GENEVE, vendredi 8 décembre 2023– La Représentante spéciale adjointe du Secrétaire général au Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH) et Coordonnatrice résidente, Ulrika Richardson, a lancé un appel urgent à la communauté internationale pour intervenir face à la crise humanitaire dévastatrice en Haïti. Après une semaine de plaidoyer en Europe, Mme Richardson a déclaré lors d’une conférence de presse à Genève que les Haïtiens font actuellement face à une situation extrêmement difficile, qualifiée de la plus difficile de l’histoire moderne.
“Chaque jour, les Haïtiens font face aux risques d’être tués, kidnappés, ou violés. Quand ils traversent la rue, ils ont la peur de leur vie”, a souligné Mme Richardson, mettant en avant les défis omniprésents liés aux activités de près de 300 gangs, principalement actifs dans la capitale, Port-au-Prince.
Selon les informations récentes du BINUH, près de 80% de la région de la capitale est soit sous l’influence de gangs armés, soit directement contrôlée par eux. Mme Richardson a souligné la complexité de la situation, déplorant que ces groupes forment des coalitions et utilisent des tactiques sophistiquées.
Les femmes et les enfants sont les principales victimes de cette violence généralisée, avec des recrutements de mineurs par les gangs pour des opérations diverses. Les violences sexuelles et sexistes sont également devenues des armes de guerre, comme l’a révélé une étude à Cité-Soleil.
Les statistiques du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme indiquent une recrudescence alarmante des violences cette année, avec plus de 8 000 personnes tuées, blessées ou enlevées jusqu’à présent, dépassant largement le bilan de l’année 2022.
En raison de l’insécurité croissante, près de 200 000 Haïtiens ont été déplacés au cours de la dernière année, principalement dans la région de Port-au-Prince. Parallèlement, le système de santé haïtien est au bord de l’effondrement, et l’éducation de millions d’enfants est menacée, avec la quatrième année consécutive d’interruption de l’année scolaire.
Face à cette situation critique, le Conseil de sécurité a autorisé le déploiement d’une force multinationale de sécurité à la demande du gouvernement haïtien. Plusieurs pays, dont le Kenya, le Sénégal, le Burundi et des pays d’Amérique latine, ont exprimé leur intention d’envoyer des contingents.
Le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, a souligné l’importance d’un accord politique pour restaurer les institutions démocratiques, appelant tous les acteurs politiques en Haïti à travailler ensemble pour parvenir à un large consensus et assurer un État de droit et une sécurité durables. Il a exprimé son plein soutien aux efforts du Groupe de personnalités éminentes de la CARICOM et du BINUH dans la recherche de solutions durables à la crise politique en Haïti.
Ulrika Richardson a conclu en soulignant la nécessité d’investissements appropriés et durables pour permettre à Haïti de retrouver son statut de symbole de liberté, de dignité et de prospérité.