PORT-AU-PRINCE, jeudi 17 novembre 2022– Selon Pierre Espérance les sanctions imposées par la communauté internationale a certaines personnalités haïtiennes, revêtent jusqu’ici un caractère sélectif.
Il déclare qu’il ne doit pas y avoir deux poids deux mesures dans le traitement de ce dossier si la communauté internationale veut que sa démarche soit crédible et impartiale.
Cependant, Espérance déplore que la justice haïtienne ne se soit jamais intéressée à engager des poursuites à l’encontre de tous ceux qui sont accusés d’implication dans les violations des droits humains, le financement des réseaux criminels, la corruption et le trafic de drogue.
Il estime qu’ à partir des sanctions internationales, la justice haïtienne devrait être mise en branle contre tous ceux qui ont participé notamment à la dilapidation des fonds du programme Petro Caribe.
« Si la communauté internationale veut vraiment nous aider à mettre hors d’état de nuire ceux qui, depuis 2018, ont gangstérisé le pays pour prévenir tout mouvement populaire contre les corrompus qui ont siphonné littéralement les fonds Petro Caribe, elle doit s’orienter vers les tenants du régime PHTK et alliés, déclare Espérance.
Selon lui, ces gens possèdent des biens aux Etats-Unis, au Canada, en République Dominicaine entre autres, mais aucune mesure les concernant n’a toujours été annoncée par ceux qui imposent les sanctions.
‘‘Cela parait suspect et suscite des doutes légitimes chez les observateurs avisés, sachant que les rapports sur leurs implications dans des crimes de sang ou financiers sont connus’’, souligne le militant des droits humains.
Il rappelle que des gangs travaillant à la solde du régime soutenu par la communauté internationale, ont commis de 2018 à nos jours, au moins dix-neuf massacres ayant coûté la vie à près d’un millier de personnes, provoqué le déplacement des milliers de familles devenues refugiées dans leur propre pays.
‘‘Tous ces crimes demeurent impunis et leurs auteurs continuent de courir les rues librement, commettant d’autres forfaits grâce à la protection de hautes autorités de l’Etat, et c’est une honte pour la justice haïtienne’’, soutient Espérance.
Selon lui, les haitiens ont opté pour la démocratie et l’Etat de droit et n’entendent pas transiger sur ces principes. Il déclare que ‘‘l’impunité et le soutien à un régime illégitime, corrompu et criminel ne rime pas avec la démocratie.’’
Les gouvernements des Etats-Unis et du Canada ont sanctionné plusieurs chef de gangs haitiens, des membres du gouvernement en place, le président du Sénat, Joseph Lambert et l’ex-président du Sénat, Youri Latortue pour implication présumée dans le trafic de la drogue, violation des droits humains, corruption et soutien aux réseaux criminels.
Ces sanctions consistent en la suppression de leurs visas et le gel de leurs avoirs aux Etats-Unis et au Canada.