SAINT-DOMINGUE, mercredi 15 juin 2022– Le ‘‘Mouvement Reconoci.DO’’ a publié hier mardi un rapport détaillé sur les détentions arbitraires de Dominicains d’origine haïtienne par des agents de la Direction générale des migrations, perpétrées entre le 29 mai et le 5 juin.
Selon le rapport, rien que cette semaine-là, l’organisation de défense des droits de la communauté dominicaine d’origine haïtienne a recensé des dizaines de cas de détentions arbitraires.
Le rapport fait état des témoignages de cinq victimes, hommes et femmes âgés de 19 à 32 ans, résidant dans différentes parties du pays, racontant le processus de leur détention arbitraire.
Le ‘‘Mouvement Reconoci. DO’’ estime que ‘‘le nombre total de détentions arbitraires subies par des Dominicains d’origine haïtienne jusqu’à présent cette année, dans le cadre des opérations d’expulsion massive effectués par des agents d’immigration avec le soutien de la police et de l’armée, pourrait atteindre des centaines de cas, peut-être même des milliers.’’
Les témoignages consignés dans le rapport rendent font état de la torture physique et psychologique, de la détention secrète, des conditions de détention insalubres, du refus de traitement médical, de l’extorsion et du vol qualifié au cours du processus de détention, de transfert et de détention, au détriment des immigrants haïtiens et des Dominicains d’origine haïtienne.
Selon le rapport en question, ‘‘la vulnérabilité de milliers de Dominicains d’origine haïtienne à ces opérations migratoires en proie à l’illégalité et à l’arbitraire, qui transgressent le système juridique lui-même et les régimes migratoires nationaux, est une conséquence de la sentence 168-13 qui condamne à l’apatridie des milliers de personnes de quatre générations nées sur le sol dominicain, en plus du fait que la loi 169-14 ne remédie pas à la grave violation des droits de l’homme perpétuée par ladite sentence.’’
Le ‘‘Mouvement Reconoci.DO’’ avertit que les quelque 8 000 personnes qui sont entrées dans un processus de régularisation migratoire en tant qu’étrangers nés sur le territoire dominicain pour opter plus tard pour un processus de naturalisation, le soi-disant « groupe B », ont actuellement leurs documents expirés.
« Le gouvernement actuel n’a fourni aucun mécanisme permettant à ces personnes de régulariser leur situation. Les victimes de cette situation sont précisément les jeunes Dominicains d’origine haïtienne qui sont actuellement persécutés par les autorités de l’immigration. C’est l’État lui-même qui les a marginalisés, qui leur a fermé l’accès à la documentation juridique actuelle, puis qui les persécute et les soumet à des détentions arbitraires et à des mauvais traitements », affirme l’organisation.
« Ces détentions arbitraires mettent une fois de plus en évidence le besoin urgent pour le gouvernement de s’attaquer à son importante dette en matière de droits humains envers notre grande communauté. Les Dominicains d’origine haïtienne contribuent dans tous les domaines de la vie économique, sociale et culturelle du pays, nous couvrons le pays avec gloire dans les plus hautes instances sportives, académiques et artistiques du monde entier, et nous contribuons chaque jour à la production de richesse avec notre travail. Mais en plus de tout cela, nous avons des droits de l’homme, tels que le droit à la reconnaissance de notre identité, pour le simple fait d’être des personnes. Il est temps que le gouvernement accepte cette simple vérité : nous sommes dominicains et nous avons des droits », conclut le rapport du Mouvement Reconoci.DO.