Port-au-Prince, dimanche 24 avril 2022- Jacques Ted St-Dic, membre du bureau de suivi de l’accord de Montana (BSA) déclaré noter que, en dépit du fait que le pouvoir présidentiel est exercé par le Core Group, un collectif d’ambassades conduit par celle des Etats-Unis en Haïti, le premier ministre de fait Ariel Henry n’a pris aucune initiative concrète en vue d’une solution a la crise.
Selon M. St-Dic, Ariel Henry est en train d’exécuter les commandes du Core Group qui a validé son pouvoir de premier ministre après avoir été nommé deux jours avant l’assassinat de l’ex-président Jovenel Moïse.
De l’avis de St-Dic, au-delà de M. Henry qui se soumet aux caprices du Core Group, c’est le collectif présidentiel qui s’est opposé à la mise en place d’un pouvoir réel de transition de rupture emmené par un gouvernement bicéphale.
Il dit souligner un double langage pratiqué par Ariel Henry et le collectif présidentiel qui tiennent un discours public sur leur volonté présumée de négocier une sortie de crise alors qu’en même temps, ils ne font véritablement rien pour faciliter une reprise des discussions avec les initiateurs de l’accord de Montana.
Interviewé par RHINEWS, Ted St-Dic rappelle qu’Ariel Henry a ignoré deux correspondances qui lui ont été adressées par le BSA pour la reprise des pourparlers afin de trouver une issue à la crise en insistant sur le fait que celle-ci doit être résolue par les haïtiens.
Il affirme que les initiateurs de l’accord de Montana demeurent ouverts au dialogue, condition indispensable pour arriver à un consensus large et inclusif permettant de résoudre définitivement la crise qui a trop duré.
Il dit déplorer que ceux qui détiennent le pouvoir en Haïti se montrent insensibles à la souffrance du peuple haïtien en proie à l’insécurité criminelle, au kidnapping et à toutes sortes de violence et de privation.
« Ce que nous voulons au niveau de l’accord de Montana, c’est de construire un pouvoir incarnant une nouvelle approche dans la gouvernance politique et économique du pays-un gouvernement qui soit à l’écoute des inquiétudes et préoccupations haïtiens et à même d’apporter des réponses à leurs revendications », déclare Ted St-Dic.
Il déplore que le Core Group, Ariel Henry et alliés aient déjà fait perdre au pays neuf (9) mois sans résoudre le moindre problème alors la transition de rupture n’a toujours pas commencé.
‘‘Depuis neuf mois, la situation globale du pays s’est détériorée dangereusement, mais le pouvoir en place et ses alliés ne jurent que par la tenue d’élections alors les conditions sécuritaires, techniques et politiques ne sont pas réunies, souligne St-Dic.
Il déclare que ce que l’accord de Montana préconise, c’est une solution haïtienne a la crise, c’est le recouvrement la souveraineté nationale et la réappropriation de l’indépendance nationale. ‘‘ C’est pourquoi d’ailleurs, poursuit-il, nous sommes arrivés au schéma du collège présidentiel afin de construire un large consensus mettant ensemble les forces politiques, sociales et populaires dans le cadre d’une gestion rationnelle de l’Etat qui permettra d’adresser efficacement les problèmes liés à l’insécurité, à la crise économique, à la pauvreté, à la justice entre autres.
Selon M. St-Dic qui désapprouve la décision unilatérale d’Ariel Henry mettre en place une commission de médiation, le secteur privé des affaires, le secteur religieux et d’autres groupes devraient s’impliquer dans l’effort entrepris en vue d’une solution à la crise.
Soulignant que la recherche de solution a la crise actuelle nécessite l’implication de tout un chacun, St-Dic précise que les initiateurs de l’accord de Montana continuent de discuter avec de nombreux secteurs du pays afin de construire ce large consensus indispensable à une sortie de crise.
« Avant tout, il faut considérer les intérêts du pays. Il faut voir la misère imposée au peuple haïtien, privé de ses droits les plus élémentaires », insiste-t-il, soulignant qu’il est inacceptable que les citoyens ne peuvent pas vaquer librement à leurs activités quotidiennes en raison de l’insécurité contre laquelle rien n’a été fait.
Selon lui, les pays d’où proviennent les armes qui alimentent l’insécurité en Haïti ne peuvent prétexter être innocents dans calamité et la détresse du peuple haïtien.
Il estime qu’il faut une vraie transition de rupture qui tranche avec les méthodes et pratiques du passé pour inspirer confiance à la population.
‘‘Il faut non seulement agir sur les facteurs sociaux qui prédisposent, dans certains cas, les jeunes des quartiers difficiles à la délinquance qui mène au grand banditisme, il faut aussi agir sur les causes facilitant l’accès facile aux armes destructrices’’, soutient-il.
Ted St-Dic appelle Ariel Henry à ne pas s’entêter à diriger le pays contrer les intérêts des haïtiens pour faire plaisir au Core Group et à faire preuve d’un peu d’humanité par rapport à la souffrance de la population, s’il lui en reste quelque chose, et à se garder de se moquer du peuple haïtien.
Le 18 mars dernier, lors une adresse à la nation, Dr. Ariel Henry qui rentrait d’un voyage à l’étranger, avait appelé à un dialogue entre son gouvernement et les différents secteurs du pays, dont l’église, le secteur privé, les partis politiques, les représentants des accords de Montana, du PEN et de la société civile, afin, a-t-il dit, de construire un consensus large pour sortir le pays de la crise.
Cependant, M. Henry avait défini lui-même les thèmes autour desquels ce dialogue devrait dérouler, notamment l’élaboration d’une nouvelle constitution et la préparation des élections à travers la mise en place d’un nouveau conseil électoral provisoire.
Aucun contact n’a été pris avec les secteurs concernés pour entamer véritablement ce dialogue, plus d’un mois après cette annonce.