Retour sur une attaque meurtrière contre les forces de l’ordre aux Cayes : Dans son enquête, le Bureau des Affaires Criminelles avait révélé des détails choquants…

Guy Philippe...

CAYES, samedi 2 décembre 2023– Dans une attaque choquante perpétrée dans la soirée du dimanche 15 au lundi 16 mai 2016, les locaux logeant la Direction Départementale du Sud, le Commissariat des Cayes, et l’Unité Départementale de Maintien d’Ordre (UDMO), situés à la rue Toussaint Louverture, ont été la cible d’un groupe d’individus armés se réclamant membres des Ex-Forces Armées d’Haïti (FADH).

Dans un rapport d’enquête daté de juin 2016, le Bureau des Affaires Criminelles a récemment divulgué des détails troublants de cette attaque meurtrière.

Selon les informations fournies par le Bureau des Affaires Criminelles (BAC), des individus habillés en treillis militaire, à bord de véhicules, ont pris d’assaut les locaux abritant les unités de la Police des Cayes.

Les assaillants ont rapidement pris le contrôle des installations, tirant à l’aide de fusils d’assaut sur les policiers présents, faisant un mort et deux blessés graves parmi les forces de l’ordre.

Au cours de l’attaque, le policier Tison Jean-Louis a été abattu de sang-froid alors qu’il tentait de protéger ses collègues. Les policiers Wendy Doréléan et Dubé Jean-Baptiste ont également été grièvement blessés.

Les assaillants ont fait main basse sur l’armurerie, dérobant des armes à feu, des munitions, des radios de communication et d’autres équipements appartenant à la Police Nationale d’Haïti (PNH). Ils ont également dépossédé plusieurs policiers de leurs armes de service et téléphones portables.

L’attaque ne s’est pas limitée aux forces de l’ordre. Les assaillants ont également ciblé des citoyens ordinaires, obligeant certains conducteurs de véhicules, tels que Mackenzy Logis, Rupert Antoine Jean-Pierre et Pierre Gérald Rosinvil, à leur remettre leur véhicule sous la menace constante d’armes à feu.

Des biens personnels, dont une somme de quatre mille cinq cents dollars haïtiens ($4500.00ht), ont été volés à Pierre Gérald Rosinvil.

Le Bureau des Affaires Criminelles affirme que cette attaque n’était pas un incident isolé mais plutôt un acte minutieusement planifié par un groupe d’individus se réclamant des ex-Forces Armées d’Haïti (FADH).

‘‘Ces criminels auraient profité de la situation instable du pays pour commettre des actes répréhensibles contre les institutions républicaines’’, souligne le rapport.

L’équipe d’enquêteurs a recueilli des témoignages poignants de policiers ayant survécu à l’attaque perpétrée contre le Commissariat des Cayes dans la nuit du 15 au 16 mai 2016. Les faits, rapportés par les membres des forces de l’ordre, dépeignent une scène d’une violence inouïe orchestrée par un groupe de présumés bandits se faisant passer pour des membres de l’ex-Forces Armées d’Haïti (FAD’H).

Selon les informations recueillies, précise le rapport, l’attaque aurait été minutieusement planifiée lors d’une réunion dirigée par le nommé Guy Philippe, assisté de ses chefs de troupes, parmi lesquels Yves Jeudy, Michel Alophène, Joseph Willy, Lafalaise, Athanaël Joseph, Kòmandan Cedras, Kòmandan Renard, et d’autres complices. Leur mission présumée était de déposséder les policiers de leurs armes et de s’emparer des armes stockées au dépôt de l’UDMO/Sud.

Les assaillants, au nombre d’une cinquantaine, ont investi le Commissariat des Cayes, malmenant et désarmant violemment les policiers en service, dont Luc Codio, Pierre Jeannot Joseph, Noel Jean Michel Volcy, Morin Trézil, et Jean Albert Leonel Lubin. Les armes des victimes, ainsi que leurs téléphones portables et une radio communication de la Police Nationale d’Haïti, ont été emportées.

L’attaque s’est ensuite étendue à la Base UDMO Sud et à la Prison Civile des Cayes, où les assaillants ont ouvert le feu, prenant en otage le policier Georges Jean Claude pour l’utiliser comme bouclier. Au cours de l’affrontement, le policier Dubé Jean-Baptiste a été blessé à l’épaule, et le dépôt d’armes de l’UDMO/Sud a été vidé.

Les agresseurs ont pris la fuite à bord d’un véhicule volé de la PNH, après avoir abattu le policier Tison Jean-Louis, grièvement blessé le policier Wendy Dorléan, et attaqué un détachement du BLTS/Sud à l’angle des rues Toussaint Louverture et Nicolas Geffrard. Un affrontement a eu lieu, au cours duquel un des présumés bandits, Marcélus Délande, a été arrêté, porteur d’un fusil AK47.

L’échappée des agresseurs a été marquée par un accident à Plaine Matin, causant la mort de trois d’entre eux : Vital Aslin, Jean Brisiy alias Jean Marc, et Téléus Joseph Remy. Ce dernier, avant de succomber à ses blessures, aurait accusé le Commandant en chef Guy Philippe d’avoir planifié l’attaque lors d’une réunion à Pestel.

Des mandats d’amener ont été décernés contre plusieurs individus, donéus Guy Philippe, Yves Jeudy, Michel Alophène, Lafalaise, Joseph Willy, Camy, Ricot, Nathanaël Joseph, Rony, Wesmy, Ti Mousson. L’enquête a également conduit à l’arrestation de plusieurs personnes, dont Jean Céance, Jean Claude Alcénat, et Pierre Brénus Duréus, lequel, grièvement blessé, n’a pu être auditionné.

Ces révélations ont conduit le Juge du Tribunal de Paix des Cayes, Me Pierre Richard Ligondé, à dresser le constat légal des événements.

‘‘Les enquêteurs ont continué à interroger divers témoins, dont des civils dépossédés de leurs véhicules, pour obtenir des informations supplémentaires sur cette attaque d’une gravité exceptionnelle.’’

Guy Philippe, ancien putschiste haïtien récemment rapatrié après avoir purgé une peine de prison aux États-Unis pour blanchiment d’argent lié au trafic de drogue, a été libéré après deux jours de rétention à la Direction Centrale de la Police Judiciaire (DCPJ) en Haïti.

Philippe avait été condamné en 2017 à neuf ans de prison par un tribunal fédéral de Miami, plaidant coupable d’une conspiration de blanchiment d’argent impliquant des allégations selon lesquelles il aurait reçu plus d’un million de dollars de trafiquants de cocaïne colombiens.