‘‘Scandale de corruption présumée au sein de la PNH : Frantz Elbé accusé de détournement de 8 millions de gourdes des fonds de la PNH’’ – Pierre Espérance

Frantz Elbe, ex-DG interimaire de la PNH...

PORT-AU-PRINCE, lundi 17 juin 2024Le directeur exécutif du Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH), Pierre Espérance, révèle que le directeur intérimaire sortant de la Police Nationale d’Haïti (PNH), Frantz Elbé, aurait détourné récemment un montant de 8 millions de gourdes des fonds de l’institution policière.

Selon M. Espérance, interviewé par Island TV et RHINEWS, Elbé aurait, dans un premier temps, ordonné l’achat de pneus pour les véhicules de la PNH pour un montant de 80 millions de gourdes, pour ensuite les revendre et encaisser les fonds à des fins personnelles. Soulignant que les pratiques de corruption sont courantes au sein de l’institution policière, le militant des droits humains exige un audit sur la gestion de Frantz Elbé afin de faire la lumière sur cette affaire.

Il affirme qu’il ne suffit pas de renvoyer Elbé de l’institution policière. “Il faut non seulement conduire un audit général de sa gestion, mais l’ex-DG de la PNH doit également faire l’objet de poursuites judiciaires”, soutient Espérance.

Il insiste également sur le fait que M. Elbé serait lié à des gangs armés, qui terrorisent la population haïtienne. Selon lui, c’est cette complicité qui explique, entre autres, pourquoi la PNH est incapable de mettre les gangs hors d’état de nuire. Espérance soutient qu’Elbé entretiendrait de bonnes relations avec Vitelhomme Innocent, l’un des plus redoutables chefs de gang du pays et recherché par le FBI, qui a d’ailleurs mis sa tête à prix depuis plus de deux ans.

Il plaide pour l’amélioration des conditions de vie et de travail des policiers, la conduite d’un vetting au sein de l’institution policière pour l’épurer, l’inventaire du personnel policier et du matériel et de la logistique dont dispose la PNH pour s’acquitter de sa tâche.

Selon Espérance, la PNH, qui compte actuellement moins de 10 000 policiers, peut malgré tout combattre les gangs armés, moyennant que leurs conditions de travail et leur salaire s’améliorent. Il insiste également sur la nécessité de libérer les policiers en détachement auprès de hauts fonctionnaires publics et d’autres personnalités afin qu’il y ait plus d’agents disponibles pour assurer la sécurité de la population.

Il souligne, à titre d’exemple, qu’au moins une vingtaine de policiers et presque autant de véhicules publics sont mobilisés au service de l’ancien président Michel Martelly, même quand celui-ci ne vient en Haïti que rarement. En outre, plus de cinq ans après sa présidence, il bénéficie encore de certains privilèges qui auraient dû être révoqués légalement.

Les scandales de corruption qui éclaboussent a répétions des responsables de la PNH montrent la nécessité d’une transparence accrue et d’un renforcement des mécanismes de contrôle au sein de l’institution policière pour garantir que les fonds publics soient utilisés de manière appropriée et pour restaurer la confiance du public dans cette institution essentielle à la sécurité du pays.

En avril 2022, l’action publique a été mise en mouvement contre Léon Charles, ex-directeur général a.i de la police nationale d’Haïti.

Dans un rapport d’enquête transmis au parquet de Port-au-Prince, l’ULCCC (Unité de lutte contre la corruption) a estimé que Léon Charles avait octroyé, de manière injustifiée, des avantages aux policiers et membres du personnel administratif de la PNH.

Selon l’ULCC qui a enquêté sur la gestion des fonds alimentant la carte de débit octroyée aux policiers, en agissant ainsi, M. Charles a commis une faute de gestion au sens de I ‘article 98 de la loi du 4 mai 2016 remplaçant le décret du 16 février 2005 sur le processus d’élaboration et d’exécution des lois de finances.

« Ainsi, la responsabilité de M. Charles, en tant qu’ordonnateur, doit être engagée par la Cour Supérieure des Comptes et du Contentieux Administratif (CSC-CA); car il devrait s’assurer de l’efficacité des dépenses de la PNH et du respect des décisions prises à I ‘encontre des policiers et des membres du personnel administratif (en sanctionnant toute forme de négligence qui pourrait être préjudiciable à la PNH » a souligné l’ULCC.