“Trois ans après l’assassinat de Jovenel Moïse, la justice haïtienne toujours en quête de vérité”-CARDH…

Jovenel Moise, ancien President d'Haiti

PORT-AU-PRINCE, lundi 8 juillet 2024 – Trois ans après l’assassinat du président haïtien Jovenel Moïse, les questions demeurent quant aux motifs et aux auteurs de ce crime. Le Centre d’Analyse et de Recherche en Droits de l’Homme (CARDH) appelle à la création d’un Tribunal Spécial ou d’une Chambre Spéciale pour mener une véritable enquête judiciaire.

Le 7 juillet 2021, Jovenel Moïse, le 58ème président d’Haïti, est assassiné dans sa résidence par des mercenaires et des anciens membres des services secrets américains, avec la complicité de responsables des unités chargées de sa sécurité, notamment l’USGPN et l’USP. Depuis, la justice haïtienne peine à avancer dans l’enquête, comme le montre l’ordonnance du juge d’instruction Walter Wesser Voltaire, désigné le 30 mai 2022, pour remplacer le juge Merlan Belabre.

Le CARDH souligne l’incapacité de la justice haïtienne à traiter ce crime transnational. L’ordonnance de février 2024 du juge Voltaire, qui inculpe 51 personnes, repose principalement sur des témoignages sans investigations poussées utilisant des procédés technologiques. Des figures clés, comme Martine Moïse, l’ex-première dame, sont inculpées sur la base de témoignages douteux. Par exemple, Lyonel Valbrun, ex-secrétaire général du palais national, affirme qu’elle aurait déplacé des objets du palais national deux jours avant l’assassinat.

L’ordonnance est contestée par plusieurs inculpés, dont Martine Moïse et Léon Charles, ancien directeur de la police nationale, qui ont fait appel, compliquant davantage l’enquête. La signification de l’ordonnance aux parties est retardée par la violence des gangs, et plusieurs inculpés importants sont en fuite après une évasion du pénitencier national le 2 mars dernier.

La cour d’appel, dysfonctionnelle en raison de l’insécurité et du manque de ressources, n’a pas encore reçu le dossier. Le CARDH avertit que la mauvaise gestion de cette affaire pourrait conduire à une parodie de justice, écartant des éléments essentiels pour identifier les auteurs intellectuels et les motifs du crime.

Face aux limites du système judiciaire haïtien, exacerbées par le dysfonctionnement et l’insécurité, le CARDH réaffirme la nécessité d’un Tribunal Spécial ou d’une Chambre Spéciale. Seule une telle juridiction pourrait mener une enquête judiciaire véritable et rendre une décision de justice appropriée pour ce crime transnational.

L’assassinat de Jovenel Moïse reste un point de tension majeure en Haïti, soulignant les défis auxquels le pays fait face en matière de justice et de sécurité.