Protestation au centre de détention de Haina en République dominicaine : des voix s’élèvent pour dénoncer des conditions inhumaines

Un véhicule de la Direction Générale de la Migration transportant des migrants haïtiens vers le centre de Haina

Saint-Domingue, vendredi 18 octobre 2024 – Le collectif #HaitianosRD a exprimé sa solidarité avec la manifestation qui a eu lieu le 17 octobre 2024 au centre de détention migratoire de Haina. Les manifestants réclament un accès immédiat à la nourriture, à l’eau potable et des conditions dignes pour les personnes détenues.

Selon des rapports d’activistes des droits humains présents sur place, la zone a été lourdement militarisée avec le déploiement de contingents de police et de militaires, soutenus par des hélicoptères, des ambulances, des camions de pompiers, des véhicules blindés, ainsi que des bateaux. Ces activistes tentaient d’apporter de la nourriture et de l’eau aux détenus, dont certains sont retenus depuis plus de dix jours sans accès aux besoins essentiels.

Le centre de Haina, connu pour ses conditions de surpopulation et d’insalubrité extrêmes, est souvent comparé à un véritable camp de concentration. Les migrants, principalement haïtiens, y sont détenus dans des conditions alarmantes, sans accès à une assistance juridique adéquate ni à des vivres. Selon l’avocat Carlos Sánchez, coordinateur du comité des droits humains de la province de San Cristóbal, « la protestation a éclaté lorsque les détenus ont réclamé de la nourriture et de l’eau, des nécessités qui leur ont été refusées depuis leur détention ».

Sánchez a déclaré : « Le traitement inhumain commence dès l’arrestation. Ils entassent entre 100 et 150 personnes dans des camions prévus pour 50, et dans les centres de détention, ils enferment jusqu’à 400 personnes dans des espaces destinés à en accueillir 100 ». Il compare les conditions de ce centre à celles des camps de concentration nazis, dénonçant un traitement qu’il qualifie de « torture institutionnalisée ».

Des vidéos circulant sur les réseaux sociaux montrent les conditions déplorables à l’intérieur du centre, où les détenus dénoncent la faim, la surpopulation et expriment leur crainte de représailles après avoir brisé une porte dans un geste de désespoir. Dans une autre vidéo, publiée par Diario Libre, un détenu haïtien affirme que des personnes auraient été tuées, bien qu’il n’ait pas précisé le nombre exact, et qu’on entendait des coups de feu tirés par les autorités.

Un voile de silence entoure les événements survenus au centre de Haina, alimentant davantage l’inquiétude. Le collectif #HaitianosRD appelle à une plus grande transparence. Conformément à l’article 135 du Règlement d’application de la loi migratoire dominicaine, qui précise que la détention administrative ne doit pas être de nature punitive, les militants demandent l’ouverture immédiate du centre aux médias, aux familles, aux avocats et aux représentants des personnes détenues, afin d’obtenir des informations claires et fiables.

Le collectif appelle également à une enquête internationale indépendante pour établir le nombre de personnes détenues, blessées, et pour confirmer si des décès sont survenus dans des circonstances suspectes. Ils exhortent les organisations internationales de défense des droits humains à se rendre en République dominicaine, au centre de Haina ainsi qu’aux autres centres de détention, afin de faire la lumière sur les atrocités commises contre les migrants noirs, dans un contexte de répression exacerbée par le gouvernement dominicain. Cette politique de répression fait écho au tragique massacre de El Corte de 1937, rappelant les expulsions massives et violentes de la population haïtienne.