Traite des êtres humains : le HCR demande plus de services de protection le long des itinéraires de la Corne de l’Afrique et du Sahel vers l’Afrique du Nord

Photo Unicef/image d'illustration

Les services de protection font cruellement défaut aux réfugiés et aux migrants effectuant des voyages périlleux depuis le Sahel et la Corne de l’Afrique vers l’Afrique du Nord et l’Europe, y compris les survivants de la traite des êtres humains, a averti l’agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), à l’occasion de la Journée mondiale contre la traite des personnes.

NEW-YORK, samedi 30 juillet 2022– Selon un rapport du HCR publié vendredi, certaines victimes sont laissées pour mortes dans le désert, d’autres subissent des violences sexuelles et sexistes répétées, des enlèvements contre rançon, des tortures et de nombreuses formes d’abus physiques et psychologiques.

« Je suis consterné par les abus auxquels les réfugiés et les migrants sont confrontés lorsqu’ils traversent le Sahel, l’Est et la Corne de l’Afrique vers l’Afrique du Nord, et parfois vers l’Europe », a déclaré l’Envoyé spécial du HCR pour la situation en Méditerranée centrale et occidentale, Vincent Cochetel. « Trop de vies ont été perdues ou brisées sur ces routes ».

Le rapport met en évidence les lacunes des services de protection disponibles, notamment en matière d’hébergement, d’accès à la justice, d’identification des survivants et de mise en place de réponses à la violence sexiste, à la traite et aux enfants non accompagnés et séparés.

Il couvre 12 pays : Burkina Faso, Cameroun, Tchad, Côte d’Ivoire, Djibouti, Ethiopie, Mali, Mauritanie, Maroc, Niger, Somalie et Soudan.

Cochetel a souligné le besoin urgent d’un financement plus important pour mettre en œuvre de meilleurs services pour prévenir la traite des êtres humains, identifier et soutenir les survivants, garantir l’accès à l’asile pour les victimes et les personnes menacées de traite qui ont besoin d’une protection internationale, ainsi que pour traduire les auteurs en justice.

Il a également souligné la nécessité pour les États, les organes des Nations Unies, la société civile et les ONG de redoubler d’efforts pour mettre en œuvre les cadres internationaux existants, tels que les protocoles de Palerme sur la traite des êtres humains et le trafic de migrants, qui constituent le meilleur moyen collectif de sauver des vies et de combattre ces crimes.

Cochetel met également en garde contre une « expansion mondiale de l’utilisation de la technologie et des plateformes en ligne permettant aux trafiquants et aux passeurs de faire la publicité de leurs services et d’attirer des victimes sans méfiance ».

Il souligne qu’une partie de ce nouvel effort doit pour autant impliquer une collaboration entre les États et le secteur privé pour réprimer l’utilisation d’Internet par les trafiquants pour identifier, préparer et recruter des victimes, y compris des enfants.

Les technologies numériques peuvent cependant également être exploitées pour fournir aux communautés des informations fiables sur les risques des voyages irréguliers, y compris la traite, et leur donner des conseils et des informations sur les options sûres, souligne le HCR, ajoutant que toutes les mesures visant à lutter contre la traite et le trafic d’êtres humains, y compris en ligne, doivent être conformes au droit international et aux normes relatives aux droits de l’homme.

Le rapport, intitulé « Mapping of Protection Services for Vulnerable People on the Move, Including Victims of Trafficking » (cartographie des services de protection pour les personnes vulnérables en déplacement, y compris les victimes de la traite), fournit des informations adaptées aux réfugiés et aux migrants sur les services actuellement disponibles sur les différentes routes.

Il sert également de référence aux donateurs pour cibler les investissements en ressources là où ils sont le plus nécessaires, et aux acteurs les mieux placés pour fournir ces services essentiels.

L’appel pour protéger les réfugiés effectuant des voyages dangereux le long des routes vers l’Europe, à travers la Méditerranée centrale et occidentale et l’Atlantique, n’est actuellement financé qu’à hauteur de 30%

Afin de soutenir et d’aider les survivants, il préconise la mise en place de refuges et d’espaces sûrs au niveau communautaire, un meilleur accès aux services juridiques et des services différenciés pour les enfants et les femmes survivants de la traite et de la violence sexiste.

Il identifie également les endroits critiques sur les routes qui servent de « dernières étapes » avant que les réfugiés et les migrants ne s’embarquent pour de nouveaux voyages à travers le Sahara.

Si l’on ne parvient pas à combler les lacunes en matière de services dans ces endroits, on rate l’occasion d’aider les personnes à accéder à la protection et à la sécurité plutôt que de poursuivre leur voyage en mettant leur vie en danger, avertit le HCR.

En avril 2022, le HCR a publié une stratégie actualisée intitulée « Protection, sauver des vies et trouver des solutions pour les réfugiés effectuant des voyages dangereux – le long des routes vers l’Europe à travers la Méditerranée centrale et occidentale et l’Atlantique », demandant 163,5 millions de dollars pour aider et protéger des milliers de réfugiés et d’autres personnes. Il n’est actuellement financé qu’à hauteur de 30%.

 

 

Source : ONU