PORT-AU-PRINCE, mardi 13 août 2024 – Hermance Nelson, considéré comme le bras droit du conseiller présidentiel Louis Gérald Gilles, est au cœur de graves accusations de corruption présumée. Nelson, qui réside chez Gilles, bénéficiant ainsi de sa protection et de sa confiance, aurait harcelé ces derniers mois plusieurs directeurs généraux d’organismes déconcentrés de l’État, dont l’Administration Générale des Douanes (AGD) et l’Autorité Portuaire Nationale (APN), pour leur soutirer de l’argent en échange de leur maintien à leurs postes.
Contacté à ce sujet, un responsable du Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH) a confirmé les faits et exprimé le souhait que l’Unité de Lutte Contre la Corruption (ULCC) auditionne Hermance Nelson dans le cadre de l’enquête en cours sur les scandales impliquant trois membres du Conseil Présidentiel de Transition (CPT). Selon ce responsable, qui a requis l’anonymat, il existerait un lien étroit entre les accusations portées contre Nelson et celles pesant sur les conseillers présidentiels. “C’est le même dossier, il faut le traiter globalement,” a-t-il déclaré, ajoutant que Nelson aurait agit comme démarcheur de de Louis Gérald Gilles, qui n’aurait jamais pris ses distances avec lui.
Des informations parvenues à la rédaction de RHINEWS indiquent que Gilles aurait tenté de nommer Nelson au poste de directeur-adjoint au Fonds d’Assistance Économique et Sociale (FAES), malgré un passé marqué par des scandales de corruption dans l’administration publique.
Selon plusieurs correspondances dont RHINEWS a obtenu copie, une enquête administrative a été lancée en 2019 au sein du Ministère de la Jeunesse, des Sports et de l’Action Civique (MJSAC), révélant des irrégularités dans la gestion des fonds publics. Cette enquête a suivi la suspension provisoire de M. Hermane Nelson, Directeur Administratif et Financier par intérim, pour non-conformité aux obligations de transparence financière.
Les faits remontent à 2019, lorsqu’une lettre datée du 20 juin a été envoyée par le ministre Edwing Charles à Nelson, l’informant de sa suspension pour un mois. Cette décision, conforme à l’article 192 du Décret du 17 mai 2005 sur la Révision du Statut Général de la Fonction Publique, autorise la suspension temporaire d’un fonctionnaire pour faciliter une enquête administrative. Nelson est accusé de ne pas avoir soumis les rapports financiers détaillés demandés, malgré de multiples sollicitations. Ces manquements constituent une infraction à ses responsabilités professionnelles, nécessitant un audit complet de sa gestion.
Le 21 juin 2019, la réception de cette notification par Nelson a été confirmée par Freda Protildo, officialisant le début de la suspension. Une commission d’enquête administrative a été établie pour examiner sa gestion, notamment concernant l’utilisation des fonds alloués pour le budget 2018-2019 et les chèques délivrés par le Ministère de l’Économie et des Finances (MEF) pour le Programme d’Investissement Public (PIP) 2017-2018. L’enquête vise à assurer la conformité des pratiques de gestion financière du ministère avec les normes établies.
Le 9 juillet 2019, le MJSAC a informé Ronald Grey Décembre, Ministre de l’Économie et des Finances, de la suspension de Nelson. Le ministère a demandé que des instructions soient transmises aux différentes directions et services pour prévenir toute interférence de Nelson dans les dossiers administratifs du ministère, et a également sollicité la Banque de la République d’Haïti (BRH) pour prendre les mesures nécessaires à cet égard. Cette démarche souligne l’importance d’une coordination efficace entre les institutions gouvernementales pour garantir la transparence et l’intégrité de la gestion des ressources publiques.
Le 5 septembre 2019, la Direction des Affaires Administratives et du Budget (DAAB) a émis une attestation certifiant que M. Gary Clermont, Comptable en Chef, avait remis à Nelson une somme de 1 680 000 gourdes destinée à la Direction des Activités Physiques et des Sports (DAPS) pour l’exécution d’un projet. Cette attestation vise à assurer la traçabilité des transactions financières et à confirmer que les fonds sont utilisés conformément aux objectifs prévus.