MIAMI, (FL), dimanche 26 janvier 2025 – Le conseiller-président, Smith Augustin, membre du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), a démenti catégoriquement que les fonds alloués aux services de renseignement aient été distribués aux membres du Conseil pour un usage personnel. « C’est absolument faux. L’argent du renseignement n’a jamais été distribué aux conseillers-présidents pour en faire un usage personnel », a déclaré Augustin lors d’une interview accordée à RHINEWS.
M. Augustin a affirmé que les allégations selon lesquelles les fonds alloués aux services de renseignement ont été détournés sont infondées et relèvent d’une tentative de certains secteurs visant à provoquer l’éclatement du CPT afin de faire dérailler la transition et de s’accaparer du pouvoir. Il a admis qu’il existe, au niveau de la Présidence, un fonds alloué au renseignement, mais les conseillers-présidents n’ont pas la capacité d’en disposer, car ils ne sont pas ordonnateurs de dépenses publiques. Il a souligné que, pour des raisons de sécurité, il n’était pas possible de discuter publiquement de la gestion des fonds de renseignement.
Poursuivi en justice ainsi que deux autres conseillers-présidents, Louis Gérald Gilles et Emmanuel Vertilaire, pour leur implication présumée dans le scandale de corruption des 100 millions de gourdes de la Banque Nationale de Crédit (BNC), Smith Augustin a dénoncé un complot visant à discréditer le CPT et à ternir leur image dans l’opinion publique. « C’est une machination politique dont l’objectif est de nous détruire et de déstabiliser le Conseil afin d’entraîner le pays dans une nouvelle transition, avant même que l’actuel pouvoir de transition ne conduise le pays vers les prochaines élections pour doter Haïti d’autorités légitimes choisies par les Haïtiens à travers les urnes », a-t-il affirmé.
« C’est un défi et nous comptons le relever. Nous n’avons pas le droit à l’échec. Nous allons créer les conditions de sécurité afin d’organiser les prochaines élections générales dans le pays, en passant par la mise en œuvre complète de la feuille de route définie dans l’accord du 3 avril 2024 », a insisté Augustin.
À titre de rappel, l’instruction sur le dossier du scandale de corruption des 100 millions de gourdes de la Banque Nationale de Crédit (BNC) impliquant Louis Gérald Gilles, Emmanuel Vertilaire et Smith Augustin, conseillers-présidents membres du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), est bouclée. Le magistrat instructeur en charge de cette affaire, Félismé Benjamin, a transmis vendredi le dossier au commissaire du gouvernement de Port-au-Prince pour son réquisitoire définitif.
Après le réquisitoire définitif du commissaire du gouvernement – auquel le magistrat instructeur n’est pas nécessairement lié – le dossier lui sera transmis à nouveau pour son ordonnance de clôture.
En octobre 2024, l’Unité de Lutte Contre la Corruption (ULCC) a, à l’issue de son enquête, exigé des poursuites pénales contre Louis Gérald Gilles, Smith Augustin, Emmanuel Vertilaire et Raoul Pascal Pierre Louis, ex-président du Conseil d’Administration de la Banque Nationale de Crédit (BNC), pour leur implication présumée dans des actes de corruption.
Cette affaire a éclaté à la suite de négociations relatives à la reconduction de Raoul Pascal Pierre Louis à la tête de la BNC. Une réunion déterminante s’est tenue à l’hôtel Royal Oasis, dans la chambre 408, entre Raoul Pascal Pierre Louis et les membres du CPT, en présence du consul Lonick Léandre. Cette rencontre aurait été organisée par Louis Gérald Gilles, un proche de Raoul Pascal Pierre Louis.
Il a été rapporté que, lors de cette réunion, Gilles, Vertilaire et Augustin auraient exigé une somme de 100 millions de gourdes pour assurer la reconduction de Pierre Louis à la tête de la BNC. Ces accusations sont étayées par une lettre adressée au Premier ministre Gary Conille le 24 juillet 2024, ainsi qu’un procès-verbal établi par le juge de paix Fritz Veus. Des échanges sur WhatsApp entre Pierre Louis et Louis Gérald Gilles confirment également ces allégations.
Raoul Pascal Pierre Louis aurait proposé un prêt, une ligne de crédit ou l’utilisation de biens de la BNC pour satisfaire cette demande. Dans ce cadre, la direction des opérations de carte de crédit de la BNC a émis quatre cartes de crédit préapprouvées, d’un montant total de 20 000 USD pour trois membres du CPT et de 13 500 USD pour Lonick Léandre. Ces cartes ont été utilisées, et des paiements ont commencé dès l’ouverture de l’enquête.
L’ULCC, dans son rapport, a conclu que les membres du CPT avaient abusé de leurs fonctions et s’étaient rendus coupables de corruption passive et de versement de pots-de-vin, des actes réprimés par la loi du 12 mars 2014 sur la prévention et la répression de la corruption. Raoul Pascal Pierre Louis, de son côté, est accusé de corruption active et de complicité.
Les analyses des communications téléphoniques ont révélé des échanges fréquents entre Pierre Louis, Léandre et Gilles, renforçant les soupçons d’un arrangement illicite. Par ailleurs, l’utilisation des fonds de renseignement de la Présidence pour financer ces transactions soulève de graves inquiétudes.
Face à ces révélations, l’ULCC a recommandé des poursuites pénales contre les trois conseillers-présidents pour abus de fonction, corruption passive et détournement de fonds publics. Elle a également demandé des poursuites contre Raoul Pascal Pierre Louis pour corruption active, et contre Lonick Léandre, considéré comme un instigateur clé. Ces recommandations marquent une étape cruciale dans la lutte contre la corruption en Haïti.
Au cœur de cette affaire se trouve une lettre dans laquelle Raoul Pascal Pierre Louis accuse les membres du CPT d’avoir exigé des fonds en échange de sa reconduction. Cette correspondance, datée du 24 juillet 2024, a provoqué un tollé dans les sphères politiques et économiques du pays.
L’ULCC, après avoir activé une commission d’enquête, a convoqué Pierre Louis pour vérifier ses accusations. Lors de son audition, il a confirmé l’authenticité de ses propos et révélé que la réunion en question avait été orchestrée dans une ambiance de secret, où l’utilisation de téléphones portables était interdite. Cette mesure inhabituelle, selon Pierre Louis, visait à protéger la confidentialité de discussions potentiellement illicites.
Les membres du CPT ont rejeté ces accusations, qualifiant la réunion de simple rencontre de courtoisie. Cependant, la commission d’enquête a pu établir que la réunion avait bel et bien eu lieu et que des avantages financiers avaient été accordés aux membres impliqués.
Les inculpés ont toujours rejeté ces accusations, mais ils ne se sont jamais présentés devant le juge dans le cadre de l’instruction de l’affaire, en dépit de multiples convocations. En raison de leur refus de comparaître, le magistrat a émis des mandats de comparution, qui n’ont jusqu’ici pas été exécutés.
Emmanuel Vertilaire, qui a contesté la compétence du magistrat instructeur, a obtenu un réquisitoire du commissaire du gouvernement à la Cour d’Appel de Port-au-Prince, Claude Jean, contestant le mandat émis contre lui. Poursuivi pour abus de fonction, versement de pots-de-vin et corruption passive, Vertilaire considère ces poursuites comme une atteinte à son statut de conseiller-présidentiel.