PORT-AUPRINCE, jeudi 3 novembre 2022– La liste des journalistes assassinés en Haïti en 2022 est longue.
Selon le réseau national de défense des droits humains (RNDDH), pas moins de dix-neuf (19) journalistes ont été assassines ou blessés de janvier à octobre 2022.
Le plus récent cas recensé par l’organisation est celui du journaliste de ‘‘Génération 80’’, Romelson Vilsaint qui a été froidement abattu d’une balle à la tête au commissariat de police de Delmas 33, au Nord-Est de la capitale haïtienne.
Dans un communiqué, le RNDDH affirme avoir appris avec stupéfaction que le 30 octobre 2022, lors d’échauffourées enregistrées sur la cour du commissariat de Delmas 33, un (1) journaliste a été froidement exécuté par des agents de la Police Nationale d’Haïti (PNH) et de nombreuses autres personnes ont été blessées par balles.’’
L’organisation souligne que ‘‘ce grave incident est survenu au moment où plusieurs journalistes s’étaient rendus au commissariat de Delmas 33, en vue de protester contre l’arrestation, par des agents de l’Unité Départementale pour le Maintien de l’Ordre (UDMO), d’un journaliste qui couvrait un mouvement de protestation qu’organisaient des résidents de Delmas 47.’’
Il s’agit de Robeste Dimanche, journaliste de Radio Zénith, qui, écrit le RNDDH, qui, ‘‘ayant remarqué que les policiers bastonnaient les manifestants, a voulu s’enquérir de la situation. Rapidement, les policiers s’en sont pris à lui. Ils l’ont frappé à plusieurs reprises, en dépit du fait qu’il ait crié être un journaliste. Par la suite, il a été forcé de monter à l’arrière du pick-up de l’UDMO, en direction de bas Delmas.’’
Dimanche qui s’est entretenu avec le RNDDH a affirmé qu’à un certain moment, les agents ont stoppé le véhicule pour décider entre eux de ce qu’ils allaient faire de lui.
« Tout au cours de leur discussion, ils l’ont injurié, l’ont frappé à plusieurs reprises et l’ont accusé d’être de mèche avec des membres de gangs armés, auxquels des journalistes donnent micro. Robeste Dimanche a ensuite été conduit au commissariat de Delmas 33. Les agents de l’UDMO ont dressé le procès-verbal de son arrestation avant de le mettre en garde-à-vue », rapporte le RNDDH.
Selon le document du RNDDH, ayant appris la nouvelle de l’arrestation de Dimanche, d’autres journalistes qui couvraient le mouvement de protestation à Delmas 47 se sont rendus au commissariat de Delmas 33, en signe de solidarité.
Deux (2) patrouilles de l’UDMO vraisemblablement appelés en renfort, ont tiré à balles réelles, à hauteur d’homme, en direction des journalistes.
C’est à ce moment que Romelson Vilsaint a été tué et au moins cinq (5) autres journalistes ainsi qu’un (1) responsable de BASE 47, ont aussi été blessés par balles, lit-on dans le document.
Au nombre des blessés figurent Ronald Petit-Frère, journaliste du média en ligne Télé 509. Il a reçu plusieurs coups de bottes des agents de l’UDMO, Robens Le Cayen, journaliste du média en ligne Le Cayen Info. Il a été atteint d’une balle au flanc gauche,
Iphanes Monuma, journaliste du média en ligne ‘‘Iphactualité.’’ Il a été frappé à la tête à plusieurs reprises par des agents de l’UDMO qui, pour ce faire, ont utilisé leurs armes à feu ; Dieudonne St-Cyr, journaliste de Radio Kingdom F.M. et du média en ligne ‘‘L’Ethique.’’ Il a été battu par des agents de l’UDMO, à coups de bottes et de fusils ; Jean-Marc Jean, journaliste du média en ligne JJM Info. Il a reçu plusieurs coups de fusils à la tête.
Pour sa part, Pierre Paul Jean Yvon Exalus a été atteint d’une balle à la cuisse droite. Il est l’un des responsables de BASE 47, selon le communiqué.
Le RNDDH informe que dans la soirée du 30 octobre 2022, Robeste DIMANCHE a été invité à rentrer chez lui.
Cependant, le 31 octobre 2022, les corps sans vie de Ezéchiel Paul, Enock Merizier, James Mondesir, Andy Morisseau et Dieupuissant Oestil ont été retrouvés à Tabarre 43. Ils ont tous été exécutés, selon l’organisation des droits humains.
Le RNDDH dit constater que l’institution policière n’a partagé aucune information relative à la disparition forcée suivie de l’exécution sommaire de ces personnes. Ce n’est d’ailleurs que le 30 octobre 2022, tard après l’assassinat du journaliste Romelson Vilsaint que la PNH a annoncé ouvrir une enquête sur les événements du jour exclusivement.’’
Le RNDDH juge regrettable que le service de communication de la PNH ne fonctionne que pour faire de la propagande pour l’institution.
‘‘Il reste désespérément muet lors des bavures policières, lors des interventions punitives de la PNH ou lorsque des agents de la PNH sont impliqués dans des actes de répression et de violation des droits humains à l’encontre de la population’’, souligne le RNDDH.
Le RNDDH dit ‘‘condamner avec la dernière rigueur la disparition forcée suivi de l’exécution sommaire de Ezéchiel PAUL, Enock Merizier, James Mondesir, Andy Morisseau et Dieupuissant Orestil ainsi que l’exécution dans l’enceinte-même du commissariat de Delmas 33, de Romelson Vilsaint et la blessure par balles de plusieurs autres personnes qui se trouvaient sur les lieux.’’
L’organisation estime que ‘‘ces faits doivent être sévèrement punis. Conséquemment, il enjoint la Direction Centrale de la Police Judiciaire (DCPJ) et l’Inspection Générale de la PNH à diligenter une enquête ; il encourage la communication de leurs conclusions à la juridiction répressive, pour que tous les agents fautifs sans exception, soient jugés et condamnés selon le vœu de la Loi.’’