TROU-DU-NORD, jeudi 27 octobre 2022- Alors que la cherté de la vie, le chômage et l’insalubrité se font sentir cruellement à Trou-du-Nord (Nord-Est), cet arrondissement fait également face péniblement à une panne d’électricité qui dure déjà depuis plus d’un mois.
Alimentés en énergie électrique 24/24 grâce au Parc Industriel de Caracol par la compagnie NRECA, c’est la première fois, en dix ans, que Trou-du-Nord, Terrier-Rouge, Sainte-Suzanne et Caracol, connaissent une aussi longue période de “back-out.”
À la base de cette situation, la crise du carburant qui empêche la NRECA de faire tourner ses groupes électrogènes fonctionnant au diesel, pour produire et distribuer l’électricité à ses abonnés.
Les conséquences du black-out combinées avec le blocage du pays, sont considérables sur l’ensemble de la population et le secteur d’affaires local en particulier.
Hôteliers, boutiquiers, petits commerçants et toutes sortes de petites entreprises se plaignent de la persistance de cette crise énergétique.
Certains affirment que leurs chiffres d’affaire commencent à baisser considérablement en raison du black-out et de l’inflation, autant que les ouvriers du parc industriel de Caracol sont au chômage technique depuis près de deux mois pour les mêmes raisons.
Quant aux truviens, ils vivent cette crise comme un enfer dans contexte où le pays est pratiquement verrouillé, les déplacements devenus plus coûteux et qu’il faut se terrer quasiment en permanence à la maison sans loisir ni grand-chose à faire.
Géralda Calixte, 33 ans, enseignante de profession s’ennuie de devoir rester cloîtrée à la maison sans pouvoir enseigner ses élèves.
Étant qu’elle travaille dans le secteur privé de l’éducation, elle est donc au chômage temporaire, la rentrée scolaire ayant avorté le 3 octobre dernier.
“J’ai du mal à trouver les deux bouts puisque je ne reçois pas de salaire. La rentrée des classes était prévue initialement en septembre, mais elle a été reportée au 3 octobre. Je n’ai plus de ressources pour tenir”, déclare-t-elle.
“Si on était un pays normal, on pourrait, par ces temps de crise, assurer les cours en ligne. Cependant, les infrastructures de base pour donner des cours en ligne n’existent pas dans notre communauté”, se lamente-t-elle.
Selon Calixte, “la situation devient plus compliquée lorsqu’on est privé d’électricité et les réseaux internets fonctionnent parfois et qu’en plus la majorité des écoliers vit en zone rurale et ne dispose pas d’appareils électroniques tels que téléphone intelligent, tablet ou IPad etc.”
“Environ dix ans de cela, nous avons dit adieu au moyen âge lorsque la commune de Trou-du-Nord a été finalement alimentée en énergie électrique 24/24. Cependant, dit-elle, nous y sommes retournés en plein 21 ème siècle.”
« En raison de cette crise de black-out, on doit débourser en moyenne entre 50 à 100 gourdes pour recharger son téléphone. Autrement dit, poursuit-elle, nous avons un pied dans le 21e siècle et un autre au moyen âge ».
Calixte qualifie d’inacceptables les conditions de vie dans le pays, particulièrement à Trou-du-Nord, où, profitant de la crise de carburant, les chauffeurs du transport en commun assurant le trajet Cap-Haïtien/Trou-du-Nord ont passé les prix de 50 à 500 gourdes.
La situation demeure préoccupante à Trou-du-Nord ont l’économie est asphyxiée. Les activités économiques sont au ralenti alors que les produits agricoles ne peuvent pas être écoulés sur d’autres marchés, déplorent certains paysans.
L’électricité 24/24 a ouvert de grandes perspectives pour la région- lesquelles se sont assombries depuis plus d’un mois.