Renan Hédouville rejette les demandes de son remplacement, rappelle les lois et critique les accusations portées contre lui…

Renan Hédouville, Protecteur du Citoyen

PORT-AU-PRINCE, jeudi 31 octobre 2024-Renan Hédouville, Protecteur du citoyen en Haïti, a réagi fermement aux revendications de plusieurs organisations qui demandent son remplacement à la tête de l’Office de la Protection du Citoyen (OPC). Dans une correspondance adressée à Lesly Voltaire, coordonnateur du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), des organisations de défense des droits humains, dont le Centre de Recherche et de Formation Économique et Sociale pour le Développement (CRESFED), la Plateforme des Organisations Haïtiennes de Droits Humains (POHDH), et Solidarité Fanm Ayisyèn (SOFA), ont sollicité la nomination d’un Protecteur ou d’une Protectrice intérimaire. Elles invoquent la fin du mandat de Hédouville et expriment des préoccupations majeures concernant la gestion de l’OPC.

Les signataires accusent Hédouville de pratiques de népotisme et de favoritisme dans le recrutement et la promotion du personnel de l’OPC, citant notamment la nomination de proches à des postes stratégiques sans appel à candidature, en violation du décret de 2005 sur la fonction publique. Parmi les personnes concernées, Yolande Mayard Joseph, proche de Hédouville, occupe le poste de directrice générale, tandis que d’autres proches, Mimose Mayard et Olson Mayard, occupent respectivement les fonctions de coordonnatrice de protection sociale et de chef de services et de documentation. Les organisations affirment également que Yolande Mayard Joseph réside au Canada depuis octobre 2023 tout en continuant de bénéficier des avantages liés à son poste, et qu’Olson Mayard a été promu au détriment de cadres qualifiés.

La correspondance dénonce également des inégalités dans l’accès aux formations et missions internationales, affirmant que seuls les proches de Hédouville ont bénéficié de ces opportunités. Elle mentionne en outre l’absence de restitution de certains fonds alloués pour des missions non effectuées, qui auraient dû être reversés au Trésor public.

Face à ces accusations, Hédouville a répliqué en soulignant une méconnaissance de la loi organique de mai 2012 qui régit l’OPC. Il a regretté publiquement que des personnes se prononcent sans prendre le temps de lire les textes en vigueur, déclarant : « Il est regrettable et peut être très regrettable pour des gens qui veulent se prononcer sur des questions importantes de ne pas prendre le temps de lire et de se renseigner avant d’émettre des opinions. »

Selon Hédouville, l’article 8 de la loi organique de 2012 stipule que le Protecteur du citoyen est nommé pour un mandat de sept ans non renouvelable, et, malgré l’expiration de son mandat, il demeure en fonction jusqu’à la nomination officielle de son successeur. Il souligne ainsi que sa présence actuelle à la tête de l’OPC est conforme à la loi en l’absence d’un nouveau protecteur.

Pour clarifier davantage, Hédouville a également rappelé l’article 10 de la même loi, qui définit les modalités de nomination du Protecteur du citoyen par un consensus entre le Président de la République, le Président du Sénat et le Président de la Chambre des Députés, à partir d’une liste soumise par les deux Chambres du Parlement. En l’absence de consensus ou de liste de candidats, la loi prévoit que le Protecteur en poste demeure en fonction jusqu’à ce que la procédure de remplacement soit conclue.

En citant ces dispositions, Hédouville affirme sa légitimité à continuer d’exercer son rôle et invite les organisations à une lecture approfondie des textes régissant le fonctionnement de l’OPC, estimant que ces critiques reposent sur une interprétation incorrecte des lois en vigueur.