PORT-AU-PRINCE, mardi 21 janvier 2025– En Haïti, les attaques contre des véhicules diplomatiques et consulaires se multiplient, mettant en lumière l’intensification de la violence dans le pays. Mardi, trois véhicules ont été pris pour cible par des gangs armés à proximité de l’aéroport international Toussaint Louverture à Port-au-Prince, dont deux étaient blindés et portaient des plaques diplomatiques. Ces attaques ont causé la mort d’une femme et fait six blessés par balle, selon un rapport de la société de sécurité Halo Solutions.
Parmi les victimes, un membre de la famille du consul honoraire de l’Inde a été blessé à la jambe alors qu’il voyageait dans un véhicule blindé. Les conducteurs de deux autres véhicules ont également été touchés : l’un d’eux, gravement blessé à l’abdomen, est dans un état critique, tandis que l’autre, blessé à la jambe, est dans un état stable. Un troisième véhicule non blindé a été attaqué, causant la mort d’une passagère. Les deux autres occupants de la voiture ont survécu, mais le véhicule a été incendié après l’attaque. Les survivants se sont rendus à l’hôpital La Paix, non loin des lieux de l’attaque, pour recevoir des soins.
Ces incidents surviennent moins de 24 heures après qu’un gang armé a ouvert le feu sur un véhicule blindé de l’ambassade des États-Unis, blessant un employé local. Halo Solutions a déclaré que ces événements illustrent les risques croissants pour les trajets de routine dans des zones vulnérables de Port-au-Prince.
Les zones touchées par ces attaques incluent Terre Noire, entre Barbancourt et la Route 9, ainsi que les environs de l’ambassade des États-Unis et de Visa Lodge. Selon Halo Solutions, ces actions pourraient être des représailles aux récentes opérations de la police et de la Mission Multinationale de Sécurité (MSS) contre les gangs armés.
Ces actes de violence interviennent dans un contexte où l’insécurité en Haïti ne cesse de s’aggraver. En 2024, plus de 5 600 personnes ont été tuées à cause des conflits liés aux gangs, et plus d’un million d’individus ont été déplacés à travers le pays. En novembre dernier, des gangs avaient également ouvert le feu sur des avions commerciaux américains à proximité de l’aéroport de Port-au-Prince, entraînant une interdiction des vols américains vers la capitale par l’Administration fédérale de l’aviation (FAA).
Ces attaques surviennent alors que des discussions importantes s’apprêtent à avoir lieu au niveau diplomatique. Le président colombien Gustavo Petro doit se rendre mercredi dans la ville de Jacmel, marquant la première visite d’un président colombien en Haïti en plus de 20 ans. Parallèlement, le Conseil de sécurité des Nations Unies tiendra une réunion à New York pour évaluer la crise politique, sécuritaire et humanitaire en Haïti.
Lors de cette réunion, le ministre des Affaires étrangères de la République dominicaine, Roberto Álvarez, devrait réitérer l’appel de son pays à transformer la mission de sécurité dirigée par le Kenya en une opération officielle de maintien de la paix sous l’égide des Nations Unies, afin de garantir un financement et un déploiement adéquats. La mission actuelle, principalement soutenue par l’administration Biden, fait face à des limites en raison d’un manque de fonds, d’équipements et de personnel.
Enfin, l’incertitude plane également sur l’avenir de l’aide américaine à Haïti, alors que l’ancien président Donald Trump a récemment annoncé la suspension temporaire des programmes d’aide étrangère pour une période de 90 jours, le temps d’évaluer leur conformité avec ses priorités politiques. Les États-Unis, principal bailleur de fonds d’Haïti, jouent un rôle crucial dans le financement des forces de sécurité, ainsi que dans les programmes humanitaires et sanitaires du pays.
Selon un article de Jacqueline Charles, publié initialement en anglais sur Miami Herald..