RNDDH : ”Le magistrat Michelet Virgile a affirmé que Fritz Aubourg et Robinson Pierre-Louis ont influencé la libération de Fritz Jean Rélus et Jonas Georges”…

Michelet Virgile, Ex-commissaire du Gouvernement de Port-de-Paix et Robinson Pierre-Louis, Ex-membre de cabinet du ministre de la justice et secretaire general de la Federation des Barreaux d'Haiti (FBH)...

PORT-AU-PRINCE, lundi 25 juillet 2022- Le réseau national de défense des droits humains (RNDDH) dit suivre avec attention les enquêtes menées de front par la Direction Centrale de la Police Judiciaire (DCPJ), relatives aux différentes cargaisons d’armes et de munitions saisies ou découvertes tant à Port-de-Paix (Nord-Ouest) qu’à Port-au-Prince (l’Ouest).

Selon l’organisation, ‘‘les efforts de la DCPJ sont louables à un moment où le pays est totalement gangstérisé et où – il devient évident – le juteux trafic illégal d’armes et de munitions profite à de nombreuses personnes. Pourtant, la population haïtienne n’arrête pas de compter les cadavres et de subir la loi des bandits armés, chaque jour un peu plus arrogants dans leur mode opératoire.’’

Soulignant l’impact du trafic d’armes et de munitions sur la vie de la population, le RNDDH rappelle que, ‘‘de 2018 à nos jours, au moins seize (16) massacres et attaques armées ont été documentés, dans plusieurs communes du département de l’Ouest. Les deux (2) derniers perpétrés à La Plaine du Cul-de-sac et à Cité Soleil par des gangs armés, ont occasionné l’assassinat de plus de cinq cents (500) Haïtiens et Haïtiennes et le viol collectif d’au moins dix-huit (18) femmes haïtiennes,’’ selon un communiqué du RNDDH.

« A côté de ces sanglants massacres et attaques armées aux bilans élevés, la population n’en finit pas de subir les enlèvements suivis de séquestration contre rançon, les assassinats ciblés, les courses-poursuites dans les rues occasionnant aussi de nombreuses pertes humaines et matérielles », écrit le RNDDH.

L’organisme des droits humains souligne que des centaines gangs armés se disputent le territoire national.

« Toutes les villes de province sont aussi gangstérisées. Et le RNDDH reste convaincu que tous ces actes attentatoires aux vies et aux biens n’auraient pas été possibles si de nombreuses personnes, occupant pour la plupart, des postes importants au niveau de l’Etat, n’étaient pas activement impliquées dans ce trafic illégal d’armes et de munitions, aux conséquences meurtrières pour Haïti », soutient l’organisation.

Concernant la saisie d’armes et de munitions effectuée à Port-de-Paix le 1e juillet dernier à bord du bateau ‘‘Miss Lili One’’, le RNDDH rappelle que Fritz Jean Rélus qui était chargé de recevoir une partie de la cargaison et d’organiser d’abord son recel, puis son transport à Port-au-Prince, a été arrêté le même jour.

Quelques jours plus tard, soit le 5 juillet 2022, le bateau a été fouillé de fond en comble en présence de son propriétaire Jonas Georges.

Selon le RNDDH, ‘‘au moment des fouilles, Jonas Georges, offusqué, a affirmé à qui voulait l’entendre, avoir payé la directrice de la douane de Port-de-Paix, Nadège Rebecca Etienne, suffisamment cher, pour éviter les embrouilles de ce genre. Le même jour, Jonas Georges a été arrêté pour association de malfaiteurs et trafic illégal d’armes à feu’’, précise un communiqué de l’organisation.

Le 6 juillet 2022, le commissaire du gouvernement près le Tribunal de première instance de Port-de-Paix, Michelet Virgile, a ordonné l’extraction des retenus Fritz Jean Rélus et Jonas Georges. « Il les a relâchés tout simplement », indique le RNDDH.

Selon le RNDDH, ‘‘leur libération a été obtenue à la suite d’une transaction financière juteuse évaluée à plus de deux-cent mille (200.000) dollars américains. Et, selon des personnes avec lesquelles le RNDDH s’est entretenu, plusieurs membres de l’appareil judiciaire à Port de-Paix ont été arrosés.’’

Le RNDDH rappelle également que le 12 juillet 2022, le commissaire du gouvernement de Port-de-Paix, Michelet Virgile a été arrêté.

‘‘Quelques heures après son arrestation, le RNDDH affirme avoir appris que le doyen près le Tribunal de première instance de Port de Paix, le magistrat Yves-Marie Périclès, sans avoir reçu une requête en ce sens, sans aucun procès-verbal de constat d’un juge de paix, avait vite fait de rendre son ordonnance de libération en habeas corpus, en faveur du commissaire Michelet Virgile.’’

Selon le RNDDH, ‘‘l’ordonnance a été acheminée au lieu de rétention du magistrat Michelet Virgile. Cependant, les agents de la Police Nationale d’Haïti (PNH) sur place n’ont pu y donner suite, en raison de l’heure tardive. Dans la soirée, le magistrat Michelet Virgile a été transféré aux bureaux de la DCPJ, à Tabarre, dans le département de l’Ouest.’’

L’organisation des droits humains souligne que le Ministère de la Justice a aussi été éclaboussé par ce scandale.

Le RNDDH cite comme preuves, le mandat d’amener, l’interdiction de départ et l’avis de recherche émis à l’encontre de Maître Fritz Aubourg, directeur adjoint des affaires judiciaires pour forfaiture, concussion et association de malfaiteurs ; et l’arrestation en date du 22 juillet 2022, de Me Robinson Pierre-Louis, avocat de Jonas Georges et membre du cabinet du ministre de la Justice, Me Bertho Dorcé, pour forfaiture, suspicion de corruption, trafic d’influence et association de malfaiteurs.

Le RNDDH souligne que le magistrat Michelet Virgile a affirmé que Aubourg et Pierre-Louis ont mis tout leur poids dans la balance, en vue d’obtenir la libération de Fritz Jean Rélus et Jonas Georges.

L’organisation appelle la DCPJ à poursuivre ses enquêtes conformément a la constitution dans le respect des droits de tout un a chacun. Il invite la police judiciaire à faire le jour sur l’affaire du container d’armes et de munitions dédouané au nom de l’église épiscopale d’Haïti.

Compte tenu de l’implication présumée de plusieurs acteurs judiciaires dans le scandale de trafic d’armes et de munitions de Port-de-Paix, le RNDDH appelle également le conseil supérieur du pouvoir judiciaire (CSPJ) à se saisir du dossier pour les suites nécessaires.