Quand Agritrans passe de la banane au melon

Vue de la ferme agricole d’Agritrans

Par JRE,

Trou du Nord, 22 juin 2020- Il n’y a presque plus de banane dans la ferme agricole d’Agritrans, localisée à Trou du Nord, Nord-Est d’Haïti.

Ce qui reste de cette vaste plantation bananière, c’est un vaste terrain abandonné dont le décor est constitué d’herbes sauvages, de bananiers non entretenus et un rideau de bambou comme clôture.

La plantation et le système d’irrigation ont été détruits, a constaté  sur place un reporter de RHINEWS.

La dernière fois qu’Agritrans avait livré une cargaison de banane à son principal client en Europe, Port International, cela remonte au 6 juillet 2016.

La livraison d’une cargaison de banane en 2015,  lors de la campagne électorale, avait mobilisé une bonne partie de la presse nationale. L’événement avait fait l’objet d’une vaste opération de propagande, au point que l’ancien président Michel Martelly, mentor de Jovenel Moïse, avait déclaré qu’en deux (2) ans, Agritrans avait réalisé des profits de l’ordre de 150 millions de dollars américains.

Cette plantation de banane a valu à Jovenel Moïse le sobriquet de “Nèg bannann nan”, (l’homme de la banane). Toutefois, M. Moïse, ses partisans et toute la meute “Tèt Kale,” ne parlent plus de Nèg bannan nan.

À l’arrêt depuis plusieurs années, la ferme agricole Agritrans, propriété de Jovenel Moïse, initialement spécialisée dans la production de banane de type organique (bio) destinée à l’exportation vers l’Europe, semble avoir changé de vocation.

À défaut de bananes qui ne poussent plus, la ferme se rabat sur la production et la commercialisation de melons.

La ferme Agritrans qui dispose de 1000 (mille) hectares et de gros moyens financiers pour l’exploitation agricole est en situation de sous-production.

Un leader paysan originaire de Trou Nord, Milostène Castin qui a été témoin de la création de cette ferme, estime que l’octroie des terres à Agritrans était une arnaque.

Selon lui, il s’agissait d’une opération de marketing politique pour fabriquer la candidature à la présidence de Jovenel Moïse , “un illustre inconnu de la scène politique,” qui, une fois arrivé au pouvoir se dévouerait, dit-il, à servir exclusivement les intérêts d’une minorité de riches.

Il affirme que des paysans chassés de ces terres sont aujourd’hui sans terre, au chômage  ou devenus ouvriers au Parc Industriel de Caracol. “Les terres concédées à Agritras ne sont pas mises en valeur alors que les paysans n’ont plus de terre à cultiver, déplorer.”

En plus des 1000 (mille) hectares concédés par l’Etat à Agritrans pour 25 ans renouvelable, la compagnie de Jovenel Moïse avait reçu le support des ministères des Finance et celui de l’Agriculture. Elle avait obtenu aussi un près de six (6) millions de dollars américains du Finds de Développement Industriel (FDI).

Le nom d’Agritrans et de Jovenel Moïse sont figurés dans le rapport d’audit de la Cour Supérieure des Comptes et du Contentieux Administratif (CSCCA) sur la dilapidation des fonds du programme Petrocaribe publié en 2018 et 2019.