t-il déclaré.

L’avocat de Bergmann, Henry Bell, a plaidé pour une peine plus légère, soulignant que son client n’était qu’un “acteur mineur” qui avait passé sa vie à s’occuper de sa famille et à faire des actes de charité en Haïti. Bell a également mentionné les problèmes de santé mentale de Bergmann et de sa famille. En fin de compte, le juge Jose Martinez, bien que réputé pour ses peines sévères, a accordé à Bergmann une certaine clémence en réduisant sa peine.

Le complot qui a conduit à l’assassinat de Moïse implique encore cinq autres accusés, y compris Sanon, qui doivent être jugés en janvier prochain pour conspiration en vue de tuer le président haïtien et autres accusations connexes. Parmi eux, Antonio Intriago, responsable d’une entreprise de sécurité de la région de Miami; Arcangel Pretel Ortiz, un ancien informateur du FBI; Walter Veintemilla, un financier du comté de Broward; et James Solages, un Américain d’origine haïtienne.

Le complot a été minutieusement planifié, avec des accusations de recrutement de commandos colombiens par une entreprise de sécurité locale pour exécuter l’attaque mortelle. La charge de conspiration peut entraîner une peine de prison à vie.

En février, Sanon et les autres ont été officiellement accusés de complot pour assassiner le président haïtien, marquant le cinquième acte d’accusation supplémentaire déposé par les procureurs Andrea Goldbarg, Monica Castro et Frank Russo.

Avec cette condamnation, la justice cherche à dissuader toute tentative similaire de violence et d’ingérence étrangère, tout en soulignant l’importance du respect des lois internationales et de la souveraineté des nations.

 

 

Source : Miami Herald