Samuel Madistin pense qu’il y a corruption avérée et interférence du parquet de Port-au-Prince dans le dossier de l’Eglise Episcopale d’Haïti…

Samuel Madistin, Avocat,

 PORT-AU-PRINCE, jeudi 20 octobre 2022– L’avocat de l’Eglise Episcopale d’Haïti (EEH), Me Samuel Madistin estime que le parquet de Port-au-Prince affiche un comportement anormal dans le cadre de l’enquête judiciaire en cours sur le dossier de trafic d’armes et de munitions qui a éclaboussé l’EEH.

Se référant au rapport du RNDDH accusant le commissaire intérimaire de Port-au-Prince d’user de ses pouvoir pour protéger certains individus indexés dans le cadre de cette affaire, Madistin affirme que, ‘‘Pour avoir milité pendant près de vingt ans au RNDDH depuis qu’il était une branche de la NCHR en Haïti je sais que c’est une organisation crédible qui se soucie beaucoup du sérieux des informations qu’il livre au public.’’

Interviewé par RHINEWS, l’avocat Evoque plusieurs raisons qui, selon lui, qu’il y a acte de corruption avérée et interférence du parquet dans le traitement du dossier.

Il souligne que M. Ronald D’Meza qui a reçu dix mille dollars américains de Rémy Lindor, propriétaire des containers n’est ni avocat ni fondé de pouvoir. « Il n’a reçu l’argent qu’en sa seule qualité de cousin du commissaire du Gouvernement, Me Jacques L’ahontant. Et l’enquête du RNDDH s’est révélée efficace dans le sens qu’elle a établi que D’Meza a fini par protéger ses clients qui n’ont jamais été inquiétés », déclare Madistin.

Il précise également que ‘‘le nom de l’Eglise Episcopale ne figure pas dans le ‘‘booking list’’ de Rémy Lindor (la liste des 43 clients de Rémy Lindor), mais l’enquête a fait étonner un focus sur l’EEH pour mieux protéger les vrais propriétaires des armes et munitions dont les noms figurent pourtant dans le ‘‘booking list’’ qui se trouve en possession du Parquet et de la DCPJ.’’

Selon l’avocat, le Booking ship No. 825379 (fiche remplie par le propriétaire du colis dans lequel les armes ont été trouvées) qui se trouve en possession du Parquet et de la DCPJ n’a pas été exploitée, ajoutant que ‘‘cette fiche précise que l’expéditeur du colis s’appelle Fernand Jean Pierre et que la destinataire du colis s’appelle Alerte Isaac.’’

« Les numéros de téléphones et les adresses de ces deux personnes sont mentionnés dans le ‘‘booking ship.’’ L’enquête devait d’abord et avant tout s’intéresser à ces deux personnes, mais elles n’ont pas été inquiétées dans le but évident de cacher la vérité au public », déclare-t-il.

Selon Madistin, ‘‘jusqu’au rapport du RNDDH personne ne savait que les 8 boites dans lesquelles les armes et munitions ont été trouvées avaient un propriétaire qui s’appelle Fernand Jean Pierre et que c’est ce Fernand Jean Pierre qui a envoyé les armes en Haïti pour Alerte Isaac et non pour l’Eglise Episcopale.’’

Il fait remarquer qu’aucune perquisition n’a été réalisée à l’adresse de Alerte Isaac qui vit en Haïti. ‘‘Mais la résidence de père Cole, le bureau diocésain de l’EEH ont été perquisitionnés disons mieux déchouqués par la DCPJ et beaucoup d’objets y ont été emportés dont un véhicule, des ordinateurs, des imprimantes, lesquels matériels n’ont pas été transmis au juge d’instruction, mais gardés par les policiers de la DCPJ pour leur usage personne. Du scandale !’’ s’écrie-t-il.

Selon Samuel Madistin, l’opinion publique a été induite en erreur à dessein : Des médias en ligne ont fourni des informations non vérifiées accablant l’EEH sous la rubrique “ Nous avons appris d’une source proche de l’enquête que ….” Plusieurs de ses graves indiscrétions se révèlent fausses.

A titre d’exemples, souligne-t-il, ‘‘des médias rapportent que le père Frantz Cole a été arrêté suite à une confrontation avec Gina Cole A la DCPJ, non seulement il n’y a pas eu cette confrontation, mais Gina Rolls n’a jamais rencontré le père Frantz Cole ni aucun autre dirigeant de l’Eglise Episcopale en Haïti.’’

‘‘Autre fausse information véhiculée à dessein, poursuit-il, ‘‘des médias rapportent d’une source proche de l’enquête que la DCPJ à découvert que le père Frantz Cole possède plus de deux millions de dollars américains sur son compte personnel, l’argent qui serait venu des ventes d’armes aux gangs de Village de Dieu alors que l’avocat du père Cole révèle que le père n’a que deux mille trois-cents dollars américains sur son compte.’’

Selon lui, ‘‘Il faudra un jour que les médias qui ont été bafoués pour acculer faussement l’Eglise révèlent leurs sources. C’est une obligation légale et éthique en matière d’investigation journalistique. Vous n’avez aucune obligation de protéger une source qui vous a trompé.’’

Il affirme que le commissaire du gouvernement continue à poser des actes et a pris des mesures conservatoires contre l’Eglise pendant que le dossier est au cabinet d’instruction.

Madistin précise que le commissaire a bloqué les comptes bancaires de l’Eglise rendant pratiquement impossible le fonctionnement de l’Eglise qui ne peut plus recevoir de fonds de ses partenaires ni exécutés son payroll, ni faire fonctionner ses écoles. Il a émis des mandats d’amener en dehors de tout cas de flagrant délit contre des personnalités ayant domicile connu ce qui est interdit par la loi même au juge d’instruction, le juge né dès mandats. Tout ceci pendant que le dossier est déjà transféré au cabinet d’instruction.’’

Samuel Madistin dit supporter la demande d’enquête contre ce commissaire du Gouvernement dont le nom a été trop souvent associé à des affaires d’argent, des affaires de corruption. ‘‘C’est pour protéger la magistrature de tels scandales que le CSPJ a été créé. Il lui appartient aujourd’hui de faire son travail et d’éclairer l’opinion publique générale sur la moralité du Magistrat Lafontant.’’

« Quant à Ronald D’Meza même s’il n’est pas avocat, il a donné satisfaction à ses clients qui ne sont pas inquiétés, déclare ironiquement Madistin, précisant que celui-ci a fait usurpation de titre, concurrence déloyale aux avocats, acte de corruption et que l’action publique doit être mise en mouvement contre lui et ses complices ».

Madistin estime également qu’il y a obstacle à l’enquête sur le dossier de l’EEH, soulignant que le juge d’instruction saisit du dossier n’a pas de bureau, la DCPJ n’a pas livré à la justice les matériels et équipements saisi dans le cadre du dossier.

Selon lui, le fait que Fernand Jean Pierre et Alerte Isaac  (expéditeur et destinataire) des colis dans lesquels les armes, munitions et autres objets illégaux ont été trouvés ne font l’objet d’aucun réquisitoire d’informer tout comme Rémy Lindor, le propriétaire du container, tout cela constitue des obstacles a l’enquête.

Il estime qu’il y a une fixation sur l’Eglise Episcopale d’Haïti, soulignant ‘‘les forces politiques, mystiques et de corruption s’associent pour ternir inutilement l’image d’une Église qui s’est toujours efforcée de répondre à sa mission spirituelles, morale et sociale en Haïti. Mais la vérité finira par éclater. Le rapport du RNDDH n’est qu’un début’’, ajoute-t-il.