CAYES, mardi 12 décembre 2023 – SOS Journalistes exprime sa satisfaction quant à la libération, samedi dernier, du journaliste Guerlan Hyppolite. Cependant, l’organisation condamne vigoureusement l’action du commissaire Ronald Richemond qui a profité de cette occasion pour libérer Wikens Thirogène (alias Pouchon), bien qu’il n’ait en aucun cas été visé par l’ordonnance du juge d’instruction accordant une libération en faveur du journaliste.
En effet, le commissaire Richemond, que l’on suppose être un proche allié de Wikens Thirogène, a procédé à la libération de ce dernier à l’insu du juge instructeur. Thirogène avait été arrêté par la police dans le cadre de l’assassinat en octobre 2022 du journaliste et commentateur politique Garry Tesse, selon les déclarations de Joseph Guyler C. Delva, le responsable de SOS Journalistes.
Garry Tesse, animateur d’une émission politique sur Lebon FM, avait été porté disparu le 18 octobre 2022, et son corps avait été découvert le 24 octobre de la même année à Foco, près de la ville des Cayes.
“À la surprise de plus d’un, c’est le journaliste Guerlan Hyppolite, un proche allié du journaliste défunt, qui a été arrêté sur mandat du commissaire Richemond, dont des agents de la sécurité rapprochée (des policiers en détachement) sont soupçonnés d’implication dans ce crime odieux”, a indiqué Guyler C. Delva.
Guerlan Hyppolite, détenu pendant 344 jours (du 30 déc. 2022 au 9 déc. 2023), a finalement été libéré par le commissaire sur ordre du juge d’instruction, au milieu d’une campagne de dénonciations menée par des organisations défendant la liberté de la presse et d’expression, dont SOS Journalistes.
Au cours de l’enquête, la police a arrêté et détenu Wikens Thirogène (alias Pouchon). Cependant, le 30 octobre 2023, le juge instructeur Robert Jourdain a émis une demande de mainlevée du mandat d’écrou uniquement en faveur du journaliste Guerlan Hyppolite.
Toutefois, à la stupéfaction générale, “le commissaire Richemond a décidé, de sa propre initiative, de libérer le suspect Wikens Thirogène, dont le nom n’a jamais été mentionné dans la demande de mainlevée du juge instructeur ; ce qui représente un grave manquement aux lois et procédures régissant la matière”.
Selon des spécialistes, le commissaire Ronald Richemond aurait dû retourner le dossier au juge instructeur avant de procéder à la libération effective de quiconque, placé sous l’autorité du juge d’instruction, dans le cadre de l’enquête. Néanmoins, il avait catégoriquement refusé de retourner, en bonne et due forme, le dossier au juge d’instruction, Robert Jourdain, pour les suites légales.
Le commissaire a prétexté qu’un pourvoi en Cassation avait été introduit et qu’il fallait attendre la décision de ladite Cour avant qu’il ne puisse retourner le dossier au juge d’instruction pour les suites de droit. Cette position, considérée comme étant de nature à bloquer le processus légal, a été vivement combattue par les activistes des droits des journalistes.
SOS Journalistes condamne avec force ce comportement illégal du commissaire du gouvernement et appelle les autorités politiques et judiciaires compétentes à assumer pleinement leurs responsabilités, sous peine de s’associer à ces actes arbitraires aux conséquences désastreuses pour la liberté de la presse et d’expression, pour l’État de droit et la démocratie tant espérée par les Haïtiens depuis trop longtemps.
SOS Journalistes enjoint le Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire (CSPJ) et le Ministère de la Justice et de la Sécurité Publique (MJSP) à prendre toutes les mesures nécessaires pour rectifier la situation entravant le bon déroulement de cette enquête importante et cruciale pour la corporation des journalistes, et plus généralement pour la société.