Traite des enfants : Une experte de l’ONU alarmée par la hausse de la traite des enfants, « crime peu coûteux et peu risqué »…

Najat Maalla M’jid, Représentante spéciale du Secrétaire général sur la violence à l’encontre des enfants...

NEW-YORK, mercredi 11 mars 2025,(RHINEWS)- La traite des enfants est un crime en constante progression, aussi bien au sein des nations qu’à l’échelle transnationale. Mercredi, lors d’une intervention devant le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies, Najat Maalla M’jid, Représentante spéciale du Secrétaire général sur la violence à l’encontre des enfants, a alerté sur une hausse inquiétante de l’exploitation des mineurs à travers le monde.

Selon le dernier Rapport mondial sur la traite des personnes, les enfants représentent 38 % des victimes identifiées, un chiffre en nette augmentation depuis 2019. Cette tendance est particulièrement marquée chez les filles, qui sont plus souvent victimes d’exploitation sexuelle. Toutefois, le nombre réel de victimes pourrait être bien plus élevé, car les enfants restent largement invisibles dans les statistiques officielles.

La traite des enfants ne se limite pas à une seule forme d’exploitation. Mariages forcés, esclavage sexuel, enrôlement dans des groupes armés, mendicité contrainte ou encore travail forcé dans des industries extractives : la diversité des abus subis par les enfants témoigne d’un système criminel bien organisé.

Des particularités régionales existent : en Afrique subsaharienne, 61 % des victimes détectées sont des enfants, un chiffre supérieur à celui des adultes. Dans les zones de crise et de conflit, les groupes criminels et armés exploitent cette vulnérabilité pour recruter de nouveaux membres.

Par ailleurs, l’essor du numérique et de l’intelligence artificielle facilite l’exploitation des mineurs. Les trafiquants utilisent désormais les cryptomonnaies pour monétiser des contenus d’abus sexuels, rendant les enquêtes plus complexes et la traçabilité plus difficile.

L’un des cas les plus alarmants de cette crise se déroule actuellement en Haïti, où l’instabilité grandissante a permis aux gangs criminels de renforcer leur emprise sur les communautés vulnérables. Depuis la formation en février 2024 de la coalition de gangs “Viv Ansanm”, la violence a explosé, notamment à Port-au-Prince et dans ses environs.

Les enfants sont particulièrement touchés par cette escalade. L’UNICEF estime que près de 1,2 million d’enfants haïtiens vivent sous la menace directe des violences armées. Entre 30 et 50 % des membres des gangs en Haïti sont des mineurs. Ces derniers sont souvent forcés de devenir informateurs, soldats ou esclaves sexuels. S’ils refusent, ils risquent d’être tués, et leurs familles également.

“Les gangs les attirent en leur promettant de la nourriture, une protection, et parfois même une arme. Mais une fois enrôlés, ils ne peuvent plus partir,” explique un travailleur humanitaire en Haïti.

Certains enfants témoignent du cauchemar qu’ils vivent quotidiennement. Un garçon de 13 ans, après avoir fui son domicile où il était maltraité, a été recruté par le gang “5 Segonn”, actif dans le quartier du Village de Dieu. “J’avais faim, je n’avais nulle part où aller. Ils m’ont donné un endroit où dormir et à manger, mais en échange, je devais les aider,” raconte-t-il.

Face à cette situation catastrophique, les organisations de défense des droits humains et des enfants réclament une action internationale urgente. L’UNICEF et Amnesty International dénoncent l’impunité dont bénéficient ces criminels et exigent une protection accrue pour les enfants haïtiens.

“Chaque enfant mérite de vivre sans peur. Il est urgent d’intervenir,” déclare Geeta Narayan, représentante de l’UNICEF en Haïti.

Cependant, les condamnations restent rares, malgré les milliards de dollars générés chaque année par la traite des enfants. Le dernier rapport de l’Organisation internationale du travail (OIT) évalue les profits illégaux du travail forcé à 236 milliards de dollars par an, en hausse de 37 % depuis 2014.

Pour mettre fin à ce fléau d’ici 2030, les experts appellent à des sanctions plus sévères, une coopération internationale accrue et un soutien renforcé aux victimes. L’implication des survivants et des enfants à risque est essentielle pour développer des stratégies de lutte réellement efficaces.

“Nous devons agir mieux et plus vite pour mettre un terme à ce crime odieux,” conclut Mme Maalla M’jid.