WASHINGTON, DC, jeudi 29 septembre 2022– Lors d’une séance d’audition devant la Commission Affaires Etrangères de la Chambre des Représentants des Etats-Unis, Rosy Ducéna Auguste a déclaré jeudi que ‘‘depuis l’avènement de l’actuel premier ministre à la tête de la primature, le processus de déshumanisation de la population s’est accéléré.’’
Selon la responsable de programmes du réseau national de défense des droits humains (RNDDH), ‘‘avec la complicité de la communauté internationale, il s’est placé à la tête d’une coalition politique composée d’hommes et de femmes politiques menteurs, fanfarons qui ne défendent que leurs propres intérêts, au détriment des justes revendications populaires de sécurité, de bien être et du droit fondamental à un niveau de vie suffisant.’’
Elle a affirmé que bandits armés sont devenus plus arrogants dans leur mode opérateur. « Ils gagnent chaque jour plus de territoire, enlèvent des victimes de chez elles pour les séquestrer contre rançon, poussent des membres de la population à abandonner leur maison et veulent s’imposer sur l’échiquier politique », a-t-elle soutenu.
Parlant de la méthode cruelle des gangsters opérant en toute impunité en Haïti, Mme Auguste a souligné ‘‘qu’assassinats, enlèvements suivis de séquestration contre rançon, viols collectifs et répétés des femmes et filles, utilisation du corps des femmes et filles comme armes de guerre pour atteindre les gangs armés rivaux : Rien n’est épargné aux Haïtiens.’’
Elle a également abordé le trafic d’armes et de munitions, soulignant que les armes à feu ne se taisent jamais. ‘‘Elles arrivent dans des containers qui échappent totalement au contrôle douanier, avec l’aide d’autorités étatiques ou de leurs proches, a-t-elle déclaré.
Lors de ce témoignage particulièrement accablant pour le régime en place, Ducéna Auguste a précisé que les trois (3) massacres les plus meurtriers jamais enregistrés en Haïti depuis 2018, ont été perpétrés sous l’administration d’Ariel Henry.
Selon elle, ‘‘au cours des deux derniers, du matériel et des équipements policiers ainsi que d’autres équipements étatiques ont été utilisés par les gangs armés proches du pouvoir. De plus, au moins 600 personnes ont été assassinées et 71 femmes au moins ont été violées avec brutalité, en présence de leurs conjoints et de leurs enfants.’’
Elle a indiqué ‘‘qu’en dehors de ces massacres, en moyenne, trois (3) personnes sont assassinées par jour et 10 autres sont enlevées. Les femmes victimes sont quasi systématiquement violées et de plus en plus d’alertes sur des hommes violés pendant leur séquestration, nous parviennent.’’
La militante des droits humains a souligné que des personnalités politiques sont impliqués dans le trafic illicite d’armes à feu et la contrebande. « Des journalistes ainsi que des proches du pouvoir, entretiennent des liens avec des bandits armés. Des membres du secteur privé des affaires pactisent avec les bandits contre une certaine forme de protection », a-t-elle déclaré.
Selon Mme Auguste, ‘‘la police, gangstérisée, complice lors des massacres dans les quartiers défavorisés, sous équipée et exposée à l’insécurité, est totalement sous la coupe d’Ariel Henry qui est aussi le président du Conseil supérieur qui la dirige.’’
Quant a la Justice, elle a décrit un système totalement démantelé et effacée, arguant qu’aucun procès emblématique n’a été réalisé. Aucune décision de mettre l’action publique en mouvement même contre les chefs de gangs armés connus, n’a été prise.
Elle a déploré que la communauté internationale dont les Etats-Unis, a malheureusement toujours été du mauvais côté de la barrière.
‘‘En décidant d’accorder sa protection aveugle à la coalition politique dirigée par Ariel Henry, elle a aussi choisi de faire peu cas des efforts de la société civile pour trouver une issue haïtienne à la crise multidimensionnelle qui touche le pays et de livrer la population haïtienne à des prédateurs des droits humains, bien plus virulents que tous ceux qui les ont précédés’’, a-t-elle soutenu.
Mme Auguste a recommandé au Congres américain d’appuyer la recherche d’une solution haïtienne à la crise, avec l’implication de la société civile qui jusqu’à présent s’est montrée très attachée aux revendications populaires.
Elle a encouragé les parlementaires américains d’exiger de la coalition politique actuellement au pouvoir, la fin de la protection des bandits armés ; de prendre des sanctions contre les différentes personnalités qui protègent les bandits armés ; d’encourager l’administration américaine à systématiser le contrôle des containers en provenance des Etats-Unis et d’encourager le vetting des institutions policières et judiciaires haïtiennes.
L’ancienne ambassadrice américaine Pamela White, Velina Charlier de Neges Mawon et Alermy Piervilus de la POHDH ont également témoigné devant la commission Affaires Etrangers de la Chambre des Représentants des Etats-Unis a l’occasion de cette audition.