Jacques Kolo,
Port-au-Prince, 18 février 2021 –(RHInews)- Les Nations-Unies ont admis l’incapacité de l’administration de facto de Jovenel Moïse à lutter contre les enlèvements contre rançon et la montée de la criminalité.
Cette situation, selon elles, a suscité l’inquiétude de la population et alimenté les manifestations anti-gouvernementales.
“L’insécurité s’est aggravée notamment sous l’effet d’une vague d’enlèvements et de plusieurs meurtres impitoyables. Une situation qui a exacerbé l’indignation de la population”, ont écrit les Nations-Unies, soulignant que le budget de la police nationale a considérablement augmenté en septembre 2020 pour “permettre le renforcement de sa capacité de lutte contre la criminalité”.
Le Bureau Intégré des Nations-Unies en Haïti (BINUH) qui a rédigé le rapport daté du 11 février 2021 sur la situation en Haïti pour le compte du Secrétaire général Antonio Guterres, a indiqué que les activités des groupes criminels armés ont été perturbées par les “efforts de la police nationale et la Commission Nationale de Désarmement, Démantèlement et Réinsertion (CNDDR) qui s’est employée à négocier une désescalade avec les bandes armées”.
Le responsable de la CNDDR, Jean Rebel Dorcénat, se vantait publiquement sur les ondes de plusieurs stations de radio de la capitale d’avoir participé à la création dans la région métropolitaine de Port-au-Prince du G-9 de Jimmy ‘’Barbecue’’ Cherizier, un regroupement de gans armés et puissants qui terrorisent, tuent, violent et volent en toute impunité, dans le cadre d’une symbiose avec le gouvernement de facto encore en place.
Maxine Waters, la congresswoman de la Californie, a qualifié l’ex-policier du G-9 Jimmy Cherizier de chef d’escadron de la mort pour avoir participé dans plusieurs massacres sanglants dans des quartiers populaires de la capitale, notamment dans le massacre de La Saline faisant au moins soixante-onze (71) morts, le 13 novembre 2018.
Dans la rubrique, “Lutte contre la violence de proximité”, les Nations-Unies ont fait état de chiffres alarmants de victimes de l’insécurité “sciemment entretenue par les tenants des pouvoirs politique et économique”.
Soixante-dix (70) cas d’enlèvement contre rançon ont été signalés entre septembre et décembre 2020, dont treize (13) femmes et douze (12) mineurs.
Toujours selon le document, au cours des douze (12) derniers mois, les “cas d’enlèvement contre rançon se sont multipliés de façon inquiétante”. Leur nombre a augmenté de 200% par rapport à l’année 2019.
En conséquence, a poursuivi le rapport de la représentante spéciale du secrétaire général des Nations-Unies en Haïti, Helen Meagher La Lime, la police nationale a suivi une approche plus énergique en décembre 2020 et janvier 2021 face aux troubles à l’ordre public et a renforcé les mesures d’interdiction pour réduire la criminalité violente dans les zones où la présence des bandes criminelles est particulièrement forte.
Aux dires du Secrétaire général de l’ONU, la modification de l’équipe de direction de la police nationale pourrait fournir l’occasion d’améliorer la cohésion et la performance de l’institution.
II a reconnu toutefois que “l’action de la police devrait se fonder sur une approche axée sur les droits humains et la mobilisation de la population locale”.
Des organismes locaux de droits humains dont le RNDDH ont dénoncé, à maintes reprises durant ces derniers mois, de multiples violations de droits humains commis par des agents de la police à l’égard de la population civile, notamment lors de manifestations pacifiques anti-gouvernementales.
La police a toujours fait un usage excessif de la force contre des manifestations, en utilisant des balles réelles ou en caoutchouc et des grenades lacrymogènes pour les disperser.