Les agriculteurs dans le Sud-Ouest d’Haïti cultivent un avenir pour le pays en continuant à travailler leurs terres malgré les difficultés causées par le tremblement de terre du 14 août.
Jérémie, jeudi 2 décembre 2021- L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) soutient leur développement depuis de nombreuses années, comme l’explique Mykerlange Balmir, membre du personnel de la FAO basé à Jérémie.
« Le tremblement de terre qui a frappé le Sud-Ouest d’Haïti en août a touché particulièrement les populations rurales, et les agriculteurs ont évidemment été très affectés.
Beaucoup ont perdu leurs maisons ainsi que leurs réserves de céréales et de semences qui se sont effondrées sous l’effet des secousses ; les terres de certains agriculteurs ont également été endommagées à cause des glissements de terrain. Dans certains cas, des fissures ont été observées lorsque le sol s’est ouvert.
La FAO soutenait les agriculteurs de Jérémie bien avant le tremblement de terre, mais notre travail ici est plus important que jamais. L’agriculture a toujours été extrêmement importante au sein de la société haïtienne.
Le pont se trouvant en dehors de la ville a été endommagé et les camions ne peuvent plus passer. Il est donc devenu très difficile pour les agriculteurs d’écouler leurs produits sur les grands marchés comme celui de la capitale, Port-au-Prince. Leurs céréales et légumes doivent être littéralement transportés à pied sur le pont s’ils veulent les exporter.
Ensuite, il y a la situation sécuritaire à Port-au-Prince, où les routes d’entrée et de sortie sont bloquées, de sorte que même si les camions arrivent à sortir de Jérémie, les marchandises peuvent ne pas atteindre la ville.
Ainsi, de nombreuses denrées alimentaires ont été gaspillées car il est impossible de les vendre aux consommateurs d’autres régions du pays. Par conséquent, de nombreux agriculteurs ont perdu de l’argent et sont maintenant plus vulnérables qu’avant. Et tous les produits en provenance d’autres zones et qui arrivent à Jérémie sont plus chers, ce qui augmente le coût de la vie pour tout le monde.
À Jérémie, nous encourageons la production locale de produits alimentaires destinés à la consommation locale et la culture semencière.
Nous soutenons une coopérative agricole de femmes : un groupe de 63 femmes qui travaillent ensemble la terre afin de récolter une variété de légumes biologiques. C’est le début de la saison et aujourd’hui, elles plantent des tomates et des piments qui pousseront à côté des choux.
Elles partagent la récolte, mangent ce dont elles ont besoin et vendent le reste en ville où elles peuvent obtenir de bons prix. Vous pouvez voir les femmes traverser le pont avec les produits empilés dans des paniers sur leur tête. Elles n’ont pas besoin de dépenser de l’argent pour le transport. Et l’argent qu’elles économisent, peut être investi dans la caisse d’épargne que la FAO a aidé à mettre sur pied.
La FAO a également formé une association de 120 agriculteurs à Jérémie pour cultiver des semences biologiques de bonne qualité pour leur propre usage et la distribution à d’autres agriculteurs vulnérables, dont beaucoup ont perdu leurs stocks lors du tremblement de terre.
La production de semences étant un processus très technique, ces agriculteurs sont devenus des spécialistes. Cette saison, ils plantent des haricots noirs, mais ils savent aussi cultiver le maïs, le manioc et la pomme de terre. La FAO achètera la majorité des semences. Ainsi, le dur labeur d’une communauté agricole profitera à d’autres (particulièrement les communautés vulnérables).
Cette approche renforce la résilience et aide les agriculteurs à se rétablir lorsqu’une catastrophe naturelle telle qu’un un tremblement de terre survient. Cette région a également connu sa part d’ouragans et de sécheresses, il est donc important que les agriculteurs soient bien préparés.
J’aime travailler avec les agriculteurs : ils sont toujours attachés à leur terre. Ils travaillent durs et se battent malgré de nombreux revers. Ils croient en l’avenir d’Haïti et je suis fier de pouvoir les soutenir dans leur développement ».
source:ONU