Port-au-Prince, jeudi 6 janvier 2022- En plus de l’absence de supplément d’enquête de [police judiciaire dans le cadre de l’assassinat de l’ancien président Jovenel Moïse, le réseau national de défense des droits humains (RNDDH) relève que l’instruction de l’affaire patauge.
Dans un rapport de rappel, le RNDDH souligne que seules quelques rares auditions et un transport sur les lieux du crime à grands renforts de publicité, ont été réalisés.
‘‘Il ne s’agit pas d’une surprise dans la mesure où, dès sa désignation, écrit le RNDDH, les capacités du magistrat instructeur à mener à bien une telle enquête, avaient été remises en question.’’
De l’avis de l’organisation de défense des droits de l’homme, le magistrat, par conséquent, aurait dû se rendre compte de la complexité d’un tel dossier et octroyer commission rogatoire à la DCPJ pour approfondir ses investigations et fournir à la chambre criminelle, d’autres éléments cruciaux qui auraient pu aider à la manifestation de la vérité.
Le RNDDH estime que les autorités policières et judiciaires doivent s’engager à mener une enquête impartiale, auditionner tous ceux et toutes celles qui pourraient avoir un lien avec les personnes indexées dans cet assassinat et étendre leurs investigations aux institutions bancaires, dans le but de trouver les informations susceptibles d’aider à la manifestation de la vérité et à l’identification de tous les auteurs intellectuels et matériels de ce crime.
Concernant le financement du crime, le RNDDH dit croire que le fait de ne pas vouloir étendre l’investigation criminelle aux institutions bancaires ayant hébergé des comptes qui avaient consenti des transactions en vue de payer les assassins de Jovenel MOÏSE, ne les protège en rien.
De même, le RNDDH souligne que l’ancien directeur général a.i. de la PNH Léon Charles s’était entretenu à plusieurs reprises avec Joseph Félix Badio un des suspects clés dans l’assassinat de Jovenel Moïse.
‘‘Plus que jamais, l’organisation estime que Léon Charles a pour obligation de fournir des informations sur ses liens avec ce dernier, d’autant plus qu’il figurait parmi les premières personnes contactées par Jovenel MOÏSE la nuit de son assassinat et qu’il avait décidé de ne pas lui porter assistance.
‘‘Ce qui au début de l’enquête menée par la police judiciaire pouvait être considéré comme étant un intérêt pour l’avancement du dossier, poursuit le RNDDH, doit être analysé à la lumière de ces probables liens avec Joseph Félix BADIO et considérés comme étant une éventuelle manœuvre pour orienter l’enquête et éviter que son nom ne soit mentionné dans le rapport.’’
Selon l’organisation, puisque des ressortissants étrangers avaient pris une part active à la préparation et à la perpétration de cet assassinat, il est aussi important de travailler assidument avec des agences d’intelligence étrangères capables d’aider à retracer les auteurs et coauteurs de ce crime.
‘‘La preuve irréfragable, déclare le RNDDH, reste et demeure l’arrestation et l’extradition de Mario Antonio Palacios Palacios alias Floro par les autorités américaines alors que l’Etat haïtien n’a pu réussir à le faire venir en Haïti.’’
L’organisation souhaite que les raisons pour lesquelles la DCPJ n’a plus accès aux bases de données de l’OAVCT, de la DGI, de l’ONI et de la Direction de l’Immigration et de l’Emigration soient élucidées car, cette subite interdiction entrave la bonne marche de l’enquête judiciaire.
Le RNDDH déplore qu’en absence de toute instruction judiciaire, ‘‘le magistrat Garry Orélien use de sa position pour, en complicité avec son greffier Elysée Cadet, intimider des personnes et tenter de leur extorquer des biens.’’
Le document du RNDDH suggère que les cellules d’inspection judiciaire tant au niveau du Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire (CSPJ) qu’au niveau du Ministère de la Justice et de la Sécurité Publique ouvrent rapidement une enquête sur le comportement du magistrat Garry Orélien et de son greffier Elysée Cadet et de les sanctionner rigoureusement.
Le RNDDH se dit convaincu que le président Jovenel Moïse a été livré par les responsables de sa sécurité. Car, sans la participation active du commissaire divisionnaire Jean Laguel Civil et du commissaire municipal Dimitri Hérard, respectivement coordonnateur de la sécurité générale du président et responsable en chef de l’USGPN, l’assassinat n’aurait pu être perpétré de la sorte.
L’organisation recommande la reprise de l’enquête de police judiciaire ; l’identification des institutions bancaires qui, en Haïti, ont permis de payer la préparation et la perpétration du crime ; l’audition de toutes les personnes sans distinction qui se sont entretenues avec celles indexées dans le crime entre