Un ex-conseiller de Jovenel Moïse préconise la tenue ‘‘d’élections générales pour sortir de l’impasse politique et faire vivre la démocratie en Haïti’’…

Guichard Dore...

PORT-AU-PRINCE, dimanche 31 décembre 2023– Guichard Doré, ex-conseiller du Président Jovenel Moïse et président de la Fondation Nationale pour la Démocratie et les Études Stratégiques, critique le fait que ‘‘depuis deux ans et demi, Haïti traverse une période de transition marquée par l’absence d’une direction claire et éclairée.’’

Selon lui, l’’a gouvernance actuelle se révèle catastrophique, avec une insécurité galopante, des kidnappings fréquents, des meurtres et des actes de violence répandus. Une partie du territoire échappe au contrôle de l’État, les forces de sécurité sont sous-équipées, et des gangs armés contrôlent les axes routiers vitaux. Cette situation paralyse les activités économiques et sociales, plongeant le centre-ville de Port-au-Prince dans le chaos, avec des entrepreneurs impuissants et des familles épuisées.’’

Le constat est clair, affirme Doré qui déclare : « l’équipe gouvernementale actuelle est à court d’idées créatrices et démontre une absence de volonté politique pour résoudre les problèmes cruciaux qui affligent la population. Contrairement à la transition de 2004 dirigée par Gérard Latortue, le gouvernement d’Ariel Henry n’a pas jugé nécessaire d’établir des textes fondateurs réformant l’État et renforçant ses institutions. Ces trente derniers mois ont été marqués par un mutisme persistant, l’absence d’une vision claire, et l’inertie face aux projets économiques et sociaux, plongeant le pays dans un chaos national. »

Selon Guichard Doré ‘‘les pratiques politiques délétères ont sapé la démocratie haïtienne depuis 1986.’’

Il affirme que certains acteurs politiques ont utilisé des stratégies pour empêcher la tenue d’élections, sapant ainsi le fondement démocratique.

Selon lui, ‘‘trois catégories d’acteurs politiques émergent : ceux exigeant des élections conformes aux standards des grandes démocraties, ceux méfiants qui sabotent subtilement le processus électoral, et les pseudo-démocrates agitant les questions électorales tout en promouvant des transitions non démocratiques.’’

Il ajoute que les crises politiques en Haïti trouvent souvent leur origine dans des conflits électoraux, alimentés par ces trois catégories d’acteurs politiques. La pérennisation du projet démocratique devient un défi majeur lorsque des forces politiques et sociales ne croient pas en la légitimité du régime démocratique, souligne-t-il.

Il indique que depuis l’assassinat du président Jovenel Moïse, les pourparlers entre le pouvoir et l’opposition se succèdent sans offrir une issue concrète à la transition. ‘‘Le Premier Ministre Ariel Henry, cumulant de manière excessive les pouvoirs, utilise des négociations sans fin pour prolonger la transition. Cela contraste fortement avec l’absence d’efforts déployés pour mettre en place un Conseil Électoral Provisoire en vue d’organiser des élections’’, déclare-t-il.

Selon Doré, les cycles de négociations ne visent qu’un seul objectif : gagner du temps. Cette situation, inédite depuis 1986, révèle un manque de volonté pour organiser des élections et assurer le fonctionnement régulier des institutions démocratiques. ‘‘Le Premier Ministre Ariel Henry, allié à la fois à la communauté internationale et à l’opposition, incarne un recul démocratique majeur’’, soutient-il.

« Pendant plus de deux ans, l’opposition, plurielle et diversifiée, s’est engagée dans des négociations sans succès. Des conclaves politiques ont été stériles, embourbant l’opposition dans des débats conceptuels sans fin. La stratégie incohérente et la communication inaudible de l’opposition ont échoué à mobiliser la population, tandis qu’Ariel Henry demeure incompris par la population, en proie à l’insécurité », declare Doré.

L’opposition, cherchant à chasser Ariel Henry du pouvoir, n’a pas réussi à gagner le soutien populaire ni à renforcer sa capacité de négociation. Ses tentatives infructueuses ont consolidé le pouvoir d’Ariel Henry qui, sans élections, reste au pouvoir avec l’appui temporel de l’opposition. L’opposition doit réorienter sa stratégie pour obtenir l’adhésion populaire et mettre fin à l’impasse actuelle, suggère-t-il.

Il affirme que l’échec des négociations, prolongées pendant plus de deux ans, résulte de l’ignorance des enjeux de la transition.

« Organiser des élections et rétablir la normalité démocratique constituent l’objectif principal, négligé au cours des trente derniers mois. Ariel Henry, avec le soutien de la communauté internationale et de l’opposition, prolonge délibérément la transition sans efforts pour mettre en place un Conseil Électoral Provisoire », précise l’ancien conseiller présidentiel.

Selon lui, il est impératif de réagir. Mettre en branle immédiatement la machine électorale est essentiel pour sortir de cette impasse politique. Organiser rapidement des élections générales permettra de doter le pays d’autorités légitimes et de revitaliser la démocratie. La population doit être au cœur du processus, avec la conviction que la démocratie prospère grâce à l’alternance politique et à la sélection de projets politiques par les citoyens, souligne Doré.

Il souligne que le raidissement des positions politiques au cours des trente derniers mois montre un manque de capacité de dépassement et de sens du compromis. L’intérêt national a souffert, et la crise politique doit prendre fin. Le Premier Ministre Ariel Henry, malgré ses manœuvres politiques habiles, a montré son incapacité à assurer le retour à la normalité institutionnelle et démocratique. Donner la parole au peuple par des élections générales rapides est la seule voie pour sortir de l’impasse, revitaliser la démocratie, renforcer les institutions républicaines et consolider l’État de droit.