‘‘Un journaliste haïtien, Yvener Sylla Phanor accusé de liens étroits avec des gangs criminels à Port-au-Prince’’, selon une enquête policière…

Yvener Sylla Phanor, ancien journaliste Radio Tele-Pacific...

PORT-AU-PRINCE, mercredi 21 août 2024 – L’enquête menée par le Bureau des Affaires Criminelles (BAC) a révélé des informations préoccupantes sur les liens étroits entre Yvener Sylla Phanor, alias “Phalape”, ancien journaliste à Radio Pacific, et certains des plus influents chefs de gangs de Port-au-Prince. L’arrestation de Phanor, survenue le 12 mars 2024, a marqué le début d’une série de révélations qui ont mis en lumière un réseau complexe de relations entre cet ancien journaliste et plusieurs figures notoires du banditisme dans la capitale haïtienne.

Selon les premiers éléments de l’enquête, Phanor, qui a été interpellé alors qu’il se trouvait dans un véhicule dont il venait tout juste de faire l’acquisition, a tenté de justifier ses relations avec des individus comme Jimmy Cherizier, alias “Barbecue”, Johnson André, alias “Izo”, et Renel Destina, alias “Ti Lapli”. Phanor a expliqué que ses liens avec ces chefs de gangs étaient liés à ses activités professionnelles en tant que journaliste et médiateur dans les quartiers difficiles, particulièrement à Martissant 23, où il résidait.

« J’ai travaillé avec eux pour essayer de ramener la paix dans la communauté, » a-t-il déclaré lors de son interrogatoire. « En tant que journaliste, il est de mon devoir de maintenir des canaux de communication ouverts, même avec ceux que l’on considère comme des criminels. »

Cependant, les enquêteurs ont découvert des preuves qui suggèrent que les relations de Phanor avec ces chefs de gangs allaient bien au-delà de simples interactions professionnelles. Lors de l’examen des téléphones de Phanor, les autorités ont trouvé des captures d’écrans montrant des appels-conférences effectués avec Jimmy Cherizier et Vitelhomme Innocent, ainsi que des messages audio échangés via WhatsApp, où il était question de sujets sensibles.

Le 1er avril 2024, les enquêteurs ont émis des réquisitions téléphoniques auprès des compagnies Digicel et Natcom pour obtenir les relevés des communications de Phanor depuis le 1er septembre 2023. Les relevés ont confirmé les interactions fréquentes entre Phanor et ces figures criminelles, soulignant la profondeur de ses liens avec le monde du crime organisé. Ces découvertes ont amplifié les soupçons à l’encontre de Phanor, qui se défend en affirmant que son seul objectif était de faciliter la libération de personnes kidnappées et de négocier des trêves entre les différents gangs.

Lors de l’interrogatoire du 9 avril 2024, en présence de son avocat, Me. Gesner Massillon, Phanor a confirmé qu’il était en communication régulière avec plusieurs chefs de gangs, arguant que ses efforts étaient destinés à « promouvoir la paix » entre ces groupes. Il a également évoqué la participation d’autres journalistes dans ces activités, nommant notamment Yvenson Jourinvil, Matiado Vilme, et Mackendy Victor comme étant engagés dans des démarches similaires.

Les enquêteurs, toutefois, ne se sont pas limités aux seules déclarations de Phanor. Le 27 mars 2024, ils ont procédé à un examen approfondi des transactions financières et des contacts enregistrés sur le téléphone de Phanor. Ces investigations ont révélé des échanges financiers avec des membres de gangs, renforçant l’hypothèse que Phanor pourrait avoir été impliqué dans des activités criminelles au-delà de son rôle de médiateur.

En parallèle, d’autres arrestations liées à cette enquête ont permis d’approfondir les liens entre Phanor et le milieu criminel. Le 19 février 2024, Paola Stimphyl alias “Pao” et With-Michel Noel alias “Michelle” ont été arrêtées, leurs téléphones ayant révélé des connexions avec des membres influents du gang “5 Secondes”. Ces informations ont conduit à l’élargissement de l’enquête, impliquant un nombre croissant d’individus suspectés d’avoir participé à des activités criminelles organisées, telles que des kidnappings et des trafics d’armes.

