PORT-AU-PRINCE, mercredi 10 mai 2023– Réagissant au scandale de corruption presumee qui a éclaboussé l’ambassade d’Haïti à Washington, ensemble contre la corruption (ECC) cite le rapport d’enquête d’août 2021 qui, selon l’organisation , « a révélé l’existence ‘un système parallèle de fourniture de passeports, permettant à des hauts cadres de la diplomatie haïtienne de voler des centaines de milliers de dollars américains du denier public ».
ECC souligne que ce scandale a amené au rappel de plusieurs diplomates dont : Bocchit Edmond, ambassadeur d’Haïti à Washington et ex-ministre des affaires étrangères ; Bettina Edmond, sœur de l’ambassadeur ; Gélorme Juste, cousin de l’ancien premier ministre et ministre des affaires étrangères Claude Joseph ; Emmanuel Content, et d’autres cadres de l’Ambassade.
ECC fait mention qu’un paquet de cinquante mille dollars américains (50,000.00 USD), transporté du Chili par la Federal Express (FedEx) et destiné à Gélorme Juste, responsable de la section consulaire de l’ambassade d’Haïti à Washington, qui a été saisi par les autorités américaines.
« Malgré l’existence de ces rapports accablants, Ensemble Contre la Corruption se demande, pourquoi les autorités haïtiennes n’avaient-elles pas pris les mesures nécessaires pour épurer la diplomatie, identifier et de déférer par devant la justice tous les responsables de ce vaste réseau de corruption ? Pourquoi les dirigeants haïtiens ont-ils attendu que leur représentant à Washington soit sommé par le Département d’État américain de laisser le territoire avant que l’Ambassadeur Edmond soit rappelé à Port-au-Prince ? », s’interroge l’organisation.
ECC dénonce le fait que, selon cette structure, ‘‘les revenus sur les passeports et les autres revenus générés par les missions consulaires ne soient pas fiscalisés et ne rentrent pas au budget national.’’
De l’avis de l’organisation, ‘‘c’est ce qui expliquerait ce niveau exacerbé de corruption dans la diplomatie haïtienne. Il s’agira donc que les investigations à mener concernent non seulement le système parallèle établi, mais portent aussi sur l’utilisation des revenus générés par les missions consulaires en général’’, suggère ECC.
L’organisation se demande pourquoi les institutions nationales participant à l’intégrité des comptes publics, telles : IGF, ULCC et la CSCCA n’ont pas pu déceler les ‘‘malversations’’ de l’Ambassadeur Edmond ?
Dans un communiqué, ECC exige qu’un audit indépendant soit réalisé, afin d’identifier les auteurs et bénéficiaires de ce système parallèle établi.
‘‘L’Unité de lutte contre la corruption (ULCC) et la Cour supérieure des comptes et du contentieux administratif (CSCCA) doivent faire leur travail par rapport à ce scandale qui montre à quel point l’administration publique est rongée par la corruption’’, déclare ECC.
ECC s’est dit terrifié par ce scandale, une honte pour la diplomatie haïtienne et la fonction publique en général.
Il dénonce ‘‘le système de gouvernance publique imposé à Haïti qui ne fait qu’enrichir des agents et fonctionnaires publics au détriment de l’État et demande aux instances de contrôle de l’intégrité des comptes publics de sévir avec la plus grande rigueur contre les crimes financiers.’’
Ensemble Contre la Corruption souligne qu’il plaide depuis plusieurs années pour l’institutionnalisation d’un « Parquet National Financier Anti-Corruption » indépendant, capable de s’autosaisir dès qu’il y a clameur publique sur les crimes financiers.
« Autant dire que l’Ambassadeur Bocchit Edmond, au moment de son rappel en Haïti par ses supérieurs du Ministère des Affaires Étrangères et des Cultes, aurait été convoqué par ledit « Parquet » pour suivi judiciaire, ainsi que tous ceux qui auraient bénéficié de ce système parallèle, eux tous seraient poursuivis directement par l’appareil judiciaire sans autre intermédiaire », écrit ECC.