PORT-AU-PRINCE, lundi 13 janvier 2025- La police haïtienne a arrêté Prophane Victor, un ancien député de la 50e législature accusé depuis longtemps d’avoir armé des gangs dans la région de l’Artibonite, des allégations qui lui avaient valu des sanctions de la part des États-Unis et du Canada.
Prophane Victor, qui représentait la communauté de Petite Rivière dans le département de l’Artibonite lorsqu’il siégeait au Parlement, a été appréhendé dimanche dans la capitale, Port-au-Prince. Cette arrestation a été confirmée par la Police Nationale d’Haïti (PNH), sans toutefois fournir de détails immédiats sur les circonstances de son interpellation.
Victor est depuis des années au centre de controverses en raison de son implication présumée dans le soutien aux groupes armés, une pratique devenue courante dans certaines zones d’Haïti, notamment dans le but d’influencer les résultats électoraux. Des rapports de plusieurs organisations locales et internationales ont longtemps pointé du doigt l’Artibonite comme un foyer de violence alimentée par des groupes armés liés à des figures politiques.
En 2022, Prophane Victor avait été visé par des sanctions imposées par les gouvernements américain et canadien. Ces sanctions, qui incluent des interdictions de voyage et le gel de ses avoirs, visaient à restreindre les activités de personnalités accusées de corruption et de collaboration avec des gangs criminels.
Conformément à l’article 6(j) de ses directives, le Comité du Conseil de sécurité établi en vertu de la résolution 2653 (2022) concernant Haïti met à disposition un résumé narratif des raisons de l’inscription des individus et entités figurant sur la liste des sanctions.
Prophane Victor a été inscrit sur la liste le 27 septembre 2024, conformément au paragraphe 15 de la résolution 2653 (2022), pour les mesures énoncées aux paragraphes 3, 6 et 11, et détaillées aux paragraphes 16(a) et 16(b) de la résolution 2653 (2022).
Informations supplémentaires :
Prophane Victor est impliqué depuis longtemps dans des activités menaçant la paix, la sécurité et la stabilité d’Haïti ainsi que de la région entière. En particulier, il a soutenu et armé des gangs, trafiqué des armes, détourné des revenus publics et utilisé la violence pour asseoir son pouvoir politique et financier.
Prophane Victor a siégé à la dernière Assemblée nationale (2016-2020) en tant que député de Petite Rivière, dans le département de l’Artibonite, une région où les niveaux de violence et le contrôle des gangs augmentent. Pour garantir son élection comme député en 2016 et asseoir son contrôle sur la zone, il a commencé à armer de jeunes hommes de Petite Rivière, qui ont ensuite formé le gang Gran Grif, principal auteur de violations des droits humains, y compris de violences sexuelles, dans le département de l’Artibonite (voir S/2023/674, paragraphe 75). Il n’est plus membre du Parlement et n’occupe actuellement aucune fonction politique.
En plus d’utiliser des gangs pour asseoir son influence politique, Victor est un ancien haut fonctionnaire des douanes et un homme d’affaires ayant contrôlé une partie des activités douanières, ce qui lui a permis d’amasser des richesses et de se livrer à diverses activités criminelles en toute impunité. En janvier 2023, il aurait menacé des agents des douanes dans l’exercice de leurs fonctions.
« Victor a continué de soutenir le gang Gran Grif jusqu’en 2020 et a, depuis, soutenu des gangs rivaux dans la même région », selon le rapport
Le Bureau du Contrôle des Actifs Étrangers (OFAC) du Département du Trésor des États-Unis sanctionne un ancien parlementaire haïtien, Prophane Victor, pour son rôle dans la formation, le soutien et l’armement de gangs et de leurs membres responsables de graves violations des droits humains en Haïti. L’OFAC désigne également Luckson Elan, actuel chef du gang Gran Grif, pour son implication dans de graves violations des droits humains liées aux activités des gangs dans le département de l’Artibonite.
« Victor et Elan, par leur influence ou leur leadership sur les gangs en Haïti, ont cherché à perpétuer une violence et une instabilité horrifiques », a déclaré Bradley T. Smith, sous-secrétaire par intérim du Trésor pour le renseignement financier et la lutte contre le terrorisme. « Le Trésor reste déterminé à tenir responsables ceux qui exploitent les violations des droits humains, la violence et la corruption pour atteindre leurs objectifs politiques. »
Promouvoir la responsabilité pour les violences fondées sur le genre est une priorité essentielle pour le gouvernement des États-Unis. En novembre 2022, le président Biden a publié un mémorandum sur la promotion de la responsabilité pour les violences sexuelles liées aux conflits, exhortant le gouvernement américain à renforcer ses outils financiers, diplomatiques et juridiques contre ce fléau. Le rapport du Panel d’experts de l’ONU sur Haïti indique que « les niveaux de violence et la cruauté des gangs dans les violations des droits humains sont sans précédent, avec des attaques régulières et indiscriminées contre la population et des entraves à l’assistance humanitaire. Les violences sexuelles et celles basées sur le genre, en particulier les viols, sont devenues l’une des expressions les plus horribles de la violence ces deux dernières années. Ces violences et cette insécurité sapent non seulement la transition politique, mais anéantissent également l’économie nationale et menacent l’avenir du pays. »
Propane Victor est un ancien législateur haïtien qui a commencé à armer de jeunes hommes à Petite Rivière, Artibonite, pour garantir son contrôle sur la zone et son élection en 2016. Ces hommes ont ensuite formé le gang Gran Grif, qui est actuellement le plus grand gang du département de l’Artibonite et le principal auteur d’abus, notamment de violences sexuelles.
Luckson Elan, actuel chef du gang Gran Grif, est responsable, avec d’autres membres du gang, de graves violations des droits humains, notamment des enlèvements, meurtres, passages à tabac et viols de femmes et d’enfants, ainsi que de pillages, destructions, extorsions, détournements et vols de récoltes et de bétail.
Les autorités n’ont pas encore précisé les charges officielles retenues contre Victor et Habitant. Cependant, il est clair que l’arrestation de ces figures publiques intervient dans un contexte de montée en puissance de l’insécurité et des violences politiques en Haïti, avec un impact direct sur la gestion de la crise sociale et économique du pays.
Cette évolution pourrait marquer une étape importante dans la lutte contre l’impunité et l’implication présumée de personnalités politiques dans les activités des gangs, une situation qui affecte lourdement la stabilité du pays.
L’implication des autorités américaines et canadiennes dans la lutte contre les réseaux de corruption et les gangs haïtiens à travers les sanctions économiques a également mis en lumière la dimension internationale du problème. Selon les déclarations de Bradley T. Smith, sous-secrétaire par intérim du Trésor pour le renseignement financier et la lutte contre le terrorisme, « Victor et Elan, par leur influence ou leur leadership sur les gangs en Haïti, ont cherché à perpétuer une violence et une instabilité horrifiques ». Cette prise de position souligne l’ampleur des défis auxquels Haïti est confronté en matière de sécurité, et la réponse internationale qui s’intensifie face à cette crise.
Les autorités n’ont pas encore précisé les charges officielles retenues contre Victor et Habitant.