Le 4 avril 2024, les enquêteurs ont interrogé Bladimir Mentor, mentionné dans la police d’assurance d’un véhicule acquis par Phanor. Ce véhicule, ayant changé de propriétaire à plusieurs reprises avant d’être acheté par Phanor, a soulevé des questions sur les transactions qui l’entourent, ajoutant une nouvelle couche de complexité à l’enquête.

Lors de son interrogatoire, Phanor a aussi accusé plusieurs autres personnes d’être impliquées dans ces affaires criminelles, dont un ingénieur identifié par le numéro 4013-4646, et un chauffeur de camionnette pour le gang “400 Mawozo”, connu sous le pseudonyme de Coffy alias “Rasta”. Ces dénonciations ont conduit les enquêteurs à cibler de nouvelles personnes, élargissant encore le champ des investigations.

Le 16 avril 2024, la police a arrêté Nephetalie Revolus alias “Thalie”, suspectée d’être liée au gang de Village de Dieu. Ses téléphones ont été saisis pour analyse, révélant de nouvelles preuves compromettantes qui renforcent les soupçons autour du réseau dans lequel Phanor serait impliqué.

L’ensemble des éléments recueillis par le BAC dresse un tableau sombre des activités de Yvener Sylla Phanor, dont les liens avec les gangs armés de Port-au-Prince semblent aller bien au-delà de la simple médiation ou des activités journalistiques. « Nous faisons face à un réseau complexe et profondément enraciné dans le milieu criminel de la capitale, » a déclaré un enquêteur sous couvert d’anonymat. « Les preuves accumulées contre Phanor sont accablantes et montrent qu’il était bien plus qu’un simple médiateur. »

Les conclusions de l’enquête menée par les autorités judiciaires révèlent un tableau sombre de la situation sécuritaire en Haïti, notamment dans l’aire métropolitaine de Port-au-Prince. Plusieurs citoyens, institutions humanitaires et entreprises commerciales ont été victimes d’actes criminels orchestrés par des individus lourdement armés, regroupés au sein d’une association de malfaiteurs connue sous le nom de “5 secondes”. Ce gang est basé au village de dieu et est dirigé par Johnson Andre, alias Izo, assisté de son bras droit Emmanuel Salomon, alias Manno. Cette association criminelle a noué une alliance stratégique avec le gang de grand-ravine, sous la direction de Renel Destina, alias ti Lapli, et a ainsi étendu son influence dans des zones telles que Martissant, Fontamara, le bicentenaire et leurs environs.

Les victimes de ces actes de violence, telles que répertoriées par les enquêteurs, incluent des personnes physiques et morales de divers horizons. Parmi elles, on compte Vladjimir Lgagneur, Luthane Jean-Louis, Marie Julienne R. Laurore, Jean Roosevelt Bastien, JeanRralph Georges, lissage pierre, Ronald Vital, Obed Noel, Rébecca Petit-Frère, Jean Junior Charles, dit Junior Moncash, Jean René Laguerre, Reagan Charles, Etson Oseph ,Wilson Aneus, Raymond Benjamin, Rochlin Lazarre, Mmentor Chrisdonne, Lavaud Joseph, Lainé Oscar, thomas familia, Jean Wilson, Guillaume Ronald, Blaise Jean François, Nelsa Jean Gardy, Pierre James, Charlemagne Ephésien, Jean-Baptiste Jean-Claude, Marie Arthur, Napoléon Kichemar, sajous Marie élise, Edner Bazile, Gesner Bazile, Max-Antoine Laurent, Gardy jean, Stanley Jean, Jean Berret, Luckson Antoine, Wilhem Ernst Lenke, Marie Genevièvre Lenke, Roc Julien, Désir Jean Louis Pierre-Louis Armand, Edmond et Dieufort. Parmi les organisations touchées figurent le programme alimentaire mondial (PAM), ainsi que les entreprises commerciales alaska et marché Ti Tony, sans oublier l’état haïtien lui-même.

