République dominicaine, lundi 23 septembre 2024 – En République dominicaine, la crise d’identité continue d’affecter des milliers de jeunes d’ascendance haïtienne. Nés sur le sol dominicain, ils sont pourtant menacés d’expulsion et privés de leur nationalité, une situation qui soulève de nombreuses interrogations sur les droits humains et l’avenir de cette communauté.
« Ils ont une documentation, ils ont même une carte d’identité avec notre couleur de peau. Ils sont en train de nous expulser vers Haïti. Et Haïti n’est pas notre nation. Notre nation, c’est la République dominicaine. Nous sommes nés ici, nous ne sommes jamais allés là-bas », déclare Elena Lorac, porte-parole et coordonnatrice adjointe du mouvement Reconocido, lors d’une manifestation devant le palais national dominicain aujourd’hui. Pour elle, comme pour beaucoup d’autres, le problème dépasse la simple question de la nationalité : il s’agit d’une question de survie et d’identité.
« Ce qui se passe, c’est une situation qui affecte notre vie, qui menace notre existence, notre mobilité. Et toutes les menaces sont également présentes », poursuit-elle avec émotion. Le cas de Johnny et d’Alberto, deux jeunes hommes, illustre cette réalité. « Ils ont des enfants mais ne peuvent pas les déclarer. Et ils sont nés sur cette terre », explique-t-elle. Ce n’est pas tout : « Alberto a terminé ses études classiques mais il ne peut pas aller à l’université. Ce sont les réalités que nous vivons. »
Face à cette situation, la question devient de plus en plus pressante : « Que ferons-nous dans le futur ? Pourquoi ne partons-nous pas d’ici ? C’est notre pays », s’interroge-t-elle. La communauté espère que le président dominicain agira rapidement pour « restituer notre nationalité maintenant, pour que nous puissions contribuer à notre nation ». Selon elle, « si nous prospérons, la République dominicaine prospérera aussi ».
L’histoire de cette lutte pour la nationalité remonte à plusieurs années. « Depuis 2007, nous avons mené tous ces combats pour revendiquer nos droits », rappelle Elena Lorac. « Ensuite, le jugement est venu en 2013 légitimer tout ce que nous dénoncions », ajoute-t-elle, faisant référence à la décision judiciaire controversée qui a retiré la nationalité à des milliers de Dominicains d’origine haïtienne. Bien que la loi 169-14 ait été mise en place pour régulariser la situation, la communauté estime que cela « n’a pas résolu la situation de la population dominicaine d’ascendance haïtienne ».
Le constat est alarmant : « Ils nous marginalisent encore plus. Notre situation devient de plus en plus compliquée. Nous ne pouvons pas mener nos activités quotidiennes, même marcher dans la rue ou prendre le bus représente un danger », souligne Elena Lorac.
En réponse à une question d’un journaliste concernant la manifestation, Luis Abinader, Président de la République dominicaine, a affirmé : « Nous devons attendre que la loi soit appliquée, que la Constitution soit respectée. Et c’est ce que nous faisons, nous respectons les procédures pour appliquer la loi et la Constitution, dans ce cas précis. »
Ainsi, la communauté continue de se mobiliser pour que « ce jugement soit annulé » et que cette « injustice » prenne fin.