WASHINGTON, jeudi 10 avril 2025 –L’administration Trump a commencé à inscrire des migrants vivants dans le “Death Master File” de la Sécurité sociale – un fichier destiné à identifier les personnes décédées – afin de leur couper l’accès à des services financiers et sociaux essentiels, révèle une enquête du New York Times publiée ce jeudi.
Selon des documents obtenus par le journal et confirmés par plusieurs sources internes, plus de 6 300 migrants dont le statut légal a récemment été révoqué ont été ajoutés à ce fichier. Officiellement, il s’agirait de personnes fichées pour crimes ou liens avec le terrorisme, mais des mineurs figurent également sur la liste, suscitant des inquiétudes internes.
Objectif affiché : forcer ces personnes à “s’auto-expulser” en leur retirant toute possibilité de vivre financièrement aux États-Unis. Les personnes ainsi identifiées sont privées de comptes bancaires, cartes de crédit, aides fédérales et même d’emplois légaux.
Leland Dudek, commissaire par intérim de la Social Security Administration (SSA), a déclaré que leur “vie financière serait terminée”.
Cette stratégie s’inscrit dans une série de mesures coordonnées avec le Department of Government Efficiency (DOGE), sous l’influence de Elon Musk, conseiller influent de Donald Trump, qui promeut une approche radicale de la gestion des données personnelles dans le cadre des politiques migratoires.
Un accord signé en février entre la SSA et le Department of Homeland Security autorise désormais le partage des adresses personnelles de près de 100 000 migrants avec les services d’immigration.
Des experts et anciens responsables dénoncent une dérive sans précédent. Martin O’Malley, ancien chef de la SSA, parle de “meurtre financier”, tandis que Jason Fichtner, nommé sous George W. Bush, avertit que l’agence “sort de son rôle légal”.
La mesure pourrait aussi entraîner des erreurs graves, comme des citoyens américains ajoutés à tort à la liste, entraînant gels de comptes et expulsion de logements. Le processus de correction, surnommé “résurrection”, peut prendre plusieurs mois.
En parallèle, l’administration Trump a mis fin à plusieurs programmes de l’ère Biden ayant permis à des centaines de milliers de migrants de séjourner légalement aux États-Unis. L’opération pourrait s’étendre à d’autres migrants en situation irrégulière.
Ceci est un extrait d’un article écrit *Par Alexandra Berzon, Hamed Aleaziz, Nicholas Nehamas, Ryan Mac et Tara Siegel Bernard en anglais sur : nytimes.com (article complet accessible