Toujours pas de procès en vue, 34 mois après l’assassinat du président Jovenel Moïse en Haïti…

Jovenel Moise, ex-president d'Haiti

PORT-AU-PRINCE, mardi 7 mai 2024 – Trente-quatre (34) mois se sont écoulés depuis que le président Jovenel Moïse, 53 ans, a été assassiné dans sa chambre dans la nuit du 6 au 7 juillet 2021 par un commando composé de Colombiens, d’Américains originaires d’Haïti et d’Haïtiens.

Il y a bientôt trois ans exactement depuis que le crime a été commis. Le 25 janvier dernier, le magistrat instructeur en charge du dossier a rendu son ordonnance de clôture.

Dans son ordonnance, le juge Walter Wesser Voltaire a ordonné des poursuites pénales contre l’ex-première dame Martine Moïse et 50 autres individus, dont l’ex-premier ministre intérimaire Claude Joseph, l’ancien directeur général a.i de la police nationale, Léon Charles entres autres,  devant un tribunal pénal pour y être jugés sur les faits d’association de malfaiteurs, de vol à main armée, de terrorisme, d’assassinat et de complicité d’assassinat contre la personne du président.

Les charges concordantes et les indices d’implication de l’ex-première dame dans l’assassinat du président Jovenel Moïse sont suffisants, note l’ordonnance, qui précise que les déclarations de l’ex-première dame sont si entachées de contradictions qu’elles la discréditent.

L’ordonnance a été rejetée par la plupart des inculpés qui la qualifient de “politique” ou de “torchon judiciaire”. Trois mois après que cette ordonnance a été rendue, aucun procès n’est en vue. Non seulement elle est contestée par les inculpés qui clament leur innocence, mais les institutions publiques sont dysfonctionnelles.

En outre, le 2 mars dernier, une coalition de gangs dénommée “Viv Ansanm” a mené un raid sur le principal centre carcéral du pays, le Pénitencier National, libérant ainsi non seulement des chefs de gangs dangereux, mais également des inculpés dans l’assassinat du président.

Le 19 décembre 2023, un juge fédéral à Miami a condamné à la réclusion à perpétuité un ancien sénateur haïtien, John Joel Joseph, 51 ans, pour sa conspiration en 2021 visant à assassiner le président haïtien Jovenel Moïse. Il est le troisième parmi les 11 suspects détenus et inculpés à Miami à être condamné dans cette affaire, qualifiée par les procureurs américains de complot ourdi à la fois en Haïti et en Floride pour engager des mercenaires afin d’enlever ou de tuer Moïse.

Les autres personnes condamnées dans cette affaire sont l’homme d’affaires haïtien-chilien Rodolphe Jaar et l’officier de l’armée colombienne à la retraite Germán Alejandro Rivera García, tous deux condamnés à la réclusion à perpétuité. Joseph Vincent, citoyen haïtiano-américain et ancien informateur confidentiel pour l’Administration américaine de lutte contre les drogues (DEA), a plaidé coupable.

Plusieurs autres accusés attendent leur procès cette année dans le sud de la Floride dans le cadre de cette même affaire.