Révélations accablantes : Un rapport d’enquête de la DCPJ dévoile le rôle clé des membres du gang « Ti Bwa » et de leurs alliés policiers dans une série de crimes violents…

Chrisla, chef gang Ti Bwa...

PORTAU-PRINCE, mercredi 4 septembre 2024– Dans un supplément d’enquête adressé au Commissaire du Gouvernement près le Tribunal de Première Instance de Port-au-Prince, le Responsable du Bureau des Affaires Criminelles (BAC) de la Direction Centrale de la Police Judiciaire (DCPJ) a fourni un rapport détaillé sur les activités criminelles du gang de « Ti Bwa ». Ce document, daté du 2 février 2024, expose des actes criminels graves perpétrés par les membres de cette organisation et révèle une implication préoccupante de policiers corrompus dans les opérations du gang.

Le gang de « Ti Bwa », dirigé par Christ-Roi Chéry, alias Christla, est un groupe criminel notoire qui s’est imposé comme une menace majeure dans les zones sud de la capitale haïtienne. Le rapport indique que cette organisation a réussi à instaurer un climat de terreur à Carrefour et dans ses environs, perturbant ainsi la libre circulation des résidents et créant des obstacles aux communications entre le département de l’Ouest et la presqu’île sud. Les activités du gang vont au-delà de simples actes de violence, impliquant une stratégie sophistiquée de terreur et de domination territoriale.

Les crimes perpétrés par le gang de « Ti Bwa » sont nombreux et variés. Le rapport documente des attaques violentes contre des membres des forces de l’ordre, des pillages d’établissements financiers, des attaques sur des véhicules blindés, et des actes de vandalisme. Parmi les incidents notables, on trouve l’agression du policier Allen Dorvilus en 2018, l’assassinat du policier Gipson Celan Derlo Bourssiquot et de six autres personnes en mai 2022, ainsi que le meurtre du policier Bodley Therosmy en octobre 2022. Ces actes ne se limitent pas à la violence physique mais incluent également des menaces qui ont forcé des organisations humanitaires comme Médecins Sans Frontières à quitter certaines zones.

L’enquête met également en lumière l’implication de certains membres de la police dans les activités criminelles du gang. Eddy Merosier, Cleevens Degazon alias My Man, et Ryvelor Domond alias Sergent ont été interpellés et accusés d’être impliqués dans des actes criminels aux côtés du gang de « Ti Bwa ». Le rapport souligne l’existence d’une complicité entre les membres du gang et des policiers corrompus, ce qui a des implications profondes sur la crédibilité et l’efficacité des forces de l’ordre.

Le 25 juin 2024, une opération de police a été lancée dans la région métropolitaine de Port-au-Prince pour capturer les membres du gang. Cette opération a mené à l’arrestation de Jerry Léger, surnommé Le Kingbronks ou Pikan, et de Jeff-Kawooben Jeannot, alias Babas, Jeff ou Ryan. Les deux suspects ont été arrêtés par des policiers du Commissariat de Pétion-Ville et transférés pour interrogatoire. L’intervention a été marquée par une tentative de libération forcée par un groupe de policiers en civil, revendiquant leur appartenance à l’UTAG-10. Cette tentative a été neutralisée par les policiers du Commissariat de Pétion-Ville, qui ont empêché la libération des suspects.

L’incident a conduit à des investigations approfondies sur les connexions entre les policiers impliqués et les membres du gang. Des équipes de la Brigade de Recherche et d’Intervention (BRI) et de la Brigade de Lutte contre le Vol de Véhicules (BLVV) ont été mobilisées pour transférer les suspects à la DCPJ. Les interrogatoires ont révélé des informations cruciales, notamment le rôle de Sanel Jean alias Mickmick en tant qu’allié de Christ-Roi Chéry. Les enquêtes ont montré que Sanel Jean avait des liens avec plusieurs groupes criminels, dont Caravane, Team 60, et Team Madada, ainsi qu’avec des figures du milieu criminel comme l’ex-député Jacques Bovil et d’autres individus notoires.

Les investigations ont inclus une analyse des relevés téléphoniques des suspects, des perquisitions, et des réquisitions d’informations supplémentaires. Les données de géolocalisation ont révélé des déplacements dans diverses zones de Port-au-Prince, avec des communications entre Jerry Léger et Claudy Célestin alias Chen Mechan, un autre leader criminel influent. Ces éléments ont renforcé les accusations d’implication de Léger dans des activités criminelles et ont établi des liens entre les membres du gang et des réseaux criminels plus larges.

Les enquêteurs ont également examiné les armes retrouvées en possession des suspects. Le 31 juillet 2024, des réquisitions ont été soumises au Bureau de Renseignements Judiciaires (BRJ), à la Section des Permis pour Armes à feu (SPAF) et à BCN-INTERPOL pour obtenir des informations sur un pistolet Smith & Wesson retrouvé chez Jerry Léger. Le BCN-INTERPOL a confirmé que le pistolet n’était pas enregistré dans sa base de données. Par ailleurs, la Direction de la Logistique de la PNH a révélé que le pistolet Taurus retrouvé en possession de Sanel Jean appartenait à l’Inspecteur Général André Jonas Vladimir Paraison, qui a confirmé lors de son audition qu’il avait laissé l’arme pour réparation et ignorait comment elle avait été retrouvée chez Sanel Jean.

Le 9 août 2024, des informations recueillies d’une source fiable ont révélé que Jerry Léger était un chef de gang influent, associé à plusieurs individus notoires contrôlant les secteurs de Tabarre. Ces informations ont confirmé les accusations portées contre lui, notamment son implication dans des attaques planifiées contre des infrastructures clés, comme l’Aéroport International Toussaint Louverture et le Commissariat de Tabarre. Jerry Léger aurait également extorqué des motocyclettes et vandalisé des caméras de surveillance.

Le 10 août 2024, les enquêteurs ont interrogé Jerry Léger en présence de son avocat, Me Louvens Charles. Léger a nié toute implication dans les attaques et a contesté les résultats des analyses téléphoniques le liant à Chen Mechan. Il a également rejeté les accusations concernant les autres activités criminelles attribuées à lui et à ses acolytes.

Le 29 août 2024, l’Inspecteur Général André Jonas Vladimir Paraison a été convoqué pour expliquer la présence de son pistolet en possession de Sanel Jean. Lors de son audition, il a confirmé que l’arme était bien la sienne et a exprimé son ignorance quant à la manière dont elle a été retrouvée en possession de Sanel Jean.

Les éléments recueillis au cours de cette enquête montrent une interconnexion complexe entre les membres du gang de « Ti Bwa », d’autres groupes criminels opérant dans la région métropolitaine, et des policiers corrompus. Les activités criminelles comprennent des assassinats, des enlèvements, des vols à main armée, et des actes de vandalisme, principalement dans la commune de Carrefour et ses environs. Les preuves accumulées démontrent des liens étroits entre ces individus, leurs réseaux criminels et les attaques contre des infrastructures publiques et des citoyens. L’enquête continue afin de démanteler ces réseaux et de restaurer la sécurité et la stabilité dans la région.