PORT-AU-PRINCE, mercredi 13 décembre 2023 – L’instruction du dossier sur le massacre de La Saline touche à sa fin, selon les informations obtenues par RHINEWS.
Le dossier est en cours de transfert vers le parquet en vue d’un réquisitoire définitif. Selon des sources, l’ordonnance du magistrat instructeur, Jean Wilner Morin, devrait être prête d’ici la fin de janvier 2024, malgré les blocages ayant retardé l’enquête depuis cinq (5) ans.
Le 28 septembre 2023, des témoins et victimes du massacre ont confronté l’ex-délégué départemental de l’Ouest, Pierre-Richard Duplan, formellement inculpé dans cette affaire, au cours d’une séance au cabinet d’instruction.
Au cours de cette confrontation, les victimes ont relaté les détails de la tuerie, mettant en cause l’implication présumée de M. Duplan, déjà interrogé à plusieurs reprises par le magistrat instructeur.
À l’issue de la confrontation, l’inculpé Pierre-Richard Duplan et les témoins à charge sont retournés chez eux.
Le massacre de La Saline, survenu les 13 et 14 novembre 2018 sous l’administration Moïse, a fait au moins 71 morts, plusieurs dizaines de blessés, des maisons incendiées, et des violences atroces envers des femmes.
Des gangs armés, soutenus par le régime PHTK, selon des organisations de défense des droits humains nationales et internationales, sont accusés d’avoir perpétré le carnage avec la complicité d’agents de la police et d’officiels du gouvernement.
Parmi les accusés figurent également Fednel Monchéry, ex-directeur général du ministère de l’Intérieur, et Jimmy “Barbecue” Cherizier, actuel chef de la fédération des gangs appelée “Viv Ansanm”, ex-‘‘G-9 an Fanmi e Alye’’.
Les trois hommes ont été sanctionnés par le Département du Trésor américain en décembre 2020 en vertu de la Global Magnitsky Human Rights Accountability Act.
Les sanctions, qui incluent des restrictions de visa et de transactions financières, restent en vigueur malgré les démentis des accusés. Le gouvernement américain les considère comme responsables ou complices de graves violations des droits de l’homme.
Malgré les enquêtes confirmant les faits, aucun procès n’a encore eu lieu, et les auteurs du massacre de La Saline restent impunis. Des mandats d’amener ont récemment été émis contre Monchéry et Cherizier, mais ces derniers ont ignoré les convocations du magistrat instructeur.
La situation sécuritaire demeure préoccupante, avec des chefs de gangs impliqués dans d’autres massacres, et la société civile haïtienne continue d’exiger que justice soit rendue pour les victimes de La Saline.