PARIS, dimanche 12 janvier 2024- Dans une analyse conjoncturelle, Me Guerby Blaise, avocat et docteur en droit pénal, dénonce la responsabilité de l’État haïtien dans la dégradation sociale et sécuritaire du pays, tout en appelant à une action immédiate et rigoureuse pour restaurer l’ordre. Selon lui, « l’État porte un degré important de responsabilité dans la décrépitude du pays par la transformation des jeunes et enfants issus des quartiers défavorisés en bandes criminelles. » Cependant, il précise que cette passivité étatique « n’ouvre pas le droit à aucun soutien des politiques à ces terroristes. »
Me Blaise critique la « cohabitation des politiques avec ces bandes criminelles », qu’il illustre notamment par des déclarations de Liné Balthazar, qualifiées de « soutien politique » à ces groupes. Cette situation, aggravée par « la passivité de certains parquets », conduit, selon lui, à une « double victimisation de la population face aux actes terroristes. »
L’avocat rappelle avoir sollicité, en novembre 2024, une intervention du parquet de Croix-des-Bouquets, sous l’autorité de l’ex-ministre Carlos Hercule, pour engager des poursuites contre les auteurs des attaques terroristes survenues à l’aéroport. Se référant à l’article 6 du décret du 4 mai 2023 sanctionnant le terrorisme, il souligne l’urgence d’une réponse judiciaire ferme. Pourtant, il déplore que le parquet de Port-au-Prince reste silencieux face à des actes qualifiés de terroristes, comme celui perpétré au Wharf de Jérémie.
« Connaissant la bonne qualité du commissaire du Gouvernement, Magistrat Lionel Constant Bourgoin, il est surprenant que le parquet reste muet », déclare-t-il. Il insiste sur la nécessité de doter les parquets des moyens matériels indispensables pour l’efficacité et l’effectivité des poursuites pénales, en particulier à Port-au-Prince, où les défis sont particulièrement nombreux.
Me Blaise adresse également une mise en garde à l’actuel ministre de la Justice, Docteur Patrick Pélissier, qui, selon lui, hérite de « l’inertie de son prédécesseur ». Bien qu’il reconnaisse la bonne foi de ce dernier, il estime que le ministre actuel ne peut se permettre de retarder des mesures cruciales, notamment la suspension temporaire des droits et libertés fondamentaux des terroristes, comme il le développe dans sa thèse.
Sur le plan politique, Me Blaise s’interroge sur le rôle de certains acteurs dans la gouvernance actuelle. « Il est anormal que le représentant du Parti EDE, Premier ministre de fait de l’époque lors de l’assassinat de Jovenel Moïse, soit l’un des principaux acteurs dans la détermination de la gouvernance du pays », affirme-t-il, tout en soulignant la nécessité pour les responsables haïtiens de démontrer leur patriotisme à la communauté internationale.
Rejetant la récente proposition de cohabitation politique entre divers groupes, notamment le Group “Viv Ansanm”, Me Blaise appelle la population et la communauté internationale, y compris la CARICOM, à s’opposer fermement à cette initiative. Il insiste sur le fait que « même si le sang ne se sèche jamais, le rejet de cette gouvernance sous le sang des victimes n’exclut pas pour autant la prise en compte des revendications sociales des criminels par les autorités politiques. »
Finalement, Me Guerby Blaise exhorte le ministre Patrick Pélissier à s’engager dans un suivi rigoureux des instructions pour garantir la sécurité des citoyens, en rappelant que « la fonction politique de la justice est essentielle au regard de l’article 19 de la Constitution en vigueur. » Selon lui, seule une action déterminée et immédiate pourra prévenir une cohabitation dangereuse entre politiques et terroristes.