Vitelhomme Innocent, chef du gang Kraze Barye, Jimmy Barbecue Cherizier , chef de la federation des gangs G-an Fanmi e Alye, Izo du gang 5 seconde de Village de Dieu, Jeff, chef de gang de Canaan, Lanmo San Jou, chef du gang 400 Mawozo….

Depuis plusieurs années, ces gangs armés ont commis des actes de banditisme dans diverses zones de la capitale et de ses environs. Le gang “5 secondes”, dirigé par jJhnson André alias Izo et Emmanuel Salomon alias Manno, ainsi que leur allié, le gang de Grand-Ravine, ont non seulement semé la terreur dans des zones telles que Martissant, Fntamara et le bicentenaire, mais ils ont également étendu leur influence à Port-au-Prince, Delmas, Pétion-Ville et d’autres quartiers avoisinants. Leur présence a eu pour conséquence de bloquer l’accès aux départements du Sud, Sud-Est, Nippes et Grand-Anse, paralysant ainsi le quotidien des citoyens et usagers des zones concernées.

En s’intégrant à la coalition des gangs connue sous le nom de “viv ansanm”, ces malfaiteurs ont intensifié leur niveau de violence, visant notamment à affaiblir la puissance publique à travers des actes criminels ciblés. Leurs actions ont engendré une série de crimes allant des assassinats aux tentatives d’assassinat, en passant par les vols à main armée, les incendies criminels, les enlèvements contre rançon, et les détournements de camions de marchandises. Ces faits, ainsi que d’autres crimes tels que le viol, le complot contre la sûreté intérieure de l’état, la détention illégale d’armes à feu et de munitions, sont sévèrement réprimés par le code pénal haïtien, notamment aux articles 2, 44, 45, 64, 224, 240, 241, 243, 247, 324, 326, 328, 356 et suivants, ainsi que par la loi du 20 mars 2009 sur l’enlèvement, la séquestration et la prise d’otage.

Les enquêtes initiales ont permis d’identifier plusieurs membres du gang “5 secondes” et du gang de Grand-Ravine. Parmi les personnes interpellées figurent Frantz Nose, Rsemène jean, alias tipré, l’inspecteur principal Gabriel Faveur Désir, Ricardo Saint-Cyr, Hérode Clervaux, Angenor Fontus, Ronald Romelus, alias Zòrèy, Jackson Germain, Kervens Tverne, Wilberson Devareene, Jeff Lafaille, Isaac Jean Jacques, alias 6ème sens, Jameson Joseph, Philistin Graciuss, Jean Junior Andre, alias Papa moto, Jean Balagueur Cavanaque, Mérissois François, Gaslin Transtamar, Nazer Paul, alias the Best ou Naz, Guénold Jean, alias boss gué, Donald Collagene, Sindy Pierre-Paul, Onélus Romain, Job Saint-Clair, Genson Laplante, Berthony Louis, Macsen Derilus, Phène Norzile, Hérole Cenoble, Aliette Alexandre, alias Manbo venette, Mackenson Vertus, Jean Raphael Montrose, Lovely Merzier, Limacson Mathieu, alias sonsonn, emmanuel jean juste, alias manno, eddy baggio,Ccarl-Hens Bariva Orival, Frantzy Valmé, alias didi, Christnel Reus, alias Nènèl, Odelson Dossous, alias Sonson, Butler Julbert St-Eloi, Anderson Destin,Ffrantz Casimir, alias ti Doudou ou cp, et Jean Jude Forestal. Tous ont été déférés au parquet à diverses dates entre 2018 et 2023. Cependant, ils se sont évadés lors des événements survenus dans la nuit du 2 au 3 mars 2023.

