PORT-AU-PRINCE, jeudi 25 juillet 2024 – Pierre Espérance, directeur exécutif du Réseau national de défense des droits humains (RNDDH), a accusé jeudi trois conseillers-présidents d’implication présumée dans des actes de malversations et de corruption. Selon Espérance, Emmanuel Vertilaire, représentant de Pitit Dessalines, Louis Gérald Gilles de l’accord du 21 décembre, etSmith Augustin, représentant de RED/EDE au sein du Conseil présidentiel de transition (CPT) et du Bloc majoritaire indissoluble (BMI), auraient harcelé et fait chanter l’actuel président du conseil d’administration de la Banque nationale de crédit (BNC) pour obtenir un montant de 100 millions de gourdes afin de le maintenir à son poste.
Le militant des droits humains a affirmé qu’il existe des indices suffisants concernant l’implication de ces trois membres du CPT, qui se seraient livrés à cette tentative de corruption. Il a indiqué qu’en plus de l’affaire de la BNC, le conseiller-président Louis Gérald Gilles serait impliqué dans d’autres cas, notamment en ce qui concerne la nomination de nouveaux directeurs généraux ou le maintien de directeurs dans leurs fonctions au sein des organismes déconcentrés de l’État, dont l’Office national d’assurance vieillesse (ONA). Selon lui, M. Gilles aurait entretenu des relations sentimentales avec une cadre intermédiaire de cette institution, lui assurant de l’élever au rang de directrice générale dans le cadre des changements en cours dans la fonction publique.
Face à l’ampleur de ce scandale, M. Espérance exige la mise à l’écart immédiate de tous les conseillers-présidents éclaboussés et des poursuites judiciaires à leur encontre afin de sauver le CPT. Il a souligné l’importance pour les secteurs dont ces conseillers sont issus de désigner au plus vite, et conformément aux termes de l’accord du 3 avril 2024, de nouveaux représentants au CPT pour assurer la sérénité et la stabilité du Conseil. “Les membres incriminés du Conseil doivent payer le prix de leurs bêtises en assumant pleinement les conséquences judiciaires, la responsabilité pénale étant personnelle, mais il faut préserver le CPT”, a insisté Pierre Espérance.
Le défenseur des droits humains a également dénoncé une campagne de dénigrement orchestrée contre le CPT par le gouvernement afin de le discréditer pour tenter de l’évincer. « Cette campagne est conduite par des pseudo-journalistes, mais de vrais corrompus, également liés à des gangs armés qui terrorisent la population. Ces journalistes, dont les proches travaillent notamment dans la diplomatie sans aucune qualification, sur la base de copinage, chercheraient à éclater le CPT afin de revenir à la formule monocéphale à l’instar d’Ariel Henry avec un premier ministre qui se croirait Jupiter, exerçant un pouvoir sans contrôle ni contrepoids. »
Il a appelé les institutions anti-corruption à diligenter des enquêtes sur les graves accusations qui pèsent sur certains conseillers-présidents pour faire la lumière sur l’ensemble des affaires en question, afin de sauver la transition et lancer des signaux clairs de la volonté de rompre avec la mauvaise gouvernance.