“Un journaliste haïtien menacé après un article sur des cadeaux offerts à un chef de gang par des reporters de Reuters”…

Jimmy Cherizier ''Barbecue,'' chef du G-9 an Fanmi e Alye

MIAMI, mardi 1er octobre— Le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) a exprimé son inquiétude face aux menaces proférées à l’encontre de Widlore Mérancourt, rédacteur en chef d’AyiboPost, par Jimmy “Barbecue” Chérizier, un chef de gang notoire en Haïti, suite à la publication d’un article controversé. L’article, paru le 18 septembre 2024, révèle qu’un journaliste de Reuters aurait offert à Chérizier des cadeaux tels que des cagoules, de l’alcool et des cigarettes.

“Nous sommes très préoccupés par les menaces visant Widlore Mérancourt, rédacteur en chef d’AyiboPost, de la part de Jimmy ‘Barbecue’ Chérizier”, a déclaré Katherine Jacobsen, coordinatrice du programme pour les États-Unis, le Canada et les Caraïbes du CPJ. “Les journalistes haïtiens travaillent déjà dans des conditions inimaginablement difficiles. Ils ne devraient pas être intimidés simplement pour avoir fait leur travail et couvert des sujets d’intérêt public.”

Chérizier, un ancien officier de police devenu chef de la fédération des gangs “G9 Family”, a publié sur sa chaîne WhatsApp, le 14 septembre, une vidéo dans laquelle il se vantait des cadeaux reçus. Cette vidéo a depuis été supprimée. Mérancourt, dans son article, a soulevé des questions éthiques concernant ces dons, rappelant que Chérizier est sous le coup de sanctions américaines et des Nations Unies pour de présumées violations des droits humains.

Le 25 septembre, Chérizier a publié une nouvelle vidéo dans laquelle il menaçait directement Mérancourt, déclarant : « Je viens pour toi. Souviens-toi de mes paroles : il y a des gens avec qui tu ne veux pas t’attaquer. Tu pourrais être dans ta salle de bain et une voiture pourrait s’écraser sur toi. »

Mérancourt, qui collabore également avec le Washington Post, a confié au CPJ qu’il craignait pour sa sécurité. Il a appelé le gouvernement haïtien et ses partenaires internationaux à « protéger tous les journalistes en Haïti, mettre fin à la culture de l’impunité, et veiller à ce que les responsables de ces actes soient tenus pour responsables ».

De son côté, Reuters, l’une des plus grandes agences de presse au monde, a été cité par AyiboPost déclarant qu’elle avait un « code de conduite strict » pour ses employés, précisant que les cadeaux offerts constituaient « une erreur de jugement » et qu’une enquête était en cours.

Haïti est actuellement l’un des pays les plus dangereux au monde pour les journalistes, se classant au troisième rang dans l’Indice mondial de l’impunité 2023 du CPJ, qui met en lumière les pays où les meurtriers de journalistes ont le plus de chances de rester impunis.

Cet article du CPJ a été publié initialement en Anglais sur: https://cpj.org/2024/09/haitian-journalist-threatened-over-article-about-reuters-reporters-gifts-to-gang-leader/