NEW-YORK, vendredi 22 décembre 2023– Le bilan des journalistes tués au cours des dix premières semaines de la guerre entre Israël et Gaza est plus élevé que le nombre de journalistes tués au cours d’une année entière dans n’importe quel pays, selon les données du CPJ. Au 20 décembre, au moins 68 journalistes et travailleurs des médias avaient été tués depuis le début du conflit le 7 octobre. Sur ces 68, 61 étaient Palestiniens, quatre Israéliens et trois Libanais.
Le CPJ s’est dit particulièrement préoccupé par un schéma apparent de ciblage des journalistes et de leurs familles par l’armée israélienne. « Dans au moins un cas, un journaliste a été tué alors qu’il portait clairement des insignes de presse dans un lieu où aucun combat n’avait lieu. Dans au moins deux autres cas, des journalistes ont déclaré avoir reçu des menaces de responsables israéliens et d’officiers de l’armée israélienne avant que des membres de leur famille ne soient tués », a souligné l’organisation.
“La concentration de journalistes tués dans la guerre Israël-Gaza est sans précédent dans l’histoire du CPJ et souligne à quel point la situation est grave pour la presse sur le terrain”, a déclaré la présidente du CPJ, Jodie Ginsberg.
Les décès dans la guerre Israël-Gaza interviennent dans un contexte de censure croissante des médias dans la région, comprenant au moins 20 arrestations ainsi que des harcèlements physiques et en ligne de journalistes. Des installations médiatiques ont également été endommagées ou détruites.
Les blackouts de communication répétés et le manque de carburant, de nourriture et de logement en raison des bombardements et de l’aide humanitaire limitée ont gravement entravé le reportage à Gaza, où les journalistes internationaux ont eu presque aucun accès indépendant pour la majeure partie de la guerre.
Sherif Mansour, coordinateur du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord du CPJ, a décrit la guerre comme la situation la plus dangereuse jamais vue pour les journalistes. “L’armée israélienne a tué plus de journalistes en dix semaines que n’importe quelle autre armée ou entité en une seule année. Et à chaque journaliste tué, la guerre devient plus difficile à documenter et à comprendre”, a déclaré Mansour.
Le rapport du CPJ sur ces données est accompagné d’une série d’appels à Israël et à la communauté internationale sur la manière de protéger la sécurité des journalistes.
En mai, le CPJ a publié un rapport intitulé “Modèle Mortel”, qui a révélé que des membres des Forces de défense israéliennes avaient tué au moins 20 journalistes au cours des 22 dernières années et qu’aucune personne n’avait jamais été inculpée ou tenue responsable de leur mort.