‘‘Les autorités n’ont pas relâché leurs efforts pour traquer les membres restants du gang “5 secondes” et leurs complices. Parmi les interpellations récentes, on compte celles de Yvener Sylla Phanor, alias Phalape, Paola Stimphyl, alias Pao, With-Michel Noel, alias Michelle, et Nephetalie revolus, alias Thalie ou Taloo, pour leur affiliation à cette association criminelle’’

Les interrogatoires de Paola Stimphyl, With-Michel Noel, et Nephetalie Révolus ont révélé leurs connexions avec plusieurs membres du gang de village de Dieu. Paola Stimphyl a avoué avoir communiqué fréquemment avec Johnson André, alias Izo, ainsi qu’avec un autre membre du gang surnommé soso 5 secondes. Elle a également raconté qu’en janvier 2024, elle s’était rendue à village de dieu avec son acolyte Mayou et avait eu des rapports sexuels avec izo. Stimphyl a également confirmé avoir passé deux nuits avec un autre membre du gang, Zepekenyo, qui, selon elle, est le copain de Nephetalie Revolus. Zepekenyo lui avait offert des sommes allant de quinze mille à vingt mille gourdes pour ces services. Elle a aussi mentionné avoir reçu vingt mille gourdes pour une nuit passée avec bèlbós, un allié du gang “5 secondes”.

Les aveux de Paola Stimphyl ont été corroborés par l’exploitation de son téléphone, qui contenait les numéros des membres du gang sous des noms de code. Les contacts de Johnson André, Zepekenyo, Soso 5 secondes, et Bèlbós ont été retrouvés dans son annuaire téléphonique, sous les pseudonymes “pagen alèz bò falèz atis la”, “zanmitay mwen marim”, “s+s”, et “Bèlbòs”.

With-Michel noel a quant à elle révélé qu’elle s’était rendue à village de Dieu en novembre 2023 pour passer des nuits avec Soso 5 Secondes, qui lui aurait versé vingt-cinq mille gourdes par nuit. Elle a également affirmé s’être rendue à minoterie pour rencontrer un autre membre du gang, bakòpla. Elle projetait de rendre visite à Zepekenyo peu après son interpellation. L’analyse de son téléphone a révélé les numéros des membres du gang enregistrés sous les noms “Big Broh”, “tresor’m” et un emoji cœur brisé.

Nephetalie Revolus a confirmé ses relations avec Zepekenyo, affirmant qu’elle avait passé une nuit avec lui en novembre 2023 à village de dieu. Elle a également indiqué que with-michel noel et une autre acolyte, Gëlle, avaient chacune passé la nuit avec d’autres membres du gang. Elles auraient reçu vingt mille gourdes pour ces services. Les données techniques de l’enquête, notamment la géolocalisation des numéros de Révolus, ont confirmé ses déplacements à village de dieu et ses communications fréquentes avec Zepekenyo.

 

Les trois femmes ont nié être membres du gang “5 secondes” ou avoir joué un rôle actif dans les activités criminelles de l’organisation. Cependant, les éléments recueillis par les enquêteurs ont permis de les placer sous mandat de dépôt pour association de malfaiteurs, complicité d’enlèvement, et port et détention illégale d’armes à feu et de munitions. Les autorités continuent de traquer les membres restants du gang, espérant mettre fin à cette vague de violence et rétablir l’ordre dans les quartiers affectés.

Les éléments rassemblés par les enquêteurs démontrent clairement l’implication de plusieurs individus dans les activités criminelles du gang “5 secondes” et de ses alliés. Les victimes, qu’il s’agisse de citoyens, d’organisations humanitaires ou d’entreprises commerciales, ont toutes subi des préjudices graves en raison de ces actes de violence. Les efforts pour traduire les coupables en justice se poursuivent, malgré les évasions massives et la réticence des témoins à coopérer avec les autorités. La situation sécuritaire en Haïti demeure critique, et les autorités appellent à une mobilisation générale pour éradiquer ces gangs qui menacent la stabilité du pays.