Un massacre atroce à Cité Soleil et une offensive policière à Petite-Rivière de l’Artibonite exposent la gravité de la crise sécuritaire en Haïti…

Fritz Alphonse Jean, Conseiller-President...

PORT-AU-PRINCE, lundi 9 décembre 2024 – Dans un contexte marqué par une recrudescence des violences, la population et les forces de l’ordre d’Haïti tentent de résister à l’emprise des gangs armés. Le samedi Conseiller-Président Fritz Alphonse Jean a publié un communiqué saluant l’opération menée dans la commune de Petite-Rivière de l’Artibonite pour libérer la zone des criminels. Cependant, cette avancée a été éclipsée par un massacre effroyable perpétré à Cité Soleil, révélant l’ampleur de la crise sécuritaire qui paralyse le pays.

Dans la nuit du vendredi 6 au samedi 7 décembre 2024, des membres du groupe « Viv Ansanm » ont massacré au moins 184 personnes dans le quartier du Wharf Jérémie à Cité Soleil. Lundi, le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Volker Turk, a dénoncé ces atrocités lors d’une conférence de presse à Genève, indiquant que ces violences portent à au moins 5 000 le nombre de morts liés à la crise sécuritaire en Haïti depuis le début de l’année.

« Rien que ce week-end, au moins 184 personnes ont été tuées lors d’actes de violence orchestrés par le chef d’un puissant gang dans le quartier de Cité Soleil, à Port-au-Prince », a déclaré Volker Turk. « Ces nouvelles atrocités portent à 5 000 le nombre de morts cette année dans ce pays en crise. »

Selon des rapports, ce massacre a été commis sur ordre de Monel “Mikano” Félix, leader du gang de Wharf Jérémie. D’après le Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH), Félix aurait ciblé des personnes âgées qu’il accusait d’avoir ensorcelé son enfant, décédé samedi. Sur les conseils d’un prêtre vaudou, Félix a ordonné l’exécution des individus accusés de sorcellerie. Les membres de son gang auraient tué au moins 100 personnes, principalement avec des machettes et des couteaux, entre vendredi et samedi.

Cité Soleil, l’un des quartiers les plus pauvres et densément peuplés de Port-au-Prince, est régulièrement le théâtre d’affrontements sanglants entre gangs rivaux. Les habitants vivent sous le contrôle quasi total de groupes armés, sans aucune protection des autorités.

Pendant ce temps, à Petite-Rivière de l’Artibonite, les forces de l’ordre, avec l’appui des habitants, ont mené une opération audacieuse pour reprendre le contrôle de la commune. Dans son communiqué, Fritz Alphonse Jean a salué le courage des policiers et de la population locale, déclarant : « Nou salye kouraj vanyan polisye nou yo da MSS yo ansanm ak popilasyon an ki rive brave tout danje ebake nan komin Tirivyè aswè a nan ojektif pou libere Pèp nit la anba gang kriminèl. »

Le Conseiller-Président a également annoncé des mesures urgentes, notamment la préparation d’un « budget de guerre » pour renforcer les capacités des forces de l’ordre. « Djanm Fòs lòd yo! Popilasyon an Kenbe fèm! Viv Ayiti! » a-t-il conclu, appelant à une mobilisation nationale.

Haïti traverse une crise politique et sociale profonde depuis plusieurs années, exacerbée par l’assassinat du président Jovenel Moïse en 2021. Cette instabilité a permis à des gangs lourdement armés de prendre le contrôle de larges portions du territoire, transformant une grande partie de la capitale en zones de non-droit.

Malgré le déploiement de plusieurs centaines de policiers kényans dans le cadre d’une mission internationale, la situation reste désespérément hors de contrôle. Ces forces, bien qu’entraînées et équipées, peinent à rétablir la sécurité dans un pays où l’État est quasiment absent dans de nombreuses zones. L’ampleur de la violence et l’absence de réformes structurelles continuent de poser un véritable défi à l’avenir de la